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16 janvier 2018 2 16 /01 /janvier /2018 23:59

Le journal télévise de 20h a consacré son premier sujet pendant plus de cinq minutes à l’ouverture à Vancouver d’une conférence co-organisée par les Etats-Unis et le Canada avec un certain nombre de pays représentés, mais pas la République Populaire de Chine ni la Fédération de Russie. La journaliste a questionné Benoît Quennedey, invité comme expert sur la question coréenne, sur le sens à donner à cette conférence. Celui-ci a replacé cette initiative dans le cadre actuel où les Etats-Unis continuent à vouloir accentuer les sanctions et à tenter d’obtenir un changement de régime à Pyongyang et où ils veulent montrer aux Chinois et aux Russes que leurs intérêts ne sont pas les mêmes.

Ensuite une autre question a porté sur la compréhension de la politique de Donald Trump concernant la péninsule coréenne. Le président de l’AAFC a rappelé la déclaration de Donald Trump en janvier 2017 où il affirmait que jamais les USA ne laisseraient la RPDC disposer de missiles intercontinentaux équipés de têtes nucléaires pouvant menacer le sol américain…en ajoutant que c’était désormais un fait. Il a également dit que Trump soufflait le chaud et le froid et qu’un de ses buts est de ne pas perdre la face et de faire en sorte que les Etats-Unis renforcent leur présence dans la zone Asie-Pacifique.

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15 janvier 2018 1 15 /01 /janvier /2018 22:35

Le philosophe Jean Salem, professeur à l'Université de la Sorbonne, a disparu dans la nuit du 13 au 14 janvier 2018, à l'âge de 65 ans. Spécialiste de Démocrite et d'Epicure, il était également un intellectuel engagé, et la Corée avait fait partie des causes qui lui avaient tout particulièrement tenu à coeur et pour lesquelles il avait continué de s'investir jusqu'à la fin. Adhérent à l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC), il était devenu le président du Comité international pour les libertés démocratiques en Corée du Sud, fondé en 2015 après l'interdiction du Parti progressiste unifié, afin de lutter contre la dérive autoritaire qui a frappé la République de Corée sous la décennie conservatrice des présidents Lee Myung-bak et Park Geun-hye (2008-2017), et qui travaille aujourd'hui, entre autres, à la libération des prisonniers politiques et syndicaux, la levée des mécanismes répressifs et la défense des droits des minorités. Homme modeste et généreux, altruiste, soutenant d'autant plus pleinement les causes justes qu'elles se heurtent trop souvent à l'indifférence (comme la question des droits de l'homme au Sud de la Corée), Jean Salem confessait son admiration pour les courageux militants sud-coréens pour la démocratie qui se sont engagés dans un combat digne de David contre Goliath - accablés par la complicité des capitales occidentales envers un pouvoir sud-coréen qui a emprisonné (et emprisonne toujours) plus de six cents objecteurs de conscience et des dizaines de militants politiques et syndicaux (en n'apportant pas non plus les soins médicaux nécessaires à ceux qui en avaient besoin), sur la base de procès truqués. L'AAFC rend hommage à un grand homme, dont elle souhaite retracer l'engagement pour la cause coréenne, et présente ses condoléances à sa famille, ses amis et ses proches.

Source : L'Humanité (https://www.humanite.fr/disparition-sagesse-et-resistance-les-atomes-crochus-de-jean-salem-648699)

Source : L'Humanité (https://www.humanite.fr/disparition-sagesse-et-resistance-les-atomes-crochus-de-jean-salem-648699)

La première rencontre de l'AAFC avec Jean Salem avait eu lieu à l'occasion d'une mobilisation pour que justice soit rendue aux "femmes de réconfort", cet euphémisme désignant les anciennes esclaves sexuelles, coréennes et originaires d'autres pays d'Asie, d'Europe et d'Océanie, exploitées dans les bordels militaires de l'armée impériale japonaise avant et pendant la Seconde guerre mondiale. A cette occasion, nous lui avions appris que son père Henri Alleg (lui aussi militant communiste, anticolonialiste et anti-impérialiste) s'était engagé pendant des décennies à l'AAFC, pour la paix et la réunification de la Corée. D'une grande modestie, Henri Alleg ne s'en était jamais vanté. Jean Salem devait à son tour rejoindre l'AAFC et poursuivre son engagement à nos côtés jusqu'à sa récente disparition, sans jamais briguer la moindre responsabilité aux niveaux national et local : la recherche des honneurs lui était définitivement étrangère.

Il avait été de tous les combats du peuple sud-coréen en lutte pour les libertés politiques et syndicales (étant notamment présent aux manifestations du 1er mai 2015 à Séoul), permettant que s'expriment à l'Université de la Sorbonne, notamment dans le cadre du séminaire  « Marx au XXIe siècle : l’esprit et la lettre » qu'il avait créé et animé, non seulement d'anciennes "femmes de réconfort" coréennes, mais aussi les militants politiques en butte à la répression et les familles des victimes du dramatique naufrage du ferry "Sewol", où ont péri plus de 300 Coréens, principalement des lycéens en voyage scolaire, du fait de la déréglementation libérale, de la corruption des propriétaires du navire et de  l'incurie des autorités gouvernementales.

Jean Salem avait aussi donné la parole à Robert Charvin, vice-président de l'AAFC, dans le cadre du séminaire  « Marx au XXIe siècle », pour démonter les mécanismes de diabolisation de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et de la Russie. Il avait aussi préfacé la réédition, parue en 2017 chez Delga, de l'ouvrage "Comment peut-on être Coréen (du Nord) ?".

Plus récemment, lors du colloque international pour la paix et la réunification en Corée organisé à Paris par l'AAFC les 23 et 24 juin 2017, Jean Salem nous avait permis que les interventions du premier jour, à caractère universitaire, se tiennent dans le cadre prestigieux de la Sorbonne. Malgré la maladie, il avait tenu à ouvrir le colloque, témoignant alors de sa connaissance réelle des réalités de la péninsule coréenne, et de sa solidarité pleine et sincère avec les militants sud-coréens.

Jean Salem était un homme intègre, un intellectuel combattant, un ami indéfectible. Il nous manquera.

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14 janvier 2018 7 14 /01 /janvier /2018 11:43

Un des objectifs fondamentaux de l'AAFC est de mieux faire connaître la culture et la civilisation de l'ensemble de la Corée. Dans ce cadre, le 13 janvier 2018, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a organisé le premier des vingt-trois cours d'initiation à la langue et à la civilisation coréennes qui auront lieu tout au long de l'année 2018, dans les locaux de l'imprimerie BSR/Acta Repro au 7 rue Bezout (Paris 14e), le samedi après-midi de 15h à 17h45, une fois tous les quinze jours (avec une interruption pendant l'été, cf. programme ci-dessous).

