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9 février 2018 5 09 /02 /février /2018 21:07

Les Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang se sont ouverts le 9 février 2018 : le Président Moon Jae-in de la République de Corée était assis aux côtés, notamment, de Kim Yong-nam, président du praesidium de l'Assemblée populaire suprême de la République populaire démocratique de Corée et de Kim Yo-jong, directrice adjointe de département du Parti du travail de Corée et soeur cadette du Président Kim Jong-un, du Premier ministre japonais Shinzo Abe et de Mike Pence, vice-président des Etats-Unis, qui était accompagné de son épouse Karen Pence - alors que faisait également partie de la délégation américaine Ivanka Trump, fille du Président Donald Trump. L'organisation des cérémonies d'ouverture et les discours prononcés ont témoigné de la volonté de faire briller l'esprit olympique de paix et de dialogue, malgré un certain nombre de fausses notes délibérées du vice-président Mike Pence - qui ont surtout révélé l'isolement diplomatique des Etats-Unis sur la question coréenne.

A la tribune, au premier rang à gauche sur la photo le Président Moon Jae-in, à droite Mike Pence et à l'extrême-droite Shinzo Abe ; au second rang, derrière Mike Pence, le Président Kim Yong-nam et Kim Yo-jong

A la tribune, au premier rang à gauche sur la photo le Président Moon Jae-in, à droite Mike Pence et à l'extrême-droite Shinzo Abe ; au second rang, derrière Mike Pence, le Président Kim Yong-nam et Kim Yo-jong

Le besoin de promouvoir la paix et le dialogue ont été au coeur du discours du Président Moon Jae-in, prononcé lors d'un repas en l'honneur des chefs de délégation étrangère quelques heures avant la cérémonie d'ouverture, en saluant également le symbole puissant que constitue la formation d'une équipe unifiée de hockey féminin entre Nord et Sud-Coréens pour la réconciliation et la réunification de la Corée : 

Beaucoup de chefs d'Etat et dirigeants sont ici réunis aujourd'hui. Je réalise combien il est significatif et heureux que se déroule un tel événement sportif dans un monde où existent la confrontation et le conflit (...) La chose la plus importante est que nous soyons ici tous ensemble. Le fait que nous soyons réunis ici symbolisera le précieux premier pas vers la paix dans le monde (...) Les joueuses Sud et Nord-coréennes s'aidant mutuellement pour gagner restera dans les mémoires comme un grand écho de paix dans les cœurs de la population mondiale.

Thomas Bach, président du Comité international olympique (CIO), a fait écho au chef d'Etat sud-coréen en rappelant les valeurs de l'olympisme, de paix, de dialogue et de compétition équitable : 

C'est le moment que nous attendions tous: les premiers Jeux olympiques d'hiver en Corée du Sud (...) Chers athlètes, c'est à vous maintenant. Cela sera la compétition de votre vie. Vous nous inspirerez tous à vivre en paix et en harmonie malgré toutes nos différences. Vous nous inspirerez en concourant pour les plus grands honneurs en respectant l'esprit olympique de l'excellence, du respect et du fair-play.

Le Président Moon Jae-in et le Président du CIO Thomas Bach

Le Président Moon Jae-in et le Président du CIO Thomas Bach

Le producteur de cinéma Song Seung-hwan avait créé le spectacle de la cérémonie d'ouverture, qui a raconté en six tableaux le parcours de cinq enfants dans une quête de la paix à travers le temps qui a retracé l'histoire et la modernisation de la Corée, et s'est achevé par un lâcher de colombes en papier sur la musique de Imagine de John Lennon. Le chiffre "cinq" a symbolisé les cinq anneaux olympiques, ainsi que les cinq éléments -  le feu, l'eau, le bois, le métal et la terre - qui figurent sur le drapeau sud-coréen, apporté dans l'arène par huit athlètes du Pays du matin calme.

L'esprit olympique marque l'ouverture des Jeux de Pyeongchang

La flamme olympique a été allumée par la Coréenne Kim Yu-na, figure de proue du patinage artistique mondial - championne olympique 2010 et double championne du monde 2009 et 2013. Le chaudron olympique, dessiné par Kim Yeong-se, s'inspire de la porcelaine blanche de la dynastie Choseon (1392-1910).

