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21 janvier 2024 7 21 /01 /janvier /2024 16:27

Le 15 janvier 2024, le dirigeant suprême de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), Kim Jong-un, a prononcé un discours à l'occasion de la 10e session de la 14e mandature de l'Assemblée populaire suprême (APS). Dans son discours, Kim Jong-un remet en cause le principe de réunification pacifique de la Corée dans les relations avec la République de Corée (Corée du Sud), à contre-courant notamment du communiqué conjoint Nord-Sud du 4 juin 1972, de l'accord de base intercoréen du 13 décembre 1991, de la déclaration conjointe Nord-Sud du 15 juin 2000 et de la déclaration du 4 octobre 2007. Il renonce ainsi aux principes de la politique intercoréenne définis et suivis, au moins depuis 1972, par ses prédécesseurs à la tête de la RPDC, y compris quand la Corée du Sud était une dictature militaire féroce. Ce n'est pas la première fois que la RPDC fait table rase, comme l'a montré très concrètement la destruction du bureau de coopération intercoréen à Kaesong, et change radicalement de cap. Si on peut penser à une manoeuvre tactique plus qu'à une nouvelle orientation stratégique, les déclarations du dirigeant suprême de la RPDC n'en méritent pas moins un examen approfondi quant à leur portée. 

La 10e session de la 14e mandature de l'Assemblée populaire suprême

La 10e session de la 14e mandature de l'Assemblée populaire suprême

La Corée du Sud est mentionnée à dix reprises dans le discours du 15 janvier 2024. Il est d'abord fait référence au cadre légal, selon lequel c'est l'APS qui a remis en cause les principes des relations intercoréennes depuis "près de 80 ans", sans préciser si le point de départ de cette période est la libération de la Corée (en 1945) ou la création de deux Etats (en 1948) : 

Aujourd'hui, l'Assemblée populaire suprême a légalisé de nouveau la politique de notre République envers le Sud en mettant fin à près de 80 ans d'histoire des relations intercoréennes et de la reconnaissance des deux États existant tous deux dans la péninsule coréenne.

Les relations entre la Corée du Nord et la Corée du Sud sont désormais décrites comme celles entre deux Etats hostiles en situation de belligérance, et plus comme celles entre les deux parties d'un pays divisé mais dont les habitants appartiennent tous à une même nation et à un même peuple, la Corée, tout en imputant cette situation à une Corée du Sud décrite comme inféodée à des intérêts étrangers :

Les relations nord-sud ont été complètement figées dans les relations entre deux États hostiles l'un à l'autre et dans les relations entre deux États belligérants, et non plus dans les relations consanguines ou homogènes. Telle est la situation actuelle des relations entre le Nord et le Sud aujourd'hui, causée par les manœuvres de confrontation odieuses et autodestructrices de la République de Corée, un groupe de larbins étrangers de premier plan, et par la véritable image de la péninsule coréenne qui vient désormais d'être dévoilée au monde entier.

Il est rappelé que les différentes organisations traitant des relations intercoréennes ont été dissoutes : 

Nous avons formulé une nouvelle position sur les relations Nord-Sud et la politique de réunification et nous avons démantelé toutes les organisations que nous avions créées comme organismes de solidarité pour la réunification pacifique lors de la session actuelle de l'Assemblée populaire suprême qui discute des lois de la RPDC. On peut dire qu’il s’agit d’un processus indispensable qui doit se dérouler sans faute.

Il est réaffirmé que la Ligne de limite nord, frontière maritime de facto entre les deux Etats coréens, n'est pas reconnue par la RPDC qui entend ainsi défendre tout son territoire, ce qui, pour certains observateurs étrangers, laisse craindre de nouveaux affrontements Nord-Sud dans cette zone :

Comme la frontière sud de notre pays a été clairement tracée, la « ligne de démarcation nord » illégale et toute autre frontière ne peuvent jamais être tolérées, et si la République de Corée viole ne serait-ce que 0,001 mm de notre territoire, de notre air et de nos eaux, cela sera considéré comme une provocation à la guerre.

Il est ensuite annoncé une révision de la Constitution pour remettre en cause les références à une seule nation de 80 millions de membres sur un territoire de près de 220 000 km2, et affirmer que la République de Corée est "l'ennemi principal" de la RPDC : 

Et je pense qu'il est juste de préciser dans le paragraphe pertinent de notre Constitution que de tels vestiges linguistiques interprétant à tort le Nord et le Sud comme des compatriotes comme « une terre semblable à une tapisserie de 3 000 ri » et « 80 millions de compatriotes » ne sont pas utilisés dans la vie politique, idéologique, intellectuelle et culturelle de notre peuple, et que l'éducation devrait être intensifiée pour lui inculquer la ferme idée que la République de Corée est son premier ennemi et invariablement son principal ennemi.

La révision constitutionnelle devrait être suivie de mesures pratiques adéquates pour se débarrasser des vestiges de l'époque passée qui peuvent être considérés comme des symboles de la « Corée du Nord et la Corée du Sud, pays homogène partageant un même sang », les formules « par notre nation elle-même » et « la réunification pacifique ».

L'annonce de la fermeture des canaux de communication Nord-Sud fait passer en la matière d'une situation de facto à une situation de jure : 

Pour le moment, nous devons prendre des mesures strictes et progressives pour bloquer complètement tous les canaux de communication Nord-Sud le long de la frontière, y compris la coupure physique et complète des voies ferrées de notre côté, qui constituaient un symbole de la relation Nord-Sud. l'échange et la coopération, à un niveau irréversible.

Enfin, un certain nombre de symboles doivent disparaître, tels que le Monument aux Trois Chartes pour la réunification, construit en 2001 pour marquer le premier anniversaire du premier sommet intercoréen : 

Nous devons également supprimer complètement le "Monument aux Trois Chartes pour la réunification nationale" qui se dresse à l'entrée sud de la capitale Pyongyang et prendre d'autres mesures pour éliminer complètement les concepts tels que "réunification", "réconciliation" et "compatriotes" de l'histoire nationale de notre République.

Le Monument aux Trois Chartes pour la réunification

Le Monument aux Trois Chartes pour la réunification

Rappelons que les Trois Chartes pour la réunification de la Corée, définies par le Président Kim Il-sung, sont :

- les trois principes de la réunification (indépendance, grande union nationale et paix),
- le projet de fondation de la République fédérale démocratique du Koryo,
- le programme en dix points pour une grande union de la nation coréenne.


Par ailleurs, le Monument aux Trois Chartes pour la réunification figure sur le logo de l'Association d'amitié franco-coréenne ainsi que sur la page d'accueil de son site Internet, pour rappeler l'engagement de l'AAFC en faveur de la réunification de la Corée tel que rappelé dans l'article 3 de ses statuts

Source : 

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16 novembre 2023 4 16 /11 /novembre /2023 23:12

Selon le Minju Choson, journal du gouvernement de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), à la suite d'une modification de la loi électorale il y aura pluralité de candidatures aux élections locales du 26 novembre 2023. 

Kim Yong-ju, vice-président d'honneur de l'Assemblée populaire suprême, votant aux élections locales en 2015

Kim Yong-ju, vice-président d'honneur de l'Assemblée populaire suprême, votant aux élections locales en 2015

Jusqu'à présent, après une sélection des candidats par les organisations de masse (partis, syndicats, organisations des femmes et de la jeunesse...), les élections visaient ensuite à ratifier ces choix suivant des listes uniques de candidats, selon le principe d'un candidat par circonscription.

Désormais, la RPD de Corée - qui rejoint sur ce point d'autres démocraties populaires (comme le Vietnam) - proposera aux électeurs, dans un certain nombre de circonscriptions (à préciser), une pluralité de candidats lors du scrutin local qui se tiendra fin novembre.

Il s'agit, selon le Minju Choson, de permettre aux électeurs de choisir entre des candidats se différenciant selon leur sexe, leur profession ou encore leur origine géographique. Il n'y aura toutefois pas de candidatures émanant de formations d'opposition au gouvernement.

Selon certains experts occidentaux, cette évolution répond à des critiques de la population, notamment dans un contexte de difficultés économiques.

Source : 

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1 janvier 2023 7 01 /01 /janvier /2023 16:32

Du 26 au 31 décembre 2022, le huitième Comité central du Parti du travail de Corée (PTC) a tenu sa sixième réunion plénière élargie. Dans une dépêche du 1er janvier 2023, l'agence officielle nord-coréenne KCNA a rendu compte en détail des travaux ainsi menés qui soulignent les priorités données au développement de l'économie et à l'autodéfense pour, selon une formule de l'agence KCNA, "conduire le socialisme à la coréenne vers de nouveaux changements et développements", dans un contexte de montée des tensions dans la péninsule coréenne faisant courir le risque d'un nouveau conflit dévastateur. 

"Conduire le socialisme à la coréenne vers de nouveaux changements et développements"

A l'instar d'autres dirigeants dans le monde, Kim Jong-un, président de la Commission des affaires d'Etat de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) et secrétaire général du Parti du travail de Corée (PTC), avait choisi par le passé de s'adresser à la nation dans un discours de Nouvel An pour faire le bilan de l'année passée et tracer les priorités de l'année à venir. Mais la RPDC a choisi, fin 2022, de réunir la plus haute instance plénière du PTC (après le Congrès) pour débattre et adopter des orientations pour 2023 - traduisant ainsi une volonté, constante depuis l'accession au pouvoir du Président Kim Jong-un en 2011, de mettre en avant le rôle moteur du Parti.