Le cours d'introduction à la langue coréenne de 1h30, dispensé de 15h à 16h30 par un Coréen linguiste de formation, traducteur et interprète, sera suivi d'un cours de civilisation de 16h45 à 17h45. L'objectif pédagogique est d'apporter une connaissance de base sur la langue et la civilisation coréennes, permettant notamment de lire, d'écrire et de mener une conversation élémentaire, parallèlement ou en vue d'éventuels approfondissements. Les cours d'initiation à la langue et à la civilisation coréennes proposés par l'AAFC visent ainsi à combler une lacune dans l'enseignement de la langue et de la civilisation coréennes en France en n'ayant, à notre connaissance, aucun équivalent dans notre pays - des cursus complets d'études coréennes étant par ailleurs proposés dans plusieurs universités françaises.

Compte tenu du nombre de places disponibles, et de la volonté de travailler par petits groupes, les cours sont réservés aux seuls adhérents de l'AAFC et aux abonnés à son bulletin trimestriel. Les personnes intéressées par tout ou partie des cours peuvent adhérer à l'AAFC ou nous contacter. Nous sommes également à leur disposition pour les mettre en contact avec des professeurs de coréen, si elles souhaitent suivre des cours individuels. 

Les cours de l'AAFC d'initiation à la langue et à la civilisation coréennes ont débuté

Initiation à la langue et à la civilisation coréenne

Programme 2018

 

Le samedi, tous les quinze jours (interruption pendant la pause estivale), de 15h à 17h45 (15h-16h30 : cours de langue ; 16h30-16h45 : pause ; 16h45-17h45 : cours de civilisation).
Imprimerie BSR/Acta Repro 7 rue Bezout 75014 Paris (métro Alésia, sinon RER B Denfert-Rochereau)

 

Leçon 1 : samedi 13 janvier

Programme, calendrier et horaires, inscription. Objectifs et supports pédagogiques.

Présentation de la langue coréenne.

 

Leçon 2 : samedi 27 janvier

Langue : L’alphabet hangeul/chosongeul-1 (lettres, composition d’une syllabe)

Civilisation : Géographie physique et climat. Faune et flore.

 

Leçon 3 : samedi 10 février

Langue : L’alphabet hangeul/chosongeul-2 (espaces, ponctuation, écriture de gauche à droite et de haut en bas, exercices)

Civilisation : Géographie politique (y compris organisation administrative) et géographie humaine : les Coréens de la péninsule et d’outre-mer.


Leçon 4 : samedi 24 février

Langue : Prononciation des consonnes et des voyelles (avec transcription officielle et méthode McCune-Reischauer, ainsi que caractères API)

Civilisation : Mythes des origines et histoire de la Corée : I. Histoire jusqu’en 1392.

 

Leçon 5 : samedi 10 mars

Langue : Parlers coréens (dialectes, différences entre le nord et le sud et en Chine etc.)

Civilisation : Histoire de la Corée : II. De 1392 à 1945.

 

Leçon 6 : samedi 24 mars

Langue : Parties du discours (pronoms personnels, verbes, adjectifs, particules, etc.)

Civilisation : Histoire de la Corée : III. Depuis 1945.

 

Leçon 7 : samedi 7 avril

Langue : Présentation d’une phrase (typologie SOV, éléments d’une phrase, sujet, objet, prédicat)

Civilisation : Les institutions et le système politique (y compris les symboles nationaux)

 

Leçon 8 : samedi 21 avril

Langue : Composition d’une phrase (S+V, S+O+V, S+CO+V, S+COI+COD+V)

Civilisation : Economie nationale et internationale de la Corée.

 

Leçon 9 : samedi 5 mai

Langue : Politesse (interlocuteur en position plus haute ou plus basse)
Civilisation : La société : I. Valeurs culturelles et croyances (y compris le confucianisme, les religions, les idées du Juche)

 

Leçon 10 : samedi 19 mai

Langue : Début de difficulté-1 (morphologie : suffixe, variation du verbe, et de l’adjectif, affixation)

Civilisation : La société : II. Les noms coréens. Les fêtes nationales.

 

Leçon 11 : samedi 2 juin

Langue : Début de difficulté-2 (différence entre le coréen parlé et le coréen écrit)

Civilisation : La société : III. Le logement. Etre invité chez les Coréens.

 

Leçon 12 : samedi 16 juin

Langue : Début de difficulté-3 (omission des éléments)

Civilisation : La société : IV. L’éducation et les valeurs culturelles.

 

Leçon 13 : samedi 30 juin

Langue : Saisiot (la consonne siot ㅅ intercalaire et son emploi)
Civilisation : La société : V. La cuisine.

 

Pause estivale

 

Leçon 14 : samedi 18 août

Langue : Les multi-modificatifs et leur emploi

Civilisation : La santé.

 

Leçon 15 : samedi 1er septembre

Langue : Variété des styles de politesse du coréen

Civilisation : Jeux, sports et loisirs.

 

Leçon 16 : samedi 15 septembre

Langue : Début de vocabulaire (coréen propre)

Civilisation : La culture traditionnelle.

 

Leçon 17 : samedi 29 septembre
Langue : Début de vocabulaire-1 (sino-coréen)
Civilisation : La littérature et les arts contemporains.

 

Leçon 18 : samedi 13 octobre
Langue : Début de vocabulaire-2 (coréen d’origine étrangère)
Civilisation : Le cinéma.

 

Leçon 19 : samedi 27 octobre
Langue : Continuation de vocabulaire-1 (différence entre le nord et le sud)
Civilisation : Les médias et les nouvelles technologies.

 

Leçon 20 : samedi 10 novembre
Langue : Continuation de vocabulaire-2 (affixe, suffixe, préfixe)
Civilisation : Faire des affaires : valeurs, conventions, codes vestimentaires, présentations.

 

Leçon 21 : samedi 24 novembre
Langue : Révision-1 (dictée)
Civilisation : Faire des affaires : préparatifs, négociations, cadeaux.

 

Leçon 22 : samedi 8 décembre
Langue : Révision-2 (composition de phrase)
Civilisation : Voyager en Corée.

 

Leçon 23 : samedi 22 décembre
Langue : Révision-3 (simulation avec dialogue)
Civilisation : La préfecture coréenne de Yanbian en Chine.