La patineuse Kim Yu-na allume la flamme olympique

La patineuse Kim Yu-na allume la flamme olympique

Suivant l'usage, les athlètes ont défilé par nom de pays dans l'ordre alphabétique de la langue du pays hôte - la Grèce ouvrant ainsi le défilé. Le porte-drapeau de Tonga, Pita Taufatofua a créé la sensation en défilant torse nu, vêtu d'un pagne, malgré le froid glacial.

Le pays d'accueil a clos la marche : la délégation coréenne unifiée, Nord et Sud, a été vivement applaudie, son apparition sur une version électronique de Arirang constituant l'un des moments les plus émouvants de la cérémonie d'ouverture. Le drapeau de la réunification a été porté par le
 bobsleigheur sud-coréen Won Yun-jong et la hockeyeuse nord-coréenne Hwang Chung-gum. C'était la quatrième fois que les athlètes de toute la Corée défilaient ensemble (après les Jeux d'été de 2000 et 2004 et d'hiver de 2006), mais la première fois sur le sol de la péninsule coréenne.

Défilé commun des athlètes de toute la Corée

Défilé commun des athlètes de toute la Corée

Les porte-drapeaux coréens Hwang Chung-gum et Won Yun-jong

Les porte-drapeaux coréens Hwang Chung-gum et Won Yun-jong

Dans cette ambiance de paix et de réconciliation, la délégation américaine s'est singularisée : alors que le Président Donald Trump, faisant contre mauvaise fortune bon coeur, avait initialement salué le rapprochement intercoréen à l'occasion des Jeux de Pyeongchang, il avait ensuite repris son ton militariste habituel en fustigeant la Corée du Nord lors de son discours sur l'état de l'Union, le 30 janvier 2018, en dénonçant "la complaisance et les concessions" vis-à-vis de Pyongyang. Continuant sur cette lancée, Mike Pence a invité personnellement en Corée du Sud Fred Warmbier, le père de l'étudiant américain Otto Warmbier tragiquement disparu après avoir été libéré de Corée du Nord. Puis il a évité les membres de la délégation nord-coréenne assis derrière lui lors de la cérémonie d'ouverture, de même que lors du repas donné par le Président Moon Jae-in en l'honneur des délégations étrangères : arrivé en retard, saluant les convives à l'exception notable du Président nord-coréen, il ne s'est ainsi pas assis à la table d'honneur, où il se serait retrouvé en face du Président Kim Yong-nam, compte tenu du protocole.

Cette attitude, contrastant avec celle des autres participants, a renforcé encore l'isolement américain sur le dossier nord-coréen - le Japon étant l'un des rares alliés des faucons américains. En particulier, la poignée de mains entre les Présidents Kim Yong-nam et Moon Jae-in a été particulièrement saluée, concrétisant l'espoir d'une ère nouvelle de paix et de dialogue en Corée et dans le monde. 

Les présidents Kim Yong-nam et Moon Jae-in

Les présidents Kim Yong-nam et Moon Jae-in

Principales sources : 

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18 janvier 2018 4 18 /01 /janvier /2018 08:37

Le 17 janvier 2018, des discussions se sont tenues au niveau des vice-ministres de la République de Corée (RDC, Corée du Sud) et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) au "village de la trêve" à Panmunjom, après la rencontre qui s'était tenue huit jours plus tôt au niveau ministériel, afin de préciser les modalités de la participation des Nord-Coréens - qu'ils soient ou non des sportifs - aux Jeux olympiques de Pyeongchang. En particulier, tous les athlètes coréens défileront sous le même drapeau lors de la cérémonie d'ouverture, et une équipe commune sera formée en hockey féminin. 

JO de Pyeongchang : les deux Corée défileront ensemble et formeront une seule équipe en hockey féminin

Les résultats de la rencontre du 17 janvier 2018 ont été spectaculaire, non pas tant par la nature des mesures décidées (ce n'est pas la première fois que les athlètes coréens défileront ensemble lors d'une cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, ou encore qu'ils enverront de nombreux supporteurs et formeront des équipes conjointes) qu'au regard de la rapidité du dégel des relations inter-coréennes : à cet égard les résultats atteints en quelques semaines traduisent bien une volonté partagée, des deux gouvernements coréens, de renouer avec la coopération Nord-Sud telle qu'elle a existé avant la décennie de présidence conservatrice Séoul (2008-2017), qui a été une décennie perdue pour la paix et la réunification de la Corée. Des avancées dans les relations Nord-Sud dans d'autres domaines peuvent ainsi légitimement être attendues.