"Conduire le socialisme à la coréenne vers de nouveaux changements et développements"

Sur le premier point à l'ordre du jour de la réunion (les politiques menées en 2022 et le plan de travail pour 2023), le rapport présenté par le secrétaire général Kim Jong-un a tout d'abord mis l'accent sur le "développement des capacités de défense", face aux forces ennemies identifiées comme l'impérialisme américain. Avant de revenir plus en détail sur la situation internationale et la politique nationale de défense, le rapport a toutefois développé le bilan économique et social de l'année 2022 - témoignant de la priorité toujours accordée au développement du pays. Ont ainsi été cités, dans le domaine de la construction, l'achèvement de l'aménagement des zones de Hwasong et Ryonpho, projets majeurs pour "l'amélioration du niveau de vie de la population", et la construction de logements modèles dans les zones rurales. Pour l'avenir, dans la poursuite de la réalisation des objectifs du plan quinquennal, le développement de la production en 2023 doit viser à atteindre l'autosuffisance, tout en appelant à combattre une approche étroitement techniciste et scientiste ("la croyance mystique dans la technologie") qui consiste notamment à dépendre des technologies d'autres puissances. Plus précisément, ont été affirmés les objectifs de construire 10 000 logements dans la deuxième phase d'aménagement à Hwasong et 50 000 logements à Pyongyang. L'agriculture a été présentée comme un secteur économique prioritaire. 

"Conduire le socialisme à la coréenne vers de nouveaux changements et développements"

En politique étrangère, le renforcement des capacités de dissuasion nucléaire a été justifié par la pression militaire exercée par les Etats-Unis et leurs alliés : 

En 2022, les États-Unis ont fréquemment déployé divers moyens de frappe nucléaire en Corée du Sud dans un déploiement constant, augmentant au maximum le niveau de pression militaire sur la RPDC. Et, en même temps, ils ont fait avancer la réalisation d'une coopération triangulaire avec le Japon et la Corée du Sud à grande échelle tout en travaillant dur pour établir un nouveau bloc militaire comme la version asiatique de l'OTAN sous le signe d'une "alliance renforcée".

Dans ce contexte, la Corée du Sud n'est pas menacée elle-même (le discours évoque le "prétexte de faire face à toute "menace" ", les guillemets étant employés dans la dépêche de KCNA) et ce sont bien les Etats-Unis qui sont présentés comme l'ennemi de la RPDC - et pas la Corée du Sud.  Mais il est reproché aux autorités sud-coréennes de s'inscrire dans une logique d'escalade militaire et de confrontation.

Toujours selon le rapport, le développement de la puissance militaire de la RPDC a comme objectif de "prévenir la paix et de sauvegarder la paix et la stabilité" - tout en précisant que, en cas d'échec, "la force nucléaire permettra de réaliser sa seconde mission, qui ne sera pas pour la défense". Implicitement, c'est l'idée de contre-attaque préventive qui est suggérée - mais sans être formulée ouvertement, contrairement à certaines doctrines militaires avancées par d'autres puissances, au premier rang desquelles les Etats-Unis, en particulier lors de la "guerre préventive" contre l'Irak en 2003

Dans une logique restant toutefois fondamentalement celle de la dissuasion nucléaire, le système de défense antimissile nord-coréens doit disposer de missiles balistiques intercontinentaux (ICBM) permettant une "contre-attaque nucléaire rapide". Mi-décembre, KCNA avait rendu compte d'un essai souterrain pour que la RPDC dispose d'un moteur de missile balistique à combustible solide. On retrouve ici l'idée,  développée notamment dans la doctrine française de la dissuasion nucléaire, qu'une frappe en second doit prévenir une attaque en premier, dans la logique de dissuasion du faible au fort. En outre, le rapport adopté lors de la réunion du PTC préconise d'augmenter la production de forces nucléaires tactiques et le lancement, dès que possible en 2023, du premier satellite militaire de reconnaissance. 

Sans faire explicitement allusion à la guerre en Ukraine ou d'autres conflits dans le monde, le PTC observe que la structure des relations internationales a évolué vers un système de "nouvelle Guerre froide", impliquant de placer au premier rang la défense de la souveraineté nationale dans la "consolidation" du socialisme à la coréenne.

Les objectifs ainsi définis devront être mis en oeuvre dans les sections du PTC, en particulier lors de réunions de travail de deux jours et de réunions consultatives.

Source principale : 

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16 décembre 2022 5 16 /12 /décembre /2022 00:14

Il y a 11 ans, le 17 décembre 2011, disparaissait Kim Jong-il, le deuxième dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). A cette occasion, nous avons souhaité revenir sur son implication tout d'abord, à partir de 1964, dans la création culturelle et artistique, qui s'est manifestée par un intérêt plus particulièrement pour le cinéma sur lequel il a personnellement beaucoup écrit. Tout en jugeant nécessaire d'élever la qualité de la production (ce qu'il appelle "la régularisation de la production et/ou de la création"), Kim Jong-il a souligné l'importance selon lui d'un travail collectif et de stimuler la créativité - conformément à la conception des idées du Juche insistant sur l'autonomie créatrice des masses, tout en mettant également en exergue le message que doivent délivrer les oeuvres de l'esprit. Ce dernier principe, qu'on retrouve aussi dans le sud de la péninsule (le créateur a un rôle d'éducateur), est qualifié au nord de qualité idéologique de l'oeuvre. Nous reproduisons ci-après des extraits de son adresse aux cadres du secteur cinématographique, prononcée le 28 avril 1971, et intitulée "Pour mettre sur pied un système original de production cinématographique révolutionnaire".

"La jeune bouquetière", de Pak Hak et Choe Ik-Kyu (1972)

"La jeune bouquetière", de Pak Hak et Choe Ik-Kyu (1972)

"Un film n'est pas produit par une seule personne mais grâce à l'effort de tous les membres d'une équipe. La mise à contribution de l'intelligence de la collectivité garantit la qualité du film.

Dans cette perspective, il importe de multiplier les discussions entre les réalisateurs et les autres créateurs. Comme le dit le proverbe, un général à lui seul ne peut rien faire. Un réalisateur, aussi intelligent soit-il, n'est pas capable de créer un film à lui seul. Il peut concevoir un projet original de création, mais une fois soumis à la discussion de la collectivité, ce projet peut être encore perfectionné. C'est pourquoi les réalisateurs ne doivent pas être entêtés et entiers dans leurs idées. Ils doivent au contraire s'appuyer sur la collectivité et apprendre humblement auprès d'elle. Tel doit être leur style de travail.

Seul un réalisateur qui sait s'appuyer sur la collectivité et conduire la création grâce à la canalisation de son intelligence peut réussir.

Pour stimuler l'intelligence de la collectivité, il faut resserrer les liens entre tous les secteurs et tous les centres de création cinématographique et organiser leur coopération (...).

Il ne faudrait pas prendre prétexte de mon insistance sur la régularisation de la production cinématographique pour sous-estimer la personnalité des acteurs et des artistes, leur ardeur ou leur imagination. Une oeuvre est le produit d'une passion. L'enthousiasme et l'énergie sont la source de l'imagination d'un réalisateur. S'il est enthousiaste et s'il réfléchit, il peut découvrir en plein tournage ou au moment du mixage un moyen de représentation qu'il ne pouvait imaginer lors de la rédaction du texte de mise en scène. Il y a plus encore : il peut découvrir, au cours du tournage, une lacune qu'il n'a pu apercevoir lors de la rédaction de son texte. Quelle serait la conséquence si on le cachait ou si on passait à l'étape suivante sous prétexte de respecter l'ordre de priorité ? L'ordre serait observé, mais la valeur idéologique et la qualité esthétique de l'oeuvre diminueraient.

Quand à la régularisation de la création, elle vise à produire des films de meilleure qualité aussi bien au point de vue idéologique qu'esthétique, mais pas du tout à contrarier l'originalité des créateurs. Evidemment, un créateur doit se garder d'appliquer hâtivement la nouvelle méthode de représentation découverte. Il est tenu de réfléchir à ce qu'elle peut apporter et à son adoption, puis, sa résolution prise, il la soumettra à une discussion collective et se soumettre aux formalités nécessaires pour la faire adopter (...)
"

Source : Kim Djeung Il, Pour achever l'oeuvre révolutionnaire juchéenne, Editions en langue étrangères de Pyongyang, Corée, 1990. Extraits cités p. 332 et pp. 336-337. 

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16 décembre 2021 4 16 /12 /décembre /2021 22:05

Le 17 décembre 2021 marque le dixième anniversaire de la disparition de Kim Jong-il, secrétaire général du Parti du travail de Corée, président de la Commission militaire centrale du Parti du travail de Corée et président du Comité de la défense nationale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). Déjà étroitement associé à la direction de la RPDC, il devint officiellement le dirigeant suprême de la RPDC en 1997, à l’issue d’un deuil de trois ans suivant le décès du président Kim Il-sung (8 juillet 1994). Sous la direction de Kim Jong-il, la RPD de Corée a dû relever de nombreux défis sécuritaires et économiques tandis qu'étaient posés des jalons importants pour le rapprochement entre les deux Corée.

Volonté d’indépendance et développement des relations internationales

Suite au premier lancement d’un satellite artificiel (Kwangmyongsong-1) par la RPDC le 31 août 1998, qualifié d’essai de missile balistique par les Etats-Unis et leurs alliés, Kim Jong-il décida d’un moratoire sur les lancements en 1999. En octobre 1994, la RPDC et les Etats-Unis avait déjà signé un accord-cadre sur le gel du programme nucléaire nord-coréen, compensé par la construction de réacteurs nucléaires à eau légère en RPDC destinés à satisfaire ses besoins en électricité.

Le moratoire de 1999 permit une amélioration sensible des relations entre la RPDC et les Etats-Unis. En octobre 2000, le vice-maréchal Jo Myong-rok, premier vice-président du Comité de la défense nationale de la RPDC, se rendit à Washington où il rencontra le président Bill Clinton à la Maison-Blanche. Au cours de cette rencontre, fut remise une invitation de Kim Jong-il au président des Etats-Unis. Au cours du même mois d’octobre 2000, la secrétaire d’État américaine Madeleine Albright rencontra Kim Jong-il à Pyongyang. Mais Bill Clinton ne se rendra en RPDC qu’en août 2009, pour obtenir la libération de deux journalistes américaines ayant franchi illégalement la frontière sino-coréenne.