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13 janvier 2018 6 13 /01 /janvier /2018 23:07

La Corée du Nord en 100 questions de Juliette Morillot et Dorian Malovic, qui vient de sortir en poche aux éditions Tallandier, détonne dans la littérature française consacrée à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) : en effet, l'ouvrage, facilement accessible au non-spécialiste, offre un aperçu d'ensemble documenté et exhaustif, sans tomber dans les témoignages douteux, les partis pris ou les caricatures auxquels n'échappent pas la plupart des auteurs francophones, y compris parmi certains qui ont un titre de chercheur. L'un des co-auteurs, Dorian Malovic, chef du service Asie au quotidien La Croix, était l'invité au Foyer rural de Tousson (Seine-et-Marne) ce 12 janvier 2018, pour une rencontre avec les lecteurs, dont l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) était également à l'initiative - et qui fait suite à de multiples manifestations sur la Corée (du Nord comme du Sud) organisées à Tousson par le Foyer rural.

Pierre Beltante, animateur du foyer rural de Tousson, présente la soirée avec Dorian Malovic

Pierre Beltante, animateur du foyer rural de Tousson, présente la soirée avec Dorian Malovic

Comment parler de la Corée du Nord, sans tomber dans le travers d'un des récits nationaux (ou  des propagandes, ce mot ne devant pas être perçu de manière connotée) sur le pays - que ce récit soit nord-coréen, sud-coréen, américain, japonais, russe ou chinois ? En Occident, ce sont les propagandes américaine, japonaise et sud-coréenne sur la Corée du Nord qui dominent, avec l'idée fallacieuse que, parce qu'elles émaneraient de démocraties libérales comme la France, elles seraient plus exactes. 

Spécialiste de la Chine depuis plus de 30 ans, où son refus de dénigrer systématiquement la Chine le faisait déjà taxé de parti pris pro-Pékin, Dorian Malovic s'est longtemps intéressé à la Corée du Nord, avant toutefois de ne s'y rendre pour la première fois qu'en octobre 2017 : c'est à partir de cette visite de 11 jours à l'automne dernier qu'il a commencé à présenter le pays, pour démonter les idées reçues. N'étant pas un militant, il considère qu'exercer son métier de journaliste consiste à prendre en compte les différents récits pour les confronter à la réalité et faire partager cette réalité au public. Ce sérieux et cette honnêteté déontologique expliquent pourquoi, selon nous, Dorian Malovic, approchera toujours mieux la réalité nord-coréenne qu'un énième documentaire recyclant les vieux clichés éculés sur la RPD de Corée. 

Alors, oui, la Corée du Nord est un pays dont le niveau de vie de la population s'élève après la famine des années 1990, où les réformes économiques ont créé une nouvelle classe moyenne, et qui s'est doté de l'arme nucléaire à des fins de dissuasion comme l'a fait, par exemple, la France du général de Gaulle. Il serait temps d'accepter ces réalités, niées également par le ministère des Affaires étrangères français qui feint de s'indigner qu'aucun régime de sanctions au monde n'est inviolable.

Si le visiteur en Corée du Nord voit ce qu'on lui montre (comme dans tout pays, les autorités sont plus enclines à vous faire voire ce qui donne une bonne image du pays...), il est possible pour un journaliste de s'y rendre sans devoir jouer les faux touristes embarqués, et sortir ainsi des jugements de valeur pour apprécier une culture plus éloignée de la nôtre que ne l'est assurément celle du Luxembourg. Cette approche n'est pas spécifique à la Corée du Nord : elle est propre à toute culture extra-européenne.

Avant de répondre aux nombreuses questions de son auditoire - qui ont porté sur le rôle de la Chine, les richesses minérales ou encore les camps de rééducation - Dorian Malovic a dédicacé des exemplaires de La Corée en 100 questions, dont des exemplaires sont toujours disponibles à la librairie de la Halle dans la commune voisine de Milly-la-Forêt, à l'issue d'une soirée riche en débats.

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7 janvier 2018 7 07 /01 /janvier /2018 23:37

Quand la presse française veut parler de relations internationales aux enfants, le résultat est parfois loin d'être heureux. Ainsi, dans son numéro de janvier 2018, le magazine Youpi (édité par le groupe de presse Bayard), destiné aux 5-8 ans, a doctement expliqué que l'État d'Israël et la Corée du Nord ne sont pas de vrais pays (voir ci-contre). L'affirmation – pour le moins péremptoire – au sujet d'Israël a valu au magazine Youpi d'être retiré de la vente. L'Association d'amitié franco-coréenne se devait aussi de réagir concernant la Corée. Une lettre a donc été envoyée dès le 26 décembre 2017 à Pascal Ruffenach, président du directoire du groupe de presse Bayard. Voici le texte de ce courrier.