La RPD de Corée participera ainsi aux Jeux d'hiver dans quatre disciplines : patinage artistique en couple, ski alpin, ski de randonnées nordique, et hockey sur glace féminin. Pour cette dernière discipline, il s'agira d'une équipe conjointe Nord-Sud, qui devrait être constituée de cinq ou six athlètes nord-coréennes. Cette participation commune conforte l'esprit olympique de paix et de dialogue, puisque la réunion du 17 janvier a aussi conduit à l'annonce que les Nord et les Sud-Coréens défileraient ensemble lors de la cérémonie d'ouverture, derrière le drapeau de la Corée réunifiée, représentant une carte du pays en bleu sur fond blanc. Le nombre de participants parmi les athlètes nord-coréens dépendra des critères du Comité international olympique (CIO) qui délivrera les invitations, puisque les Nord-Coréens ne se sont qualifiés au regard des critères sportifs qu'en patinage artistique avec Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik : Thomas Baich, président du CIO, doit rencontrer des représentants des deux Etats coréens à Lausanne ce samedi 20 janvier 2018.

Outre leurs athlètes, les Nord-Coréens enverront 230 supportrices et une équipe de démonstration en Taekwon-do de 30 membres, soit au total 130 artistes du spectacle, ce qui porterait la taille totale de la délégation de la RPD de Corée à un total compris entre 400 et 500 personnes. La délégation nord-coréenne viendra par la voie terrestre, franchissant donc symboliquement la zone démilitarisée qui sépare les deux parties divisées de la Corée.

Il a également été convenu qu'un événement culturel conjoint sera organisé au nord, dans les Monts Kumgang, et que les skieurs olympiques originaires de toute la péninsule s'entraîneraient dans la station de ski de Masikryong, en RPD de Corée, inaugurée il y a quatre ans.

Sources : 

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9 janvier 2018 2 09 /01 /janvier /2018 20:06

A l'issue de la première rencontre de haut niveau organisée depuis plus de 2 ans entre Nord et Sud-Coréens au "village de la trêve" à Panmunjom, dans la zone démilitarisée, le 9 janvier 2018, la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) a confirmé sa participation aux Jeux olympiques et paralympiques de Pyeongchang, qui se tiendront en République de Corée (Corée du Sud) en février-mars prochains. Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un avait ouvert la perspective d'une participation aux JO d'hiver dans son discours de Nouvel An, tandis que le Président sud-coréen Moon Jae-in avait ensuite obtenu l'accord des Etats-Unis pour reporter les manoeuvres militaires conjointes prévues au premier trimestre 2018. Les deux parties ont également rétabli le dialogue sur les questions militaires. 

Poignée de main entre les chefs des deux délégations : Cho Myoung-gyon, ministre de la Réunification de la République de Corée (à droite), et Ri Son-gwon, président de la Commission de la RPD de Corée pour la réunification pacifique de la Corée (à gauche).

Poignée de main entre les chefs des deux délégations : Cho Myoung-gyon, ministre de la Réunification de la République de Corée (à droite), et Ri Son-gwon, président de la Commission de la RPD de Corée pour la réunification pacifique de la Corée (à gauche).

Le ton chaleureux de la rencontre a été donné par Ri Son-gwon, qui a souligné la volonté du peuple coréen - de tous les Coréens - de progresser sur la voie de la paix et de la réunification : 

Offrons au peuple un cadeau précieux pour le Nouvel An, a lancé le Nord-Coréen. On dit qu’un voyage entrepris à deux dure plus longtemps qu’un voyage solitaire.

Cho Myoung-gyon, chef de la délégation sud-coréenne, a partagé ce rêve et cette ambition, en répondant que "le peuple souhaite ardemment voir le Nord et le Sud aller vers la paix et la réunification".