Entre-temps, en janvier 2001, George W. Bush était devenu président des Etats-Unis et Kim Jong-il dut rapidement affronter l’hostilité de la nouvelle administration américaine.

Suite aux attentats du 11 septembre 2001, pourtant condamnés par la RPDC, le président Bush classa la Corée du Nord, avec l’Irak et l’Iran, parmi les pays de l’« axe du mal » dans son discours sur l’état de l’Union du 29 janvier 2002. Le premier pays visé par les Etats-Unis était l’Irak, la montée des tensions entre les deux pays débouchant sur l’attaque américaine de mars 2003. Puis, s’en prenant plus spécifiquement à son système politique, la conseillère à la sécurité nationale des Etats-Unis Condoleezza Rice désigna le 18 janvier 2005 la RPDC comme un « avant-poste de la tyrannie », avec d’autres pays aussi divers que la Biélorussie, la Birmanie, Cuba, l’Iran, et le Zimbabwe...

Face à des Etats-Unis de plus en plus hostiles et n’hésitant pas à recourir à la force contre des pays qu'ils désignaient comme leurs ennemis, la RPDC se retira en janvier 2003 du Traité de non-prolifération des armes nucléaires (auquel elle avait adhéré en 1985), conformément aux dispositions de son article 10 : « Chaque Partie, dans l'exercice de sa souveraineté nationale, aura le droit de se retirer du Traité si elle décide que des événements extraordinaires, en rapport avec l'objet du présent Traité, ont compromis les intérêts suprêmes de son pays. » .

L'accord-cadre de 1994 était mort et, le 9 octobre 2006, la RPDC procéda à son premier essai nucléaire. Sous la direction de Kim Jong-il, la RPDC accéda ainsi au statut de puissance nucléaire, suivant une volonté d'indépendance au plan militaire. L'arme nucléaire était considérée comme un moyen de dissuader toute attaque venant d’une grande puissance (en l'occurrence, les Etats-Unis), un modèle théorique proche de celui de la doctrine nucléaire « du faible au fort » définie par le général de Gaulle pour la France dans les années 1960.

Ce renforcement militaire n’empêcha pas Kim Jong-il de renouveler ses offres d’un traité de paix en Corée pour remplacer l’accord de cessez-le-feu de 1953. Et pour parvenir à une dénucléarisation de la péninsule coréenne, Kim Jong-il s’engagea, dès 2003, dans plusieurs séries de pourparlers à six réunissant, outre la RPDC, la Chine, la Corée du Sud, les Etats-Unis, le Japon et la Russie.

Le 19 septembre 2005, ces pourparlers aboutirent à une déclaration par laquelle la RPDC s’engageait à abandonner ses armes et projets nucléaires existants, à réintégrer au plus tôt le Traité de non-prolifération et à se soumettre aux garanties de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), en contrepartie, notamment, d’une assistance énergétique, du respect de sa souveraineté nationale, et de la normalisation des relations avec les Etats-Unis. Signe de sa bonne volonté, Kim Jong-il ordonna la destruction de la tour de refroidissement du complexe nucléaire de Yongbyon, le 27 juin 2008.

Mais les pourparlers à six prirent fin en avril 2009, après la condamnation de la RPDC par le Conseil de sécurité des Nations unies, suite au lancement d’un deuxième satellite artificiel (Kwangmyongsong-2), pourtant conforme au Traité sur les principes régissant les activités des Etats en matière d’exploration et d’utilisation de l’espace extra-atmosphérique, y compris la Lune et les autres corps célestes (communément appelé « Traité sur l’espace »), adopté par l'Assemblée générale des Nations unies le 19 décembre 1966 et auquel la RPDC avait adhéré.

En réponse à la condamnation par le Conseil de sécurité des Nations unies, la RPDC déclara qu’elle n’était désormais liée par aucun accord qui pourrait être conclu dans le cadre des pourparlers à six. Elle expulsa les inspecteurs de l’AIEA et informa cette dernière de son intention de rétablir son programme d’armes nucléaires. Le 25 mai 2009, la RPDC procéda à son deuxième essai nucléaire. L'administration américaine du président Barack Obama, en fonction depuis janvier 2009, fournit une justification supplémentaire à la force de dissuasion nord-coréenne en dévoilant en avril 2010 une nouvelle posture nucléaire selon laquelle les Etats-Unis s'autorisaient à frapper la Corée du Nord avec des armes nucléaires même si celle-ci n'utilisait que des armes conventionnelles.

Kim Jong-il préserva ainsi les intérêts nationaux de la RPDC face aux Etats-Unis et à leurs alliés. Mais il eut aussi à cœur d’accroître les échanges et la coopération de la RPDC avec tous les pays respectant sa souveraineté. En septembre 2002, Kim Jong-il reçut à Pyongyang le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi, une rencontre historique compte tenu du lourd contentieux historique entre le Japon et la Corée. Pendant les derniers mois de sa vie, Kim Jong-il multiplia les rencontres avec les dirigeants chinois et russe, cimentant l'amitié traditionnelle entre la République populaire de Chine et la RPD de Corée et relançant le projet de gazoduc trans-coréen impliquant la Fédération de Russie. C'est aussi en 2011 qu'ouvrit un bureau français de coopération à Pyongyang, la France restant l'un des deux derniers pays de l'Union européenne, avec l'Estonie, à ne pas avoir établi de relations diplomatiques complètes avec la RPD de Corée.

Malgré les difficultés, la construction d’une nation puissante et prospère

L’objectif fixé par le dirigeant Kim Jong-il d’édifier une « nation puissante et prospère » se heurta à de nombreux obstacles, au premier rang desquels l'embargo auquel est soumise la République populaire démocratique de Corée et frappant d'abord - sinon exclusivement – les populations, embargo encore renforcé par les sanctions internationales prises après les essais nucléaires d'octobre 2006 et mai 2009.

La politique de Songun (priorité aux affaires militaires), mise en avant par Kim Jong-il, obéit directement à cet objectif, l’armée devenant un opérateur économique de premier plan en RPDC, en plus d’avoir la lourde tâche de défendre le pays dans un environnement géopolitique très contraignant.

Kim Jong-il accéda au pouvoir dans un contexte international marqué par l'écroulement du socialisme dans certains pays du fait, selon lui, de l'opportunisme de leurs dirigeants, et dans des circonstances économiques sans précédent, alors que des catastrophes naturelles (inondations, sécheresses) affectaient durement la population nord-coréenne en entraînant de sévères pénuries alimentaires. Il est à noter que lors de graves catastrophes telles que l'explosion de la gare de Ryongchon, en avril 2004, ou les inondations de l’été 2007, la RPD de Corée fit preuve de transparence et communiqua immédiatement sur ces tragédies.

Kim Jong-il mit l'accent sur la modernisation technologique du pays, une modernisation ne se limitant pas aux programmes nucléaire et spatial.

Les mesures adoptées sous la direction de Kim Jong-il eurent pour effet de consolider le système économique socialiste de la RPDC, tout en dynamisant les circuits de production et d'échanges, sans remettre en cause les principes de gratuité de l'éducation et d'accès aux soins, et de propriété collective des grands moyens de production.

Vers la réunification

Kim Jong-il eut l'idée d’une triple Charte reprenant les trois principes de la réunification de la nation coréenne (indépendance, réunification pacifique, grande union nationale) définis dans trois textes fondamentaux

- le communiqué Nord-Sud du 4 juillet 1972,

- le programme en dix points pour la grande union de toute la nation en faveur de la réunification de la patrie, énoncé le 6 avril 1993,

- le projet de fondation d'une République fédérale démocratique du Koryo, adopté le 10 octobre 1980 lors du sixième congrès du Parti du travail de Corée. 

Un dialogue inter-coréen fructueux au plus haut niveau fut permis par l’élection en Corée du Sud de l'opposant Kim Dae-jung au poste de président en 1997 et par la politique d'ouverture de Kim Jong-il, dans la continuité des orientations définies par le président Kim Il-sung. En août 1997, Kim Jong-il déclarait que si la partie sud-coréenne « apportait un changement positif dans ses actes, nous engagerions, à n'importe quel moment des négociations franches avec elle sur le destin de la Corée ».

Ainsi, Kim Jong-il accueillit à Pyongyang les présidents sud-coréens Kim Dae-jung et Roh Moo-hyun en juin 2000 et en octobre 2007.

Les déclarations conjointes adoptées lors de ces sommets historiques sont devenues la pierre angulaire de la réunification de la Corée, en répondant aux aspirations de tous les Coréens, du Nord, du Sud et d'outre-mer. Des projets inter-coréens aussi emblématiques que le circuit touristique des monts Kumgang, ouvert en 1998, et la zone industrielle de Kaesong, ouverte en 2004, malgré les aléas des relations inter-coréennes, ont contribué à faire de la Corée du Sud le deuxième partenaire économique et commercial de la RPDC.

 

Loin des caricatures véhiculées dans les pays occidentaux, la République populaire démocratique de Corée sous la direction de Kim Jong-il fit donc preuve de résilience alors que nombre de « spécialistes es-Corée du Nord » prédisaient l’effondrement rapide de la RPDC lors de son accession au pouvoir. Vaille que vaille, la RPDC sut maintenir son système original tout en posant des bases solides pour l’avenir, dans le tumulte d’années qui furent parmi les plus terribles depuis la fin de la guerre de Corée.