Monsieur le Président,
Créée en 1969 pour encourager les relations entre la France et l'ensemble de la péninsule coréenne (Nord comme Sud), l'Association d'amitié franco-coréenne vous fait part de ses interrogations quant au numéro 352 du magazine Youpi (janvier 2018), depuis retiré des ventes, après la réaction du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF). On pouvait lire dans ce numéro : « On appelle ces 197 pays des États, comme la France, l'Allemagne ou l'Algérie. Il en existe quelques-uns de plus, mais tous les autres pays du monde ne sont pas d'accord pour dire que ce sont de vrais pays (par exemple l'État d'Israël ou la Corée du Nord). »
Nous ne reviendrons pas sur la question d'Israël, qui est extérieure à l'objet de notre association. Pour notre part, nous sommes extrêmement surpris que le magazine Youpi, qui se veut éducatif, puisse enseigner à ses jeunes lecteurs des faits aussi lourdement erronés que l'idée selon laquelle la Corée du Nord (de son nom officiel la République populaire démocratique de Corée) ne serait pas un « vrai pays » selon d'autres « pays » (sans doute l'auteur de l'article a-t-il voulu dire « gouvernements ») du monde.
Ces gouvernements, qui nieraient l'existence d'un État nommé la République populaire démocratique de Corée, n'existent plus depuis que la Corée du Nord, conjointement d'ailleurs avec la République de Corée (Corée du Sud), a rejoint l'organisation des Nations unies il y a plus d'un quart de siècle. Non seulement plus des quatre cinquièmes des États de la planète ont établi des relations diplomatiques complètes avec la Corée du Nord, mais même le petit nombre de ceux qui ne l'ont pas fait, comme les États-Unis, le Japon ou la France (seul État de l'Union européenne, avec l'Estonie, dans ce cas), non seulement ont des relations d'État à État avec la Corée du Nord (par exemple, dans le cadre de la représentation diplomatique nord-coréenne en France et de la représentation diplomatique française en Corée du Nord, ou encore d'accords bilatéraux, comme entre les États-Unis et la RPD de Corée sur le statut des diplomates nord-coréens des organisations des Nations unies résidant aux États-Unis), mais encore chaque État membre des Nations unies reconnaît en droit les autres États membres de l'organisation internationale.
La difficulté dans laquelle s'est enfermé Youpi a consisté à confondre État et pays : un État a un gouvernement, qui exerce son autorité sur une population dans un territoire donné. Les cas d'États non reconnus par la plupart des autres États existent, mais ne concernent pas aujourd'hui la Corée du Nord : il s'agit par exemple de la République turque de Chypre Nord, reconnue seulement par la Turquie. Par ailleurs, il y a le cas d'États reconnus par une partie seulement de la communauté internationale, comme la République de Chine à Taïwan et la République arabe sahraouie démocratique. Pourtant, même dans cette hypothèse, Youpi aurait pu s'appuyer sur les textes des Nations unies, lesquels définissent, par exemple, les territoires (ou pays) à décoloniser, et aurait alors pu apprendre que les territoires français d'outre-mer sont considérés comme des pays colonisés... La vraie difficulté de compter le nombre d'États dans le monde réside ici, pas dans la reconnaissance diplomatique de certains États par une partie seulement de la communauté internationale.
Enfin, un pays peut être divisé et avoir plusieurs gouvernements sur son territoire : c'est le cas, malheureusement, de la Corée, et œuvrer à la réunification de la Corée et à la paix dans cette partie du monde est un des objectifs de l'Association d'amitié franco-coréenne. Personne ne niait, avant même l'entrée des deux Corée aux Nations unies, qu'il existe un pays nommé Corée dont les habitants sont les Coréens, sauf l'Empire du Japon, qui a colonisé la Corée entre 1910 et 1945, interdit l'usage de la langue coréenne (les Coréens étant alors assimilés aux Japonais), réduit en esclavage sexuel pour son armée des centaines de milliers de femmes et d'adolescentes coréennes. Nous n'osons croire que Youpi a ainsi eu conscience de se placer dans l'héritage idéologique de l'extrême-droite japonaise... En tout cas, l'article de Youpi, s'adressant à un public d'enfants français et francophones, n'a pu que conforter les forces négationnistes, toujours très actives dans l'archipel nippon, au plus haut niveau de l'État. Des esprits malveillants pourraient donc aisément parler de négationnisme historique à propos de cet article.
Dans l'attente d'avoir le plaisir de lire le rectificatif que le groupe Bayard voudra bien publier concernant la grossière erreur commise dans Youpi au sujet de la Corée du Nord, nous vous prions de croire, Monsieur le Président, en l'expression de nos salutations les meilleures.
le président de l'Association d'amitié franco-coréenne, Benoît Quennedey

L'Association d'amitié franco-coréenne ne manquera pas de faire connaître la réponse du groupe Bayard.

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23 décembre 2017 6 23 /12 /décembre /2017 23:16

"Nous voulons la paix en Corée !" c'est ce qu'ont exigé les bouddhistes coréens lors d'une manifestation pour la paix qu'ils ont organisée le samedi 23 décembre 2017, à Paris, au Mur de la Paix - à l'occasion d'une journée internationale de mobilisations de par le monde initiées par la Fondation pour la paix (The Peace Foundation). Le Mouvement de la Paix et l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) ont participé à la manifestation parisienne, dont ils soutiennent pleinement les objectifs pour le retour au dialogue dans la péninsule coréenne, la levée des sanctions, le double moratoire (des manoeuvres militaires américano-sud-coréennes et des essais balistiques et nucléaires par la Corée du Nord), afin de déclencher une dynamique qui permette la conclusion d'un traité de paix. 

Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris

Le défi était de taille : rassembler des citoyens originaires de quatre pays (Allemagne, Corée, France, Vietnam) l'avant-veille de Noël, pour exprimer - en quatre langues (allemand, anglais, coréen, français) - l'aspiration universelle à la paix, alors que la montée des tensions autour de la péninsule coréenne pourrait enclencher un conflit aux conséquences catastrophiques. Mais les bouddhistes coréens de Paris ont gagné leur pari, en réussissant leur seconde manifestation pour la paix en France en l'espace de quelques semaines. 

Le lien a été fait avec les manifestations qui ont vu, il y a d'un an, des millions de Coréens manifester, partout dans le monde, afin de renverser le régime autoritaire et corrompu de la Présidente Park Geun-hye, désormais déchue et emprisonnée. 

Les organisateurs, membres de l'église bouddhiste Jungto de Paris, ont appelé toutes celles et tous ceux qui aspirent à la paix à les rejoindre, à la veille de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver à Pyeongchang qui doivent symboliser la volonté de paix et de dialogue : 

La paix ne se fera pas seule. La paix doit être créée de notre propre volonté. La paix doit commencer par soi-même. Tous vos souhaits et vos efforts sincères ouvriront la voie à la réalisation de la paix dans la péninsule coréenne et dans le monde. Rejoignez-nous pour la paix. Avec vos prières, vos actions, vos contributions ou une campagne sur les réseaux sociaux. Quelle que soit la façon que vous ressentez le mieux, rejoignez-nous pour la paix dans la péninsule coréenne.

Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris

Au nom du Mouvement de la Paix, Gérard Halie a rappelé que la péninsule coréenne avait été divisée contre son gré, par le jeu des grandes puissances, après la fin de la Seconde guerre mondiale, et avait été ravagée par la guerre de Corée (1950-1953) qui avait causé des millions de morts. 

Benoît Quennedey, Président de l'Association d'amitié franco-coréenne, a dénoncé l'indifférence des gouvernements occidentaux et de l'opinion publique internationale face au renforcement continu des sanctions initiées par les Etats-Unis qui frappent d'abord, sinon exclusivement, les 26 millions de femmes, d'hommes et d'enfants de la Corée du Nord.

Le rassemblement a été ponctué de chants et de danses, se terminant par un parcours tout autour du Champ de Mars. Le combat pour la paix doit se poursuivre, jusqu'à la victoire !

Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris
Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris
Les bouddhistes coréens ont manifesté pour la paix à Paris

Photos AAFC. 

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16 décembre 2017 6 16 /12 /décembre /2017 21:50

Le 15 décembre 2017, le comité national de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) s'est réuni à Paris. Dressant le bilan d'une année 2017 marquée par une grave montée des tensions dans la péninsule coréenne, les participants ont décidé de s'adresser à toutes les organisations politiques et sociales en France se revendiquant du pacifisme pour leur proposer une coordination des actions pour la paix en Corée, impliquant la suspension des manoeuvres militaires et la réduction des sanctions à l'encontre de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) qui mettent en danger la vie même des populations, sans rapport avec l'objectif prétendu d'empêcher la RPD de Corée de poursuivre son programme de dissuasion nucléaire. 

 

 

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M. Jong Chang-gwon, conseiller à la délégation générale de Corée

M. Jong Chang-gwon, conseiller à la délégation générale de Corée

Alors que l'AAFC a relancé la coopération et la solidarité internationales pour la paix et la réunification en Corée, à l'occasion notamment de la conférence internationale qu'elle a organisée à Paris les 23 et 24 juin 2017, tout en renforçant de 16 % les effectifs de ses adhérents au cours de l'année écoulée, la situation de profonde crise diplomatique et militaire dans la péninsule coréenne implique de redoubler d'efforts pour convaincre le plus largement les dirigeants et l'opinion publique internationale de la nécessité de retrouver la voie du dialogue pour sortir de l'escalade des tensions et des sanctions.

A cette fin, le comité national de l'AAFC a décidé de favoriser la visite au Nord de la Corée de journalistes qui couvriront d'autres aspects de la vie sociale et économique du pays que ceux habituellement traités par les médias. Pour également mieux faire connaître les spécificités propres à la péninsule coréenne, il a également été créé un comité de l'AAFC d'étude des sciences politiques et sociales de la Corée, qui favorisera les échanges avec les universitaires spécialistes de Corée sur la base des échanges et des coopérations déjà mises en place par l'AAFC dans ce domaine. Le bureau de ce nouveau comité thématique de l'AAFC a été constitué.

A l'issue de leurs travaux, qui coïncidaient avec le 6e anniversaire de la disparition du Dirigeant Kim Jong Il (le 17 décembre 2011) et le 100e anniversaire de la naissance de la camarade Kim Jong-suk (le 24 décembre 1917), mère de Kim Jong-il (cf. ci-après les extraits d'un hommage que lui a rendu ce dernier le 24 février 2009, traduisant notamment les valeurs de piété filiale propres à la culture coréenne), les participants ont été rejoints par M. Jong Chang-gwon, conseiller à la délégation générale de la RPD de Corée en France.

Benoît Quennedey, président de l'AAFC, a rendu hommage au combat mené par les Nord-Coréens dans l'édification d'un pays puissant et prospère malgré des sanctions internationales sans précédent, saluant la mémoire du Dirigeant Kim Jong-il qui avait accueilli, à Pyongyang, les présidents sud-coréens Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun, en juin 2000 et octobre 2007. Ces deux sommets ont marqué des étapes fondatrices sur la voie de la réconciliation et de la réunification de la Corée. Puis Jong Chang-gwon, rappelant les visites en RPD de Corée de nombre des participants du comité national de l'AAFC, a observé que le bonheur était une idée neuve en Corée, les succès rencontrés dans la constitution d'une force de dissuasion nucléaire assurant désormais au peuple coréen la capacité de faire face aux menaces de destruction de l'impérialisme américain. 

Le 16 décembre 2017, S.E. M. Kim Yong-il, délégué général de la RPD de Corée auprès de la République française et ambassadeur auprès de l'UNESCO, a reçu une délégation du comité national de l'AAFC, composé notamment de Guy Dupré, son président d'honneur, dans les locaux de la délégation générale à Paris.

 

Kim Jong-il : "la mère Kim Jong-suk, héroïne de la résistance antijaponaise,
sera toujours vivante dans le coeur de notre peuple"
(extrait d'un entretien avec les cadres de la ville de Hoeryong, le 24 février 2009)

 

Sa maison natale à Hoeryong, bâtiment d'intérêt historique, réveille en moi de profonds souvenirs de ma mère.

Elle est née et a passé son enfance dans une famille pauvre. Les siens croupissaient dans une misère telle qu'ils vivaient dans une chambre en location. On aurait du mal à croire qu'une éminente révolutionnaire ait pu naître dans un logement si déplorable.

La famille de ma mère, patriotique et révolutionnaire, a, pendant le martyre de la nation, lutté contre les agresseurs japonais pour le pays et pour le peuple. Ce milieu familial lui a inspiré dès l'enfance une haine profonde des Japonais, ennemis responsables de tant de malheur et de souffrances de notre peuple. C'est ce qui l'a incitée à s'engager résolument dans la voie de la Lutte révolutionnaire antijaponaise dirigée par le grand Président Kim Il Sung, se taillant la réputation de générale partisane.

La stèle indicatrice des hauts faits révolutionnaires de ma mère relate qu'elle est née le 24 décembre 1917 dans cette maison et qu'elle a dû ressentir la désolation d'une nation asservie et mener une existence de tribulations, ce qui a cultivé sa volonté patriotique.

Le siens vivaient dans un taudis au bord de la rivière Phalul, avant de déménager, deux ans avant sa naissance, dans ce logis auquel ils ont ajouté une nouvelle pièce. Ils vivaient en bons termes avec les gens du village. Ma mère avait quatre ans quand elle s'est exilée dans la région de Beijiandao. La famille s'était vu contrainte à traverser le fleuve Tuman, car le père, militant du mouvement indépendantiste, était en butte à la persécution sévère de la police japonaise. La famille s'était même vue privée de la petite parcelle de terre qu'elle avait louée. 

Les arbres plantés au bord de la cour sont des sapins, je crois.

Vous me priez de poser seul devant la maison de ma mère pour donner une photo. D'accord.

Cette maison, marquée des traces des pas austères de ma mère, est un bâtiment historique. Je prie les autorités de la ville de Hoeryong de la conserver et l'entretenir avec soin, et de mener à bien la formation du public lors de sa visite (...).

Le musée des Hauts faits révolutionnaires de Kim Jong Suk a été inauguré le 25 août 1982, à l'occasion du 65e anniversaire de ma mère (...).

Source : Naenara

 

 

 

Kim Jong-il avec ses parents, Kim Il-sung et Kim Jong-suk

Kim Jong-il avec ses parents, Kim Il-sung et Kim Jong-suk

La maison natale de Kim Jong-suk, à Hoeryong

La maison natale de Kim Jong-suk, à Hoeryong

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12 décembre 2017 2 12 /12 /décembre /2017 22:26

A l'occasion de la sortie de son ouvrage La Corée du Nord, cette inconnue aux éditions Delga, Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) est intervenu à la librairie Tropiques, le 5 décembre 2017, sur le thème "L'économie de la Corée du Nord (est-elle socialiste ?)". Il avait déjà prononcé une première conférence à la librairie Tropiques, le 12 septembre 2017, sur le thème "De quoi la Corée du Nord est-elle le nom ?", autour de l'ouvrage de Robert Charvin, vice-président de l'AAFC : Comment peut-on être Coréen (du Nord) ?