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12 octobre 2020 1 12 /10 /octobre /2020 18:49

Le 10 octobre 2020, à 0 heure, a eu lieu sur la place Kim Il Sung de Pyongyang, capitale de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), une grande parade militaire pour célébrer le 75anniversaire de la fondation du Parti du travail de Corée. En préambule de cette parade, Kim Jong Un, dirigeant de la RPDC, a prononcé un discours dans lequel, contexte sanitaire oblige, l'épidémie mondiale de COVID a été longuement évoquée, d'abord pour remercier de ses efforts le peuple coréen qui a pu éviter que l'épidémie ne ravage le pays tout en affrontant une série de graves catastrophes naturelles. Le rôle de l'Armée populaire de Corée a été souligné, le dirigeant de la RPDC mettant au même plan la défense contre les menaces militaires extérieures, la défense contre les épidémies et la défense contre les calamités naturelles. Il a rappelé que la force de dissuasion de la RPDC ne vise personne en particulier et permet seulement au pays de défendre sa souveraineté et le droit à l’existence de son Etat ainsi qu'à sauvegarder la paix dans la région. Enfin, Kim Jong Un a évoqué le VIIIe congrès du Parti du travail de Corée qui se tiendra en janvier 2021 et aura pour objectif de trouver des voies d'amélioration au bien-être de la population.

Voici l'intégralité du discours du 10 octobre 2020 dans la traduction française proposée par le site officiel de la RPDC Naenara.

75e annniversaire du Parti du travail de Corée : grande parade militaire à Pyongyang dans un contexte inédit

Discours prononcé par Kim Jong Un, Dirigeant suprême du Parti, de l’Etat et des forces armées de la RPDC lors de la revue consacrée au 75anniversaire de la fondation du Parti du travail de Corée

 

Vous tous, citoyens du pays entier, officiers et soldats de l’Armée populaire, qui célébrez l’heureuse fête d'octobre,

Officiers et soldats de la Force de la sécurité publique, membres de la Garde rouge des ouvriers et paysans et de la Garde rouge de la jeunesse,

Délégués aux festivités du 75anniversaire de la fondation du Parti, citoyens de Pyongyang,

Commandants et soldats des unités participantes à la revue consacrée à la glorieuse fête d’Octobre,

Chers camarades,

Voilà la glorieuse fête de la fondation de notre parti.

C’est une nuit glorieuse tant attendue.

A cette glorieuse heure nocturne, nous éprouvons l’immense joie inspirée par le jour anniversaire de la fondation du Parti qui arrive en cette année marquée d’épreuve sans précédent.

A l’occasion du 75anniversaire de la fondation de notre grand Parti, je félicite de tout cœur, au nom du Comité central du Parti du travail de Corée, tous ceux qui ont veillé à conférer gloire et dignité à la fête d’Octobre.

J’adresse mes vifs remerciements et mes félicitations cordiales à notre peuple entier.

Camarades,

En cette nuit de la grande fête, les rues de la capitale, et notamment cette glorieuse place, baignent dans la joie, l’enthousiasme et la fierté, mais nous ne devons pas oublier que nous le devons aux efforts et à l’abnégation invisible consentis par les nombreux camarades du pays entier, membres du Parti, ouvriers, officiers et soldats de l’armée révolutionnaire.

Que de personnes se sont échinées contre vents et marées depuis le début de l’année afin de préparer et maintenir ces moments de gloire !

Que de défis n’avons-nous pas eus à relever pour parvenir aux résultats d’aujourd’hui !

Nul ne pourrait penser sans pleurer de reconnaissance à l’abnégation patriotique et héroïque dont ont fait preuve les officiers et soldats de notre Armée populaire dans la prévention contre l’épidémie et la réparation des dégâts causés par des calamités naturelles, tâches imprévues.

On dit aisément que l’Armée populaire a le devoir légitime de défendre la patrie, le peuple et la révolution, mais ses officiers et soldats ont eu trop à peiner. Ils ont pris trop sur eux, ils ont eu à souffrir énormément.

Je me leur en excuse, j’ai le cœur serré de ne pas pouvoir les voir à cette soirée glorieuse.

En ces moments mêmes, nombre d’officiers et soldats de notre armée, au lieu de venir à la place Kim Il Sung, livrent combat sur les fronts de la prévention contre l’épidémie et de la reconstruction des régions sinistrées afin de veiller à la sécurité nationale et au bien-être du peuple.

Telle est notre armée, elle qui s’acquitte de son mieux de sa mission de responsable de la défense nationale tant contre les menaces militaires des forces hostiles que contre les menaces imprévues telles que les épidémies et les calamités naturelles.

Je rends mon plus grand hommage à leur loyauté ardente et remercie chaleureusement tous les officiers et soldats de l’Armée populaire.

De même, j’adresse mes encouragements militants, mes remerciements et salutations aux patriotes, qui, nos élites, combattants des divisions des membres du Parti de la capitale dignes de ma plus grande confiance, après avoir achevé leur tâche de reconstruction répartie, ont préféré aller rejoindre d’autres régions sinistrées, plutôt que de rentrer chez eux à Pyongyang.

Mes salutations militantes et mes remerciements vont également à tous les travailleurs du pays.

Je souhaite bonheur et joie tant aux foyers sinistrés qui ont déménagé dans des villages et logements nouvellement construits qu’à toutes les familles du pays.

Je forme le vœu que les beaux rêves de nos enfants ne cessent de devenir réalité.

Je saisis l’occasion présente pour adresser ma sympathie chaleureuse à tous ceux qui luttent contre la maladie du virus maligne dans le monde et exprimer mon souhait ardent que tous les hommes gardent leur santé, leur bonheur et leurs rires.

J’exprime également pareils sentiments à nos compatriotes du Sud et prie pour que la présente crise sanitaire en finisse au plus tôt et que le jour arrive où le Nord et le Sud se donnent de nouveau la main l’un à l’autre.

Camarades,

Nous sommes réunis ici, sur la place des festivités d’Octobre, heureux d’avoir, à force de persévérance, obtenu des performances précieuses et des réalisations concrètes.

Il ne nous a pas été aisé d’en arriver là.

Il nous a fallu consentir une succession de durs efforts et surmonter des obstacles sans nombre.

Les 75 années d’existence de notre Parti ont été marquées de difficultés, mais cette année l’a été tout particulièrement, des défis et des obstacles inattendus nous barrant la route tous les jours et à chaque pas dès son début.

Nous en avons triomphé à force de courage et en sommes arrivés à nous présenter là, fiers et dignes.

Le spectacle présent, digne de l’admiration du monde, prouve lui-même que tous les fléaux qui nous harcelaient tant ont été surmontés et que les objectifs fixés dans notre juste lutte ont été atteints avec bonheur.

Chers camarades,

Nous célébrons aujourd’hui solennellement le 75anniversaire de notre Parti.

Dans aucun autre pays, le peuple ne célèbre pas solennellement l’anniversaire de son parti comme une grande fête, un jour de jubilation générale, comme nous le faisons pour celui de notre Parti.

Cette nuit d’exaltation et d’allégresse où les cœurs de tout le pays convergent, je ne trouve pas les mots pour exprimer mes sentiments au peuple.

En ce moment où l’on doit retracer les pages de la glorieuse histoire de 75 ans de notre Parti, j’ai bien réfléchi au mot par lequel commencer mon discours prévu, mais je n’ai trouvé, pour confier mon sentiment profond à notre peuple, que le mot : « Merci ! »

D’abord, je le remercie de tout cœur d’être en bonne santé, comme on le voit.

J’ai tenu à le dire. Je le remercie de rester en bonne santé, sans que personne ne soit tombé victime du COVID.

A la pensée que tous les citoyens du pays sont préservés de l’abominable épidémie qui ravage le monde, quoique ce soit le devoir légitime et la réussite naturelle de notre Parti, mes yeux se mouillent d’émotion. Et à la vue de la bonne santé générale, je n’ai trouvé que le mot : « Merci ! »

Ce triomphe qui fait naturellement l’étonnement du monde constitue une grande réussite accomplie par notre peuple lui-même.

Pour notre Parti, la vie de chacun de nos citoyens vaut plus que tout. L’existence du Parti, de l’Etat et de tout dans notre pays présuppose la bonne santé de tout le peuple.

Or, le monde surabonde d’éléments dangereux menaçant la précieuse vie de notre peuple.

Ainsi, la crise sanitaire déclenchée dans le monde dès le début de l’année et la situation précaire dans nos environs m’ont inspiré angoisse et crainte.

Cependant, notre peuple, tenant vaillamment debout, a absolument soutenu et exécuté les mesures du Parti et de l’Etat, a réussi à défendre avec opiniâtreté sa vie, mais aussi avec une volonté de fer et optimisme, il a su vaincre toutes les difficultés et épreuves.

Sans le socialisme qui fait en sorte que les citoyens s’inquiètent les uns aux sujets des autres et se protègent mutuellement et vivent en collaborant les uns avec les autres en faisant preuve d’un ardent patriotisme et d’une haute conscience, le terrible fléau n’aurait pu être prévenu.

Puisque tout le peuple, conscient d’être responsable de la prévention contre l’épidémie pour défendre l’Etat, lui-même et ses enfants, s’est mobilisé, le secteur de la prévention contre l’épidémie, qui souffrait d’une pénurie générale et d’un sous-développement, a pu être remis à flot et une stabilité sanitaire inimaginable maintenue.

Que tout le monde vive en bonne santé, en formant une grande famille harmonieuse, sans que nul ne soit victime du virus pernicieux, bien qu’il ne jouisse pas de l’abondance, cela m’inspire tant de reconnaissance et me redonne tant de forces.

Le monde ne connaît aucun peuple aussi méritant que le nôtre qui s’inquiète sincèrement des difficultés dont souffre l’Etat et se charge de les résoudre en considérant qu’elles l’intéressent lui-même.

Actuellement, sur notre planète, notre pays est le seul à se trouver aux prises avec d’incroyables défis et difficultés qui l’obligent à mener en même temps une prévention d’urgence contre l’épidémie et la réparation des dégâts dus aux calamités naturelles tout en faisant face à la pénurie générale consécutive à des sanctions atroces et persistantes.

Toutes nos épreuves sont pour chacune de nos familles et chacun de nos citoyens une lourde charge et le sujet d’une pénible souffrance.

Néanmoins, notre peuple se préoccupe plus des affaires de l’Etat que des affaires familiales en patriote digne de respect et partage toutes les difficultés de l’Etat pour soutenir le pays par des sueurs et efforts sincères.

Aussi notre Parti fait-il confiance à son peuple, toujours prêt à se mobiliser comme un seul homme dès que le Parti le réclame à la lumière des difficultés du pays et s’en remet-il à lui pour surmonter toutes les difficultés.

Notre peuple s’est toujours montré reconnaissant à notre Parti de ses bienfaits, mais c’est lui qui mérite vraiment les remerciements du Parti.

Pendant 75 ans, notre peuple a soutenu fidèlement notre Parti et défendu sa cause révolutionnaire sacrée sans hésiter ni épargner son sang et sa sueur.

Si notre Parti a pu parcourir un chemin de la révolution on ne peut plus dur et épineux en le parsemant de victoires et de gloire, la clé en réside dans la sincère confiance du peuple dans le Parti et le soutien qu’il a apporté à sa cause.

Notre grand peuple, sage maître et créateur omnipotent de l’histoire, a donné de l’intelligence, une force et un courage sans bornes au Parti, l’a défendu au prix de sa vie et l’a soutenu loyalement, réalisant brillamment son dessein et sa ligne de conduite. Comment pourrait-on imaginer, ne fût-ce qu’un moment, ses 75 années glorieuses, sans ce peuple !

Quand le Parti a lancé un appel à un grand essor, notre peuple y a répondu en allant à l’allure du Chollima, et lorsqu’il a proposé une grande construction du socialisme, notre peuple a entrepris un combat de vitesse en réponse. Notre peuple réalise toujours sans condition la décision du Parti à tous ses risques et périls. Ce grand peuple étant à ses côtés, notre Parti a pu toujours se révéler solide et créer des prodiges malgré de multiples vicissitudes.

Dans notre peuple qui a auréolé la grande fête d’Octobre contre vents et marées avec sa fidélité sans bornes, sa fermeté et par ses efforts loyaux, je découvre avec une joie exaltante la force divine de suivre et défendre le Parti non seulement pendant 75 ans comme il l’a fait jusque-là, mais encore pendant 750 ou 7 500 ans à venir.

Camarades,

Je n’ai pas le courage de me présenter devant le peuple, car je n’ai jamais su répondre convenablement à sa confiance sans bornes.

J’assume, grâce à la confiance de tout le peuple, la responsabilité de conduire le pays suivant l’œuvre des grands Leaders Kim Il Sung et Kim Jong Il, mais, faute d’effort et de soin, je ne suis pas encore parvenu à affranchir le peuple de ses difficultés de vie.

Malgré cela, le peuple s’en remet toujours et entièrement à moi et soutient mon opinion et ma décision en toute circonstance.

Il me témoigne ainsi qu’au Parti une confiance toujours inconditionnelle et inébranlable, dût-il être prêt à endurer de nouvelles souffrances plus grandes.

Cette confiance et cet encouragement ardents et sincères sont pour moi un bien plus précieux que tout honneur et valent plus que des millions d’écus d’or, et la source de la force de vaincre toute crainte et toute hésitation.

Grâce à la confiance dont je jouis, j’ai pu affronter sans hésitation les innombrables défis en me rappelant ma mission et ma volonté de travailler inexorablement pour le peuple, être prêt à affronter même la guerre et faire face énergiquement à un sinistre inouï.

Je considèrerai comme un honneur insigne de servir un peuple aussi méritant et lutter pour lui.

Je réaffirme solennellement à la présente occasion ma détermination de rester fidèle, au risque de ma vie, à la confiance divine de notre peuple.

Chers citoyens du pays entier, chers camarades ici présents,

Je vous remercie sincèrement.

Je tiens à exprimer avec respect une gratitude sincère de respect au peuple entier, au nom de notre Président Kim Il Sung et de notre Dirigeant Kim Jong Il et en mon nom personnel.

Camarades,

Protéger fermement notre peuple, l’honorer davantage et lui permettre de vivre sans avoir plus rien à envier au monde est mon premier devoir, la mission primordiale de notre Parti et notre volonté immuable.

Notre Parti a déjà préparé un potentiel militaire d’ordre suprême pour la sauvegarde de la paix permettant une défense sans faille du socialisme qui représente la dignité et la vie de notre peuple et une prospérité perpétuelle à nos descendants à l’abri de la guerre.

La revue d’aujourd’hui, à l’allure digne, montrera clairement l’aspect d’une armée révolutionnaire formée par le Parti du travail de Corée ainsi que sa puissance.

Comme tout le monde pourra le reconnaître, par rapport à la revue qui a eu lieu voici 5 ans sur cette place pour célébrer le 70anniversaire de la fondation du Parti, celle qu’on verra aussitôt montrera que la modernisation de nos forces armées a connu des progrès considérables et son rythme sautera aux yeux.

Nous disposons d’une puissante armée de scientifiques et techniciens de la défense nationale et d’ouvriers de l’industrie de guerre fermement armés des idées révolutionnaires de leur Parti et entièrement dévoués aux intérêts de leur révolution.

Notre potentiel militaire est développé à tel point que nul ne pourra plus nous mépriser ni ne compter pouvoir se mesurer avec nous.

Nous avons préparé une force de dissuasion telle que nous sommes en mesure de défier toute menace militaire que nous subissons actuellement ou nous pourrons subir éventuellement.

Le rythme de progrès, la qualité et la quantité de notre potentiel militaire sont fonction de notre mode d’action, de nos besoins et de notre horaire.

Notre Parti a défini que le potentiel de la défense nationale, pour être sûr, doit être une force militaire à même de dominer préalablement les forces pouvant porter atteinte à la souveraineté et au droit à l’existence de notre Etat et de notre peuple et les menacer. Et il a fait l’impossible pour faire le nécessaire et ne cesse d’atteindre de nouveaux objectifs dans cette perspective.

Nous renforcerons sans cesse notre force de dissuasion comme moyen de légitime défense autonome pour dominer et contrôler toutes les tentatives dangereuses et les menaces, y compris la menace nucléaire croissante, perpétrées par les forces hostiles.

Notre force de dissuasion destinée à défendre la souveraineté et le droit à l’existence de notre Etat et à sauvegarder la paix dans la région ne servira jamais à des fins injustes ni sera utilisée de façon préemptive contre l’adversaire. Mais, si une quelconque force cherchera à porter atteinte à la sécurité de notre nation et à employer le potentiel militaire contre nous, je mobiliserai toute notre force d’attaque préventive pour la châtier sévèrement.

Je ne veux pas que notre force militaire ait à affronter quiconque.

J’affirme que nous n’accroissons pas notre force de dissuasion en visant à quiconque. Nous le faisons afin de nous défendre par nous-mêmes.

Si nous manquions de force, nos poings fermés ne pourraient servir qu’à essuyer nos larmes et notre sang.

Notre Parti assurera avec un puissant potentiel militaire la souveraineté nationale et une pleine sécurité de notre territoire et sauvegardera le bien-être, la paix et l’avenir perpétuels de l’Etat et du peuple.

Camarades,

Puisque nous avons pour nous des forces armées révolutionnaires pénétrées des idées révolutionnaires du Parti du travail de Corée, infiniment fidèles à la patrie et au peuple et dotées de puissantes armes sophistiquées empreintes de la force et de l’âme de notre peuple, nulle force d’agression ne pourra jamais mépriser notre Etat sacré ni oser barrer la route au peuple coréen.

Il nous reste de permettre à notre peuple de bénéficier pleinement d’une vie riche et hautement civilisée sans plus peiner.

Notre Parti appliquera invariablement et accroîtra sans cesse sa politique de haute valeur tendant à améliorer le bien-être du peuple et à lui accorder davantage de bienfaits et anticipera autant qu’il pourra la société idéale de richesse et de prospérité dont rêve le peuple.

En partageant le sort du peuple pour le meilleur comme pour le pire dans de rudes épreuves et en voyant de ses propres yeux la force de l’union de notre peuple, notre Parti a pu fixer ce que nous avons à faire à l’avenir.

Le VIIIe congrès du Parti du travail de Corée présentera l’orientation et l’objectif précis à suivre dans cette perspective, et notre Parti qui travaille pour le bonheur du peuple passera désormais à une nouvelle étape de lutte.

Plus nous monterons, plus les forces réactionnaires de tout acabit enrageront éventuellement de même que des difficultés imprévues pourront nous surprendre.

Cependant, ce ne sera rien en comparaison avec les épreuves que nous avons traversées. Nous avons la force et la certitude d’en venir à bout.

L’unité monolithique du Parti et des masses populaires cimentée dans une lutte de longue date et la force des talents et la base de l’indépendance préparées par notre socialisme seront à n’en pas douter la puissante force de promouvoir et d’accélérer notre progrès.

Notre Parti et notre peuple, qui ont fait des exploits inconcevables pour les autres à travers d’innombrables difficultés et épreuves jamais vues entreprendront, avec plus de courage et conviction, une ardeur et une détermination extraordinaire, leur marche vers de nouveaux développements et prospérité.

J’exigerai plus sévèrement de toutes les organisations du Parti, du gouvernement, des organes du pouvoir et des organismes des forces armées qu’ils travaillent avec opiniâtreté et soin à préparer un avenir meilleur à notre peuple.