Les études sur la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) s'intéressent traditionnellement peu à l'économie de ce pays. Au demeurant, ce sujet est difficile à traiter : les Nord-Coréens ne publient plus de statistiques économiques de manière régulière et ont par ailleurs tendance à occulter les "mesures économiques" (qu'ils considèrent non comme des réformes économiques, mais comme des mesures d'ajustement à un contexte économique spécifique après la disparition de l'Union soviétique et des démocraties populaires) ; quant aux Occidentaux, ils tendent à trop fortement s'appuyer sur des sources sud-coréennes en partie biaisées, ignorent largement les aspects micro-économiques et voient les mesures macro-économiques sous l'angle, selon eux, de la nécessaire restauration d'une économie capitaliste.

Il est trop souvent ignoré que la RPD de Corée a été, au moins jusque dans les années 1970, un modèle de développement économique, suscitant par exemple les commentaires élogieux d'Ellen Brun et Jacques Hersh dans leur ouvrage, basé sur le recueil de données sur place, Socialist Korea. A Case Study in the Strategy of Economic Development (Etats-Unis, 1976). Le principe a été celui de la recherche de l'autonomie (à distinguer de l'autarcie), selon les principes des idées du Juche, philosophie directrice de la RPD de Corée.

Pour apprécier où en est aujourd'hui l'économie nord-coréenne, avant d'examiner si elle est socialiste (au sens où on l'entend dans les démocraties populaires, suivant une grille de lecture marxiste : propriété collective des moyens de production, planification, gratuité de l'éducation et de la santé, coût modique du logement, des transports et de certains loisirs) et la direction qu'elle prend (évolue-t-on vers un "socialisme de marché" à la chinoise ou à la vietnamienne ?), il est utile de donner quelques repères économiques, de caractériser le secteur public (y compris sous l'impact des mesures économiques adoptées en Corée du Nord) et d'apprécier la restauration partielle d'une économie capitaliste, par le développement du secteur privé, la mise en place de zones économiques spéciales, et  l'introduction de nouveaux mécanismes de redistribution. 

Quelques repères économiques

Structure de la production
Si l'agriculture emploie environ 36 % de la population active, elle ne forme que 20 % du PIB. L'industrie (34 % de la population active, 40 % du PIB) et les services (25 % de la population active, 30 % du PIB) dominent, alors que le secteur minier est particulièrement développé (5 % de la population active, 10 % du PIB). Les ressources minières du pays ont ainsi été évaluées à 6 400 milliards de dollars, alors que le PIB (aux taux de change courants) est estimé par les Occidentaux à 40 milliards de dollars.

Principales productions
Agriculture : riz et maïs, légumes et fruits frais, pommes de terre, patates douces. Un sixième seulement de la surface du pays est cultivable. L'élevage est relativement peu développé, contrairement à la pêche.
Mines et énergie : charbon, fer, cuivre. Pétrole offshore non exploité. Deuxièmes ressources mondiales en terres rares. Troisième rang mondial pour la magnésite. 
Industrie et construction : métallurgie, textile, industrie agro-alimentaire.
Services : fort potentiel éducatif. Essor du commerce international et du tourisme depuis 2000.

Niveau de développement
Si le PIB exprimé en parité de pouvoir d'achat est généralement estimé à environ 2000 dollars par habitant, d'autres indicateurs font ressortir un niveau de production trois à quatre fois supérieurs : la production d'électricité par habitant est supérieure à celle de la Moldavie, proche de celle de Cuba et de la Tunisie.
Espérance de vie à la naissance : 70 ans (supérieur au niveau russe).
Mortalité infantile : 18 pour 1000 (moyenne mondiale : 40 pour 1000).
Taux d'alphabétisation : 100 %.


Taux de croissance économique annuels
Les taux de croissance économique ont été à deux chiffres de la fin de la guerre de Corée (1953) jusqu'au moins dans les années 1970. Après un important recul entre 1990 et 1998, l'économie se développe à nouveau depuis 1999, malgré l'embargo international, traduisant une capacité d'innovation et d'adaptation fondée sur un haut niveau d'éducation et de formation. 
L'obsolescence de l'appareil productif et des réseaux (transports, énergie) constitue un frein important au développement économique.

La prédominance d'un secteur public en mutation

Les aspects traditionnels de l'économie nord-coréenne, tels que décrits par Ellen Brun et Jacques Hersh (op. cit.), font apparaître celle-ci comme socialiste au sens marxiste du terme (suivant son acceptation dans les démocraties populaires) :
- la propriété collective des moyens de production a été généralisée, à l'exception des marchés paysans (mis en place en 1953 pour les surplus de l'économie agricole par rapport aux objectifs du plan) et des lopins individuels, de surface toutefois réduite (4 % de la superficie agricole au début des années 1970) ; l'impôt privé a été aboli il y a plus de 40 ans ; 
- les activités économiques sont orientées suivant un plan pour satisfaire les besoins de la population à court terme et à moyen terme ; le parti joue un rôle fondamental pour la définition des objectifs du plan, tandis qu'une décentralisation du processus décisionnel a été mise en place dans les provinces, les villes et les villages ; 
- la volonté de développer les forces productives, tout en élevant le niveau de conscience idéologique, a pris la forme de batailles pour la production, jusqu'à la période actuelle, et est allée de pair avec un souci d'éviter tout gaspillage des ressources (les céréales sont ainsi cultivées sur les plus petites parcelles pour atteindre l'objectif d'autosuffisance alimentaire) ;
- de nouvelles formes d'organisation économique et sociale (ou "transformations structurelles") visent à mettre en place un nouveau système de valeurs, dans le cadre de la construction du socialisme : les visites de terrain des dirigeants jouent un rôle fondamental en RPD de Corée, où le rôle des gestionnaires est combiné avec une association des représentants des différentes catégories sociales au sein du comité d'entreprise dans le processus décisionnel (suivant le système dit de Daean) ; le principe d'entraide est érigé en valeur fondamentale (tous les Nord-Coréens participent ainsi aux campagnes de repiquage du riz), tandis que les travailleurs les plus méritants et les équipes les plus performantes sont mis à l'honneur suivant un système de récompenses qui n'ont pas toutes un caractère pécuniaire ; enfin, la créativité et l'innovation sont fortement encouragées, avec un accent porté sur la mécanisation (dans le cadre du système CNC au début des années 2010, après un développement précoce de l'industrie informatique).

Ces choix économiques se sont traduits par un degré de monétarisation parmi les plus faibles au monde dans une économie industrialisée : les rémunérations sont complétées par un système public de distribution étendu, qui fournit les produits de base (dont le logement et l'alimentation), une éducation et une santé gratuites. Chacun a le droit au travail et le devoir de travailler, le principe d'entraide étant généralisé dans la communauté éducative (les élèves les plus doués doivent aider les camarades plus en difficulté, et les résultats s'apprécient à l'échelle de toute la classe) comme dans la communauté de travail.

Les mesures économiques, introduites à la suite des graves difficultés économiques des années 1990 (la "dure marche", pendant laquelle la fin du commerce de troc avec les démocraties populaires et de graves catastrophes climatiques ont entraîné une surmortalité de centaines de milliers de personnes, au bas mot), ont toutefois altéré ce modèle d'organisation économique et sociale.

Dès 1998, la Constitution est révisée afin d'autoriser les profits privés, à condition qu'ils résultent d'activités légales.

Les mesures économiques du 1er juillet 2002 ont été poursuivies depuis cette date, mais de manière non uniforme :

- le système public de distribution a été recentré sur les produits alimentaires de base, et est de fait aujourd'hui géré au niveau des administrations et des entreprises ;
- le principe a été introduit de l'autonomie de gestion des entreprises, avec la possibilité de redistribuer les bénéfices aux salariés suivant des mesures incitatives à la production ;
- la libéralisation des prix et des salaires a conduit à la mise en place de dispositifs de contrôle des prix.

Parallèlement, après l'interruption du plan couvrant la période 1987-1994, la planification a reculé, avant d'être ouvertement réintroduite dans la période récente (le dernier congrès du Parti du travail de Corée, en 2016, évoque les objectifs de la planification pour la période 2016-2020).

Un des aspects les plus marquants des réformes a été l'organisation des coopératives agricoles autour d'unités de production de plus petite taille regroupant, depuis les mesures du 28 juin 2012, de trois à quatre familles.

Enfin, les mesures économiques ont contribué à accroître le secteur privé, jusqu'alors marginal. 

Une restauration partielle du capitalisme ?

Le secteur privé domestique est marqué, outre les évolutions internes aux coopératives paysannes, par l'émergence des marchés généraux de biens et de services, apparus pendant les difficultés économiques de la "dure marche" et légalisés en juin 2003 : il s'agit d'une transformation des anciens marchés paysans, dont la spécialisation en produits agricoles a été supprimée en 2004. Seuls certains intervenants - des femmes, ayant un âge minimum - peuvent participer aux marchés généraux de biens et de services, en contrepartie d'un droit de place et suivant des règles fixées par l'Etat.

Il a résulté de l'essor de ce commerce privé un double système de taux de change (légal, et de fait sur les marchés généraux) et une prédominance des devises étrangères dans les échanges internationaux. 

Néanmoins, il n'existe toujours pas d'accumulation de capital privé pour créer des entreprises en Corée du Nord, ni a fortiori de bourse des valeurs. Les gestionnaires d'entreprise ne sont pas propriétaires des moyens de production, et peuvent être révoqués.

Le secteur privé international prend plusieurs formes :

- les entreprises à capitaux mixtes (coréens et étrangers, avec en principe une majorité du capital coréenne), depuis une modification législative introduite en 1984 ;
- les zones économiques spéciales (ZES), qui rappellent celles chinoises, et où les investisseurs étrangers bénéficient d'exemptions fiscales ; la principale ZES, à Kaesong, a cependant fermé en février 2016, dans un contexte de regain des tensions intercoréennes ;
- la création, en 2013, de 19 centres régionaux spécialisés pour accueillir les investissements étrangers.
Pour sa part, la Corée du Nord a développé des investissements à l'étranger (notamment une chaîne de restaurants) et emploie des dizaines de milliers de travailleurs étrangers, en Europe et dans le monde arabe notamment.

Le commerce international (qui a dépassé 8 milliards de dollars par an au milieu des années 2010) est aujourd'hui dominé par la Chine, qui concentre également désormais 90% des investissements étrangers en Corée du Nord (en particulier, dans les secteurs des mines et de l'industrie).

Mais cette ouverture au capital étranger (et le déploiement des facteurs travail et capital de la RPDC dans le monde) ont été remis en cause par les récentes résolutions 2371 et 2375 du conseil de sécurité des Nations unies, adoptées en août et septembre 2017, qui ont interdit la plus grande partie des échanges internationaux du pays, réduisant d'autant la part du secteur privé : le secteur public tend ainsi à redevenir largement prédominant en Corée du Nord. 

Concernant la redistribution, les mesures économiques ont introduit des disparités importantes de revenus : de fait, l'éducation et la santé ne sont plus totalement gratuites, les cours privés ayant fait leur apparition et de nombreux patients devant fournir les médicaments en cas d'hospitalisation. Le système de protection sociale reste cependant complet, atténuant les inégalités entre classes sociales et entre régions.

Au final, les mesures économiques marquent-elles un repli tactique (comme l'avait été la NEP en Union Soviétique) ou correspondent-elles à une restauration partielle du capitalisme ? Si les Nord-Coréens ne font plus officiellement référence au marxisme-léninisme, leur économie reste cependant la plus socialisée parmi les Etats se réclamant toujours du socialisme, et la réfutation même de la notion de "réformes" économiques tend à faire des mesures économiques des adaptations jugées temporaires et transitoires, pour garantir la poursuite de la construction d'une économie socialiste puissante et disposer de capitaux étrangers nécessaires à la modernisation de l'outil productif, dans un contexte marqué par un renforcement sans précédent des sanctions internationales.

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11 décembre 2017 1 11 /12 /décembre /2017 23:34

Le 3 décembre 2017, l'émission "Sept à huit" de TF1 a consacré un reportage au Président Kim Jong-un de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Un reportage qui ne mérite pas qu'on s'y attarde quant à son contenu - car l'on n'y apprend rien de nouveau sur la RPD de Corée ni sur son dirigeant. En revanche, nous avons été intéressés par le fait que les auteurs du reportage ont interrogé plusieurs responsables de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) dont les entretiens ont tous intégralement disparu lors du montage de l'émission. Parmi eux, Robert Charvin, vice-président de l'AAFC, auteur de "Comment peut-on être Coréen (du Nord) ?", réédité en 2017 aux éditions Delga, qui nous livre ci-après son ressenti, dans un article intitulé TF1 : "Comment peut-on être Coréen (du Nord) ?"

TF1 : « Comment peut-on être Coréen (du Nord) ? »

« L'aventure » que représente la participation à un reportage de TF1 sur la RPDC mérite d'être contée à ceux qui n'assimilent pas la Corée du Nord au diable et qui se veulent partisans de solutions équitables et pacifiques à la crise des relations RPDC – États-Unis.

Le journaliste de TF1 qui m'a sollicité sur la question a consacré avec son caméraman près d'une heure, le 22 septembre 2017, à m'interviewer à la Faculté de Droit, Place du Panthéon, pour finalement ne rien utiliser dans l'émission diffusée à 19h10 le dimanche 3 décembre 2017.