Notre peuple se propose un grand idéal. Le jour viendra où cet idéal deviendra réalité.

Je veillerai à concentrer toutes les forces à cet effet pour aboutir à des innovations, innovations, progrès et changements réels tangibles dans la réalisation d’un objectif plus haut de l’édification du socialisme.

Camarades,

Nous sommes devenus forts et ne cessons pas de nous renforcer dans l’épreuve.

Le temps s’écoule à notre avantage.

Allons tous de l’avant d’un pas énergique vers un avenir socialiste radieux et vers de nouvelles victoires.

Pour terminer, je réitère mes remerciements au peuple entier de la bonne santé dont il jouit.

Mes remerciements sincères vont également aux cœurs qui mettent une confiance invariable dans notre Parti.

Vive notre grand peuple !

 

Source : Naenara

Intégralité de la parade célébrant le 75e anniversaire du Parti du travail de Corée, le 10 octobre 2020 à Pyongyang (source : KCTV)

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23 juin 2020 2 23 /06 /juin /2020 09:31

Le 19 juin 1997, Kim Jong Il, alors dirigeant suprême de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), publiait l'ouvrage Adhérer à l’esprit du Juche et à l’identité nationale au niveau de la révolution et du développement du pays. Idéologie directrice de la RPDC, le Juche pose pour principe que l’homme est maître de tout et décide de tout. Il offre la vision d'un monde dominé et modifié par l’homme, se développant grâce à son action et à son rôle actifs, dans le sens des services qu’il rend à l’homme et à la mesure du développement de celui-ci. Près d'un quart de siècle plus tard, les visions et principes énoncés par le Dirigeant Kim Jong Il en 1997, alors que la RPDC affrontait de fortes difficultés, n’ont jamais paru si actuels.

La Tour des idées du Juche, à Pyongyang, capitale de la RPDC

Souveraineté, identité nationale, indépendance, patriotisme économique, défense nationale souveraine, prennent toutes leurs dimensions dans le contexte d’une mondialisation de plus en plus contestée, et aux effets particulièrement négatifs mis en évidence par une pandémie de Covid-19 accompagnée, dans certains pays, d’un long confinement suivi d’un « déconfinement » marqué par un climat social inquiétant et dangereux où s’affichent injustices, rebellions, colères, luttes, violences identitaires, désobéissances. Alors qu'un effondrement économique menace, on voit aussi l'aspiration à un patriotisme économique pour le maintien du développement des pays concernés.

Face à cette situation qui touche toute la planète, l’esprit du Juche prend toute sa signification.

« Adhérer à l’esprit du Juche et à l’identité nationale est un principe fondamental à maintenir pour conserver et développer les valeurs de la nation à laquelle on appartient. L’union et la coopération basées sur l’indépendance, tels doivent être les vrais rapports internationaux », écrivait le Dirigeant Kim Jong Il en 1997.

La République populaire démocratique de Corée, sous la direction de Kim Jong Un, Président du Comité des affaires d’Etat, paraît avoir bien géré cette crise sanitaire, grâce à une capacité d'anticipation et à l’adhésion aux idées du Juche, conception du monde qui se veut axée sur l’homme et une idéologie authentiquement attachée au pays et à la nation autant qu’au peuple. 

Parmi les mesures prises par la RPDC, dès le début du mois de février 2020, toutes les personnes entrées après le 13 janvier en RPDC ont été recensées et suivies médicalement, les cas suspects étant mis en quarantaine. Les marchandises en provenance de l’étranger ont aussi été isolées pendant un certain temps et stérilisées. Parallèlement, le port du masque était rendu obligatoire dans les entreprises, écoles et autres établissements publics, en même temps que médicaments, matériels de protection individuelle et produits désinfectants étaient distribués dans chaque province, ville et arrondissement du pays. Les usines et entreprises de RPDC ont été mobilisées pour produire les solutions antiseptiques, médicaments et tenues de protection nécessaires.

Le 11 avril 2020, le Bureau politique du Comité central du Parti du travail de Corée (PTC) s'est réuni pour discuter de mesures encore plus rigoureuses à prendre pour lutter contre une pandémie devenue mondiale, faisant de cette lutte la priorité.

Le Parti du travail de Corée fait grand cas de l’identité nationale et des meilleures traditions nationales du peuple coréen et en tient compte dans tous les domaines du développement du pays.

« L’identité nationale incarne l’esprit souverain national et les traditions culturelles nationales, formant le trésor d’une nation », écrivait Kim Jong Il. « Une nation doit avant tout s’unir sur la base de sa volonté et de ses intérêts communs dans sa lutte pour sa souveraineté. La nation s’identifie avec le peuple ; le Parti et le Leader sont au centre de leur union et de leur cohésion. »

Il s'agit d'édifier une économie nationale puissante et une défense nationale indépendante. En l'occurrence, disposer de capacités militaires nécessaires à la préservation de la souveraineté, de la sécurité et de la dignité de la nation, permet d’affronter les provocations extérieures malveillantes et d’assurer le développement du pays. 

L’épidémie de Covid-19 a été un révélateur des motifs qui font que le PTC et le dirigeant de la RPDC demeurent fidèles à l'esprit du Juche, dans le permanent souci de garantir la souveraineté nationale et d’accroître le développement du pays, dans le cadre d’une économie indépendante à même d'améliorer la vie quotidienne des citoyens.

Kim Jong Il, Adhérer à l'esprit du Juche et à l'identité nationale au niveau de la révolution et du développement du pays, Éditions en langues étrangères, Pyongyang, 19 juin 1997

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2 janvier 2020 4 02 /01 /janvier /2020 15:39

Le 1er janvier 2020, pour la première fois depuis 2013, Kim Jong-un, chef d’État de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et président du Parti du travail de Corée (PTC) n’a pas prononcé de discours de Nouvel An. En revanche, il s’est exprimé au cours de la 5ème session plénière du 7ème Comité central du PTC qui s'est tenue du 28 au 31 décembre 2019. La durée exceptionnelle de cette session et le choix d'une intervention devant les plus hauts cadres du PTC, plutôt que d’une allocution publique, traduisent sans doute la gravité de la situation, dans un contexte où semble s'achever la phase diplomatique amorcée avec les Etats-Unis en 2018, et marquée par les sommets RPDC-Etats-Unis de juin 2018 et février 2019 (auxquels il convient d'ajouter une rencontre « impromptue » à Panmunjom le 30 juin 2019). Les discussions entre la RPDC et les Etats-Unis n’ont permis aucune avancée concrète sur les questions de l'établissement d'un régime de paix permanent en Corée, de la dénucléarisation de la péninsule coréenne et de la levée des sanctions à l'encontre de la RPDC. Au cours de son discours, Kim Jong-un semble donc avoir tiré le bilan de l'absence d'avancées diplomatiques et tracé une nouvelle voie pour 2020, tant dans la conduite des affaires diplomatiques qu’en matière de politique intérieure et de développement économique.

Faute d'avancées diplomatiques, la RPDC prône le renforcement de la défense et l'autosuffisance en 2020

Si, en théorie, ni les Etats-Unis ni la RPDC n’ont annoncé leur volonté de mettre fin à leurs négociations, les dernières semaines de l'année 2019 semblent avoir, en pratique, sonné le glas de tout espoir d’un accord, alors que se rapprochait la date butoir du 31 décembre fixée par Kim Jong-un dans son discours du 12 avril 2019 lors de la première session de la 14ème législature de l'Assemblée populaire suprême. Devant le Comité central du PTC, Kim Jong-un a déclaré que « l’intention des Etats-Unis est de tergiverser sous couvert de dialogue et de négociations afin d’atteindre leurs visées politiques et diplomatiques et en même temps de maintenir indéfiniment leurs sanctions dans le but d’user et d’affaiblir de plus en plus nos forces ».

De fait, incapables de présenter un plan de route crédible ni de faire la moindre concession permettant de parvenir à un accord équilibré, les Etats-Unis ont favorisé ce qui s’apparente à un « retour à la case départ ». Kim Jong-un a ainsi rappelé les efforts engagés par son pays en vue d'apaiser les tensions et l'hostilité constante manifestée par les Etats-Unis : « Rien que ces deux dernières années où notre République avait pris des mesures préalables de haute importance pour la création de la confiance entre la RPDC et les Etats-Unis, notamment la cessation des essais nucléaires et des tests de lancements de fusées balistiques intercontinentales et la suppression de la base d’essai nucléaire, les Etats-Unis, loin d’y répondre par leurs mesures correspondantes, ont effectué à des dizaines de reprises les exercices militaires conjoints d’une grande et petite envergure que le Président américain avait promis lui-même de cesser, et introduit en Corée du Sud des matériels de guerre de pointe pour nous menacer militairement, et adopté plus de dix fois des mesures de sanctions séparées contre nous. Ils ont ainsi montré de nouveau au monde que leur ambition d’écraser notre régime est invariable. »

Même si Donald Trump ne parle plus de « détruire complètement » la Corée du Nord, comme en septembre 2017 devant l'Assemblée générale des Nations unies, le risque d’un affrontement armé en Corée est désormais plus élevé. Le discours de Kim Jong-un au sujet des impératifs de la défense nationale tient évidemment compte de cette nouvelle donne et il a souligné la nécessité de prendre des « mesures offensives pour assurer efficacement la souveraineté et la sécurité de notre Etat ».

Deux informations d’une particulière importance ont été annoncées. Premièrement, la RPDC ne s'estime plus tenue par ses engagements de suspendre les essais nucléaires et les tests de lancements de missiles balistiques. Deuxièmement, la RPDC va développer de nouvelles « armes stratégiques » que « le monde verra dans un proche avenir ».

Justifiant ces annonces, Kim Jong-un a déclaré que, « à cause des actes brutaux des Etats-Unis, l’environnement extérieur de notre République ne change nullement à une heure où nous concentrons toutes nos forces sur l’édification économique, comme à l’époque où nous poursuivions la voie du développement parallèle [de l'économie et d'une force de dissuasion nucléaire], et les actes hostiles, la menace et le chantage nucléaires ne cessent de s’accentuer ». Tirant les conséquence de cette situation, le dirigeant de la RPDC a ajouté que, « dans cette circonstance, nous ne pouvons pas délaisser la sécurité de notre avenir en aspirant uniquement aux succès économiques concrets et au bien-être ».

La session plénière du Comité central du PTC a aussi abordé les difficultés économiques rencontrées en RPDC. Avec l'absence d'avancées diplomatiques avec les Etats-Unis, l’espoir d’un allègement des sanctions économiques semble s’éloigner et, avec lui, la possibilité d’une amélioration rapide de l’économie nord-coréenne.

Dans son discours, Kim Jong-un n’a ainsi pas caché l’existence des difficultés causées par les sanctions et les souffrances qui en découlaient pour la population : « Comme de tangibles succès n’ont pas été enregistrés dans la direction unifiée et la gestion stratégique des affaires économiques ni dans l’amélioration des méthodes de gestion et d’administration des entreprises, l’Etat n’a pas réussi à jouer son rôle d’organisation de l’économie, et de sérieux problèmes surgissent dans l’effort pour rajuster, étoffer et activer l’économie dans son ensemble et la porter à une étape d’accroissement. »

La RPDC devra continuer à privilégier le chemin de l’« autosuffisance », lequel a montré qu’il constituait une alternative crédible, notamment par le développement de grands projets d’infrastructures et de constructions. Le mot d’ordre est donc le suivant : « Plus nous renforçons notre propre force et créons de précieuses richesses sur la base de l'autonomie et de l'autosuffisance, plus les ennemis seront entraînés dans une agonie profonde et plus tôt viendra le jour de la victoire du socialisme. »

Dans ce cadre, Kim Jong-un a proposé un plan pour réaliser un « tournant décisif dans le développement de l'économie du pays et du niveau de vie de la population ». L’accent a notamment été mis sur les questions des sciences, de la santé et de l’éducation.

Kim Jong-un a beaucoup insisté sur la nécessité de réformer l’organisation économique, particulièrement dans les « secteurs industriels clés, piliers de l’économie indépendante », tels que notamment les « industries métallurgique, chimique, houillère et mécanique, des matériaux de construction, du transport ferroviaire et de l’industrie légère ». La nécessité de lutter contre les désastres naturels et d’agir en faveur de l’environnement a aussi été rappelée.

A l'issue de la réunion, la 5ème session plénière du 7ème Comité central du PTC a adopté un projet de résolution comportant les huit décisions suivantes :

1 - Mettre en ordre de nouveau les assises économiques du pays et mobiliser toutes les potentialités de production pour faire face aux nécessités du développement économique et de la vie du peuple ;

2 - Accorder de l’importance à la science et à la technique et améliorer l’enseignement et la santé publique reflétant l’aspect du régime socialiste ;

3 - Protéger l’écosystème et prendre des mesures de gestion de la crise dans le cadre de l’Etat pour faire face aux calamités naturelles ;

4 - Garantir la victoire de la lutte pour vaincre de front les difficultés grâce à la puissante offensive politique, diplomatique et militaire ;

5 - Intensifier la lutte contre les actes antisocialistes et non socialistes, instaurer la discipline morale et soigner l’éducation idéologique dans les organisations de travailleurs ;

6 - Renforcer le Parti, état-major de la révolution, et accroître sa capacité de direction considérablement ;

7 - Les cadres, personnel dirigeant de la révolution, se dévoueront pour s’acquitter de leur responsabilité et de leur devoir assumés devant le Parti, la révolution et le peuple dans la lutte pour surmonter de front les difficultés rencontrées sur la voie de l’édification du socialisme ;

8 -Les organisations du Parti à tous les échelons et les organismes politiques soigneront le travail d’organisation et la politique pour appliquer cette décision et les organismes concernés, notamment le Présidium de l’Assemblée populaire suprême et le Cabinet, prendront des mesures pratiques pour réaliser parfaitement les tâches définies dans la décision.

KCNA, 1er janvier 2020

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19 décembre 2019 4 19 /12 /décembre /2019 17:57

Le comté de Samjiyon, situé au nord-est de la péninsule coréenne, dans la province du Ryanggang de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), occupe une place de premier plan dans l’histoire de la RPDC : le Président Kim Il-sung y a dirigé la guérilla jusqu'en 1945, alors que la Corée était sous le joug de l'empire du Japon. Par ailleurs, c’est dans un camp situé au pied du Mont Paektu,  point culminant de la péninsule coréenne situé dans le même comté, qu’est né le 16 février 1942 le Dirigeant Kim Jong-il, successeur de Kim Il-sung de 1994 à 2011. Alors qu'était commémoré le 17 décembre 2019 le huitième anniversaire de la disparition de Kim Jong-il, Kim Jong-un, Chef d’État de la RPDC, a inauguré quelques jours auparavant, le 2 décembre, la nouvelle ville de Samjiyon, après des travaux qui ont complètement transformé cette dernière.

La ville de Samjiyon inaugurée le 2 décembre 2019 (source : KCNA)

La ville de Samjiyon inaugurée le 2 décembre 2019 (source : KCNA)

À un moment où la perspective d’un accord entre les États-Unis et la RPDC s’éloigne chaque jour d’avantage – et, avec elle, un allègement des lourdes sanctions pesant sur la RPDC -, l’inauguration de la « nouvelle ville de Samjiyon » démontre au monde que, malgré les difficultés, la RPDC dispose des ressources humaines et matérielles nécessaires pour réaliser en un temps record d’immenses projets d’infrastructures. Car l’inauguration de Samjiyon - la ville ne sera achevée en totalité qu’en 2021 - n’est qu’un des projets civils lancés ces dernières années sous l’impulsion de Kim Jong-un. On peut citer, entre autres, le Complexe scientifique et technologique (inauguré en 2016) et l'avenue Ryomyong (inaugurée en 2017), à Pyongyang, la cité balnéaire de Wonsan (en cours d'achèvement) ou encore le Complexe des sources chaudes de Yangdok, inauguré le 7 décembre 2019.

L'avenue Ryomyong inaugurée en 2017 (source : KCNA)

L'avenue Ryomyong inaugurée en 2017 (source : KCNA)

Le Complexe des sources chaudes de Yangdok inauguré le 7 décembre 2019 (source : KCNA)

Le Complexe des sources chaudes de Yangdok inauguré le 7 décembre 2019 (source : KCNA)

Ces immenses chantiers mobilisent tout un peuple et nombreux sont les volontaires et soldats mobilisés qui affluent de tout le pays pour participer à l’effort de construction. Surtout, ils illustrent des principes depuis longtemps ancrés dans le Juche, idéologie directrice de la RPDC, notamment les principes d’indépendance et de créativité.

Kim Jong-il (1942-2011) a joué un rôle primordial dans le développement des idées du Juche. Plus précisément, à partir de 1974, alors qu’il était  directeur du département de l'organisation et de l'orientation du Parti du travail  de Corée, Kim Jong-il a accompli un grand travail de théorisation, dont l’aboutissement fut la publication en 1982 d’un ouvrage important dans l'histoire des idées en RPDC : Des Idées du Juche.

De l'action politique de Kim Jong-il, on peut retenir deux événements marquants,  sur le plan intérieur et en matière de politique étrangère.

Sur le plan intérieur, il s’agit bien évidemment de la lutte contre les conséquences des tragiques événements de la décennie 1990, période désignée en RPDC comme la « dure marche ». Si le bilan humain de la famine qui frappa la RPDC à la fin des années 1990 est toujours controversé, il s’agit sans doute de l’événement le plus dramatique de l’histoire de la péninsule coréenne depuis la fin de la guerre  en 1953. Aussi, cette période reste durablement ancrée dans les mémoires, tant en Corée qu’à l’étranger. Pourtant, on ne peut que regretter que beaucoup d’observateurs étrangers et experts plus ou moins autoproclamés de la Corée du Nord mettent toujours en avant des images et témoignages vieux de plus de 20 ans, et soient incapables de mesurer et apprécier l’importance de la modernisation voulue et accomplie ces dernières années  par la RPD de Corée sous la direction de Kim Jong-il puis de Kim Jong-un.

Alors que la RPDC était en proie à d’immenses défis, Kim Jong-il a d'abord voulu protéger les intérêts vitaux de son pays, notamment face aux tentatives de déstabilisation d'ampleur croissante. En ce sens, la poursuite du programme de développement d'une force de dissuasion nucléaire autonome, malgré les difficultés économiques, grâce à la politique du Songun (priorité aux affaires militaires), a sans doute permis à la RPDC de conserver sa souveraineté et de maintenir l’équilibre des forces en Corée. Ainsi, Kim Jong-il a écrit : « Se défendre par ses propres moyens est un des principes essentiels de l'édification d'un État indépendant et souverain. Tant qu'existe l'impérialisme, un pays qui ne dispose pas de forces armées d'autodéfense susceptibles de repousser ses ennemis, de l'intérieur comme de l'extérieur, ne peut, en fait, être considéré comme un pays complètement indépendant et souverain. » (Kim Jong-il, Des Idées du Juche,  « L’autodéfense en matière de sécurité nationale », Éditions en langues étrangères, Pyongyang, 1982).

Il convient de noter que la dissuasion « du faible au fort » pratiquée par la RPDC est analogue à la doctrine française de dissuasion voulue par le Président Charles de Gaulle dans les années 1960, dans un contexte différent puisque, à cette époque, la France bénéficiait encore du  « parapluie nucléaire » des États-Unis et ses intérêts vitaux étaient moins menacés que ceux de la RPDC dans les années 1990...