Il n'est sans doute pas responsable de cette « omission » qui concerne à coup sûr d'autres interviewés. Ce journaliste, très ouvert et sympathique, avait manifesté d'autant plus d'intérêt à mes paroles que visiblement il découvrait la question coréenne pour la première fois dans son activité professionnelle.

Source d'étonnement pour moi, il ne s'intéressait qu'à Kim Jong-un de manière quasi anecdotique. Rien sur ses prédécesseurs, rien sur la guerre de 1950-1953, ni la dévastation du pays par les bombardements américains, rien sur l'absence de traité de paix avec les États-Unis, rien sur l'embargo international subi depuis plus de soixante-dix ans avec toutes ses conséquences sur les problèmes à résoudre pour Pyong Yang, rien sur la passivité des Nations unies directement impliquées avec les États-Unis, rien sur la non-reconnaissance diplomatique par la France.

Kim Jong-un est une sorte de génération spontanée dont la politique n'a aucune relation avec le passé immédiat et lointain ! Il ne s'agissait pas de comprendre le pourquoi de la volonté de la RPDC de maîtriser une force de dissuasion nucléaire, réponse à l'agressivité américaine et à la présence permanente des forces armées US en Corée du Sud et dans toute la région, sans parler des manœuvres militaires régulières aux frontières coréennes. Les racines des problèmes n'intéressent pas TF1 : il faut de la personnalisation, du spectacle (même s'il a été cent fois reproduit avec des images standards sur les défilés militaires nord-coréens, les avenues « trop » larges et sans circulation, etc.). En bref du « Paris Match » animé.

La grande chaîne privée regrette sans doute que le leader de la RPDC n'ait pas été filmé par les services américains à l'occasion de quelques frasques avec une belle étrangère ou que l'on n'ait pas trouvé trace de quelques milliards personnels placés dans un paradis fiscal, comme n'importe quelle banque ou personnalité occidentales qui se respectent !

Pour bénéficier d'un autre ton (comme celui que les grands médias adoptent lorsqu'ils parlent du Qatar, de l'Arabie Saoudite, des Émirats, du Pape ou de Johnny Halliday), il aurait fallu que Kim Jong-un et la Corée du Nord aient la capacité d'investir quelques milliards en France ou que le Leader ait eu un visage à l'occidental type Che Guevara.

Notre société du spectacle et ses médias ne manquent pas de perversité « culturelle », à défaut d'être encore les héritiers du Siècle des Lumières.

TF1, qui revendique évidemment, comme tous les autres médias de notre pays, son « objectivité », a présenté une émission exclusivement à charge, sauf pendant les trente dernières secondes permettant à un chercheur compétent de souligner que la RPDC n'avait aucun intérêt à déclencher une guerre. Une concession sans doute accordée au brave journaliste, victime d'un montage où seuls les témoignages accusateurs ont trouvé leur place...

TF1, comme tout le monde, n'apprécie pas Trump et ses provocations : exception faite pour la Corée du Nord !

Un triste bilan pour une grande chaîne de télé française, indifférente à la complexité de la réalité et fabriquant un produit « consensuel » pour téléspectateurs primaires. Toutefois, une expérience quasi humoristique pour un universitaire, qui pendant l'interview songeait à l'analyse de Pierre Bourdieu « De la Télévision » et à la liberté d'expression dont il racontait à ses étudiants les mésaventures françaises en rappelant que Montesquieu disait, il y a quelques siècles : « Comment peut-on être Persan ».

Robert Charvin

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10 décembre 2017 7 10 /12 /décembre /2017 16:09

Planète Paix, mensuel du Mouvement de la paix, a consacré le dossier de son numéro 626 (novembre 2017) à la question coréenne, sous le titre "Corées : éviter l'engrenage". Dans un article faisant le point sur l'historique des armes nucléaires en Corée, Benoît Quennedey, président de l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) a également rappelé la nécessité de relancer le dialogue multilatéral en engageant sans délai un "double moratoire" (de ses essais balistiques et nucléaires par la République démocratique de Corée, de leurs manoeuvres militaires par les Etats-Unis et leurs alliés) en vue, à terme, de parvenir à la conclusion d'un traité de paix, en lieu et place de l'accord d'armistice du 27 juillet 1953. L'AAFC lance un appel à l'ensemble des organisations et militants pacifistes pour refuser l'escalade vers un conflit dévastateur entre puissances nucléaires en Asie du Nord-Est.  

Dans Planète Paix, nous avons rappelé que les Coréens, nombreux à Hiroshima et à Nagasaki en 1945, avaient été le deuxième peuple de l'histoire le plus touché (après les Japonais) par la seule utilisation à ce jour de l'arme nucléaire, et que les forces armées américaines, tout en détruisant méthodiquement la Corée du Nord pendant la guerre de Corée (1950-1953) en recourant à un usage massif du napalm, avaient alors menacé d'utiliser à nouveau l'arme nucléaire. Aujourd'hui, des voix s'élèvent dans les milieux néoconservateurs, à Washington, à Séoul et à Tokyo, pour suggérer la réintroduction d'armes nucléaires américaines en Corée du Sud, voire pour que la Corée du Sud devienne elle-même une puissance nucléaire américaine - mais cette dernière perspective a été rejetée par le président de la République de Corée (Corée du Sud), le démocrate Moon Jae-in.

Face aux menaces de "destruction totale" de leur pays par l'administration américaine, les Nord-Coréens ont développé l'arme nucléaire dans une logique de dissuasion (du faible au fort) comme, avant eux auparavant, les Français sous la présidence du Général de Gaulle.

Opposés par principe aux armes nucléaires (la République populaire démocratique de Corée a été le seul Etat doté de l'arme nucléaire à voter, en octobre 2016, la résolution L. 41 du premier comité de l'Assemblée générale des Nation unies en vue de l'élimination complète des armes nucléaires), les Nord-Coréens jugent cependant que les conditions ne sont aujourd'hui pas réunies pour un désarmement unilatéral, quand l'administration Trump envisage une guerre totale. C'est pourquoi, plus que jamais, nous estimons, de concert avec les responsables de la Campagne internationale pour l'élimination des armes nucléaires (ICAN, Prix Nobel de la paix 2017), qu'il est plus que jamais nécessaire de retrouver la voie du dialogue multilatérale en Corée. Il s'agirait d'avancer vers la conclusion d'un traité de paix dans la péninsule coréenne et l'établissement de mécanismes de sécurité collective qui apportent de réelles garanties de non-agression à la Corée du Nord. 

L'AAFC dans "Planète Paix" : l'exigence d'un traité de paix en Corée
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