Mais la politique de priorité aux affaires militaires ne fut jamais une fin en soi et s’est accompagnée d'efforts diplomatiques de la part de la RPDC qui ont marqué un tournant décisif pour la Corée et pour le monde.

On retiendra d'abord la relance du dialogue inter-coréen entre 1998 et 2008 et les historiques sommets entre Kim Jong-il et les présidents sud-coréens Kim Dae-jung, en juin 2000, et Roh Moo-hyun, en octobre 2007.  Les déclarations signées conjointement par les dirigeants suprêmes des deux États coréens le 15 juin 2000 et le 4 octobre 2007 posèrent les bases d'une réunification de la Corée dans l'indépendance et la paix « par les propres efforts du peuple coréen ». Deux des résultats les plus emblématiques de la relance du dialogue inter-coréen furent le circuit touristique des monts Kumgang et la zone industrielle de Kaesong, projets malheureusement arrêtés, respectivement, en juillet 2008 et février 2016 par les gouvernements conservateurs revenus au pouvoir en Corée du Sud.

Le Dirigeant Kim Jong-il accueille le Président Kim Dae-jung à Pyongyang le 13 juin 2000

Le Dirigeant Kim Jong-il accueille le Président Kim Dae-jung à Pyongyang le 13 juin 2000

Kim Jong-il a aussi tendu la main aux pires ennemis de son pays, en déléguant à Washington du 9 au 12 octobre 2000 le vice-président de la Commission de la défense nationale de la RPDC, le vice-maréchal Jo Myong-rok, visite suivie par celle de la secrétaire d'État américaine Madeleine Albright à Pyongyang le 23 octobre 2000. Le 17 septembre 2002, Kim Jong-il reçut aussi à Pyongyang le Premier ministre japonais Junichiro Koizumi.

La secrétaire d'État Madeleine Albright accueillie par Kim Jong-il à Pyongyang le 23 octobre 2000

La secrétaire d'État Madeleine Albright accueillie par Kim Jong-il à Pyongyang le 23 octobre 2000

À l'instar des grands projets civils menés en dépit des difficultés économiques - souvent imposées de l'extérieur -, les gestes diplomatiques spectaculaires accomplis par la RPDC au cours des deux dernières décennies, démontrant que le dialogue est toujours possible, adressent un message d'espoir au monde entier.

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16 juillet 2019 2 16 /07 /juillet /2019 22:01

La révision constitutionnelle de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), adoptée au début de la 14ème législature de l'Assemblée populaire suprême, a été dévoilée le 11 juillet 2019. Depuis sa promulgation en 1972, cette Constitution – la seconde dans l’histoire de la RPDC depuis 1948 - a fait l’objet de sept amendements et la révision adoptée en avril 2019, la dernière en date, apporte trois modifications principales. Premièrement, le titre de chef de l’Etat n’est plus uniquement dévolu au président du Présidium de l’Assemblée populaire suprême mais aussi au président de la Commission des affaires d’Etat, Kim Jong-un. Ensuite, un nouveau mode de gestion et d’organisation des entreprises vient officiellement remplacer le modèle dit Tae-an, en vigueur depuis le début des années 1960. Enfin, on ne trouve plus trace dans la Constitution de référence à la politique de Songun donnant la priorité aux affaires militaires.

La révision de la Constitution de 1972 votée le 11 avril 2019 au cours de la première session de la 14ème législature de l'Assemblée populaire suprême est la septième (après les révisons constitutionnelles de 1992, 1998, 2009, 2012, 2013 et 2016) et la quatrième depuis l'arrivée au pouvoir de Kim Jong-un (décembre 2011). On savait que, au cours de cette première session, outre le passage de flambeau entre Kim Yong-nam et Choe Ryong-hae au poste de président du Présidium de l’Assemblée populaire suprême, une révision constitutionnelle avaient été adoptée mais le texte final n’avait pas été publié. C’est chose faite depuis le 11 juillet 2019.

En premier lieu, on retiendra de la révision du 11 avril 2019 qu’elle vient mettre fin à une « bizarrerie constitutionnelle », dans le sens où auparavant, le titre de chef de l’Etat était dévolu au président du Présidium de l’Assemblée populaire suprême et non pas au président de la Commission des affaires d’Etat, c’est-à-dire à Kim Jong-un, par ailleurs président du Parti du travail de Corée et commandant suprême des forces armées de la RPDC. Avec cette révision, la Constitution accorde à présent, dans son article 100, la fonction de « représenter l’Etat » non seulement au président du Présidium de l’Assemblée populaire suprême mais aussi au président de la Commission des affaires d’Etat.

Dans les faits, il s’agit d’une évolution symbolique et qui ne devrait pas apporter un changement significatif dans la pratique de l’exercice du pouvoir en RPDC. De l’avis de certains analystes, ce changement devrait favoriser la signature d’un traité de paix remplaçant l'accord d'armistice de 1953, dans le sens où si un tel traité devait être conclu, ce serait au Chef de l’Etat, Kim Jong-un en l'occurrence, de le signer. La signature d’un traité de paix en Corée dépend toutefois d'autres paramètres qu’une révision constitutionnelle…

Sur le plan protocolaire, cette révision constitutionnelle n’a qu’un effet assez limité. En effet, conformément à l’article 116 de la Constitution révisée, il revient toujours au président du Présidium de l’Assemblée populaire suprême la mission de recevoir les lettres de créance des ambassadeurs étrangers en poste à Pyongyang.

La deuxième modification majeure apportée à la Constitution par la révision du 11 avril 2019 réside dans l’actualisation du modèle de gestion jusqu’alors en vigueur dans les entreprises. En effet, le « modèle Tae-an » est remplacé à l’article 33 de la Constitution par un « modèle de gestion responsable des entreprises socialistes », officialisant ainsi l’accroissement de l'autonomie des dirigeants d’entreprises sur les unités de production, tout en rappelant l’existence du concept de « profitabilité », déjà présent dans la Constitution nord-coréenne.

Avec ce changement, c’est tout un pan de la culture économique nord-coréenne qui se transforme. En effet, à l'occasion d'une visite à l’usine de machines électriques de Tae-an en décembre 1961, Kim Il-sung, alors Premier ministre de la RPD de Corée, avait reconnu qu’« en examinant en profondeur qui dirige la production, comment cela se concrétise, de quelle manière les ateliers sont dirigés et de quelle façon ces derniers s’acquittent de leurs tâches, nous avons constaté que l’actuel système de direction de la production présente de graves défauts ». (Kim Il-sung, De la gestion de l’économie socialiste, Editions en langues étrangères, Pyongyang, 1992, pp 37-38)

Sur la base de ce constat, Kim Il-sung avait préconisé un nouveau modèle d’organisation des entreprises, dit Tae-an, d’après lequel il revenait au comité du Parti du travail de Corée dans les usines, placé sous l’autorité d’un ingénieur en chef, de jouer le rôle d’« état-major chargé de diriger la production » ainsi que d’être en charge de la « coordination des différents services ». Ce modèle avait ensuite été généralisé aux autres unités de production dans tout le pays.

Sur ce volet, la révision d’avril 2019 a pour objectif de donner plus d’autonomie aux entreprises et à leurs dirigeants dans l’organisation quotidienne de la production et notamment par rapport au plan. En effet, à l’heure actuelle, il est possible pour les entreprises de conserver une part des bénéfices réalisés une fois que les exigences du plan ont été satisfaites.

Cette révision constitutionnelle entérine une réalité quotidienne déjà à l’œuvre depuis plusieurs années dans la gestion des entreprises et qui avait été appelée de ses vœux par Kim Jong-un lors de son discours de clôture du 7ème congrès du Parti du travail de Corée en mai 2016.

Enfin, la révision constitutionnelle du 11 avril 2019 a supprimé toute référence à la politique de Songun donnant la priorité aux affaires militaires, initiée par Kim Jong-il et intégrée dans la Constitution en octobre 1998. Preuve de son importance, l’article 3 de la Constitution de 1972 disposait, dans sa version amendée en 2009, que « la République populaire démocratique de Corée se guide dans ses activités sur les idées du Juche, les idées du Songun ».

A l’époque, la politique de Songun était une réponse à un contexte politique incertain, qui avait vu disparaître les alliés traditionnels de la RPDC et se multiplier les offensives diplomatiques contre elle, notamment suite au développement de sa force de dissuasion nucléaire.

Après son accession à la direction suprême de la RPD de Corée en décembre 2011, Kim Jong-un a opéré un rééquilibrage : la priorité à l’armée de la politique de Songun a laissé la place au Byongjin, soit le développement parallèle de l’arme atomique et de l’économie. Après la réussite de son sixième essai nucléaire (3 septembre 2017) et du lancement d'un missile balistique intercontinental (29 novembre 2017), la RPDC a considéré disposer d'une force de dissuasion suffisante, et a mis un terme au Songun et au Byongjin pour se focaliser sur le développement économique, notamment grâce aux technologies de pointe.

Cette révision constitutionnelle ne doit cependant pas laisser croire que l’Armée populaire de Corée jouera un rôle secondaire à l'avenir. Il faut comprendre de cette révision que l’armée a accompli sa tâche en développant avec succès l’arme nucléaire et les vecteurs associés, garantissant à la RPDC sa souveraineté et son indépendance et lui permettant de parler d’égal à égal avec les autres puissances, à commencer par les Etats-Unis. Maintenant, l’armée nord-coréenne, qui est aussi un opérateur économique de première importance, peut se consacrer pleinement au développement du pays, en intervenant sur les grands chantiers en cours en RPDC.

 

Version originale coréenne du texte de la Constitution de la République populaire démocratique de Corée amendée en avril 2019 

 

Sources :

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