De fait, les sujets du communiqué de presse conjoint dépassent la seule question de la participation nord-coréenne aux Jeux olympiques et paralympiques de Pyeongchang (qui a été actée). A cet égard, la RPDC désire envoyer non seulement des athlètes, mais aussi des officiels de haut niveau, des journalistes, des observateurs et des supporteurs, ainsi que des troupes artistiques et une équipe de démonstration de Taekwon-do, le sport national de combat coréen. Les modalités opérationnelles de cette participation (trajet - par voie terrestre ? -, logement, sécurité) devront donner lieu à des discussions ultérieures. L'idée que les athlètes du Nord et du Sud défilent sous une bannière commune, comme cela avait été le cas aux Jeux olympiques de 2000, 2004 et 2006, n'a pas été retenue - du moins à ce stade.

Le deuxième grand thème abordé a porté sur les questions militaires. Après le rétablissement d'une ligne de communication civile quelques jours plus tôt, le Nord a annoncé la réouverture de la ligne de communication militaire avec le Sud, suspendue en février 2016 - après que le Sud avait décidé d'arrêter les activités de la zone économique conjointe de Kaesong. Les deux parties ont convenu d'engager des discussions sur les questions militaires, de manière à réduire les tensions dans la péninsule - et par voie de conséquences le risque d'accrochages meurtriers qui n'ont que trop endeuillé la péninsule coréenne depuis la signature de l'accord d'armistice, en juillet 1953.

Le Sud a demandé l'organisation de réunions de familles séparées de part et d'autre du 38e parallèle, à l'occasion du Nouvel An lunaire, qui tombera cette année le 16 février, cette date coïncidant avec la période des Jeux olympiques (du 9 au 25 février). Le communiqué conjoint ne mentionne pas cette question, qui devra en tout état de cause faire l'objet de consultations en RPD de Corée, avant d'être traitée par des échanges entre les Croix-Rouges des deux Etats.

La reprise du dialogue intercoréen a été saluée à Pékin et même à Washington - Donald Trump voulant y voir un signe du bien-fondé de sa ligne intransigeante pour ramener Pyongyang à la table des négociations. D'aucuns diront toutefois que les Américains ont plutôt été mis par les Coréens devant le fait accompli, et qu'il était difficile à l'administration américaine de se mettre en porte-à-faux.

Ce pragmatisme n'est pas partagé par l'opposition sud-coréenne (conservatrice) du Parti de la Liberté de la Corée, toujours hostile à tout dialogue avec le Nord et pro-américaine, et qui a vivement dénoncé la reprise de discussions fragilisant, selon elle, l'alliance américano-sud-coréenne. Ce point de vue n'est pas partagé par l'opinion publique sud-coréenne qui, à 75 %, approuve les initiatives prises pour progresser sur le (long) chemin du rétablissement du dialogue et des échanges Nord-Sud, réduits à néant au cours des deux présidences sud-coréennes conservatrices (2008-2017). Pendant cette décennie perdue pour la réunification de la Corée, la stratégie des conservateurs au pouvoir à Séoul avait consisté à lier les relations intercoréennes et les programmes balistique et nucléaire nord-coréens, tout en apportant un appui inconditionnel aux sanctions internationales contre la RPDC : elle s'était révélée un fiasco non seulement pour la réconciliation Nord-Sud et la diminution durable des tensions, mais aussi d'un point de vue stratégique, n'ayant pas empêché la RPD de Corée de se doter d'une force de dissuasion nucléaire vis-à-vis des Etats-Unis.

Mais cette influence néfaste des conservateurs ne doit pas être sous-estimée, compte tenu du très fort lobbying médiatique qu'ils exercent, notamment dans les médias néo-conservateurs à Séoul et à l'étranger : comme par le passé, ils devraient ouvrir un nouveau front médiatique en remettant au premier plan de l'actualité la question des droits de l'homme au Nord, sur la base d'éléments avérés ou fabriqués. Ainsi, le Sud a évoqué à Panmunjom la question du dialogue sur la dénucléarisation de la RPDC (thème favori des néoconservateurs), soulevant sans surprise de "fortes objections" du Nord, selon les termes de l'agence sud-coréenne Yonhap : Pyongyang a toujours considéré que la question nucléaire relève de ses relations avec les Etats-Unis, et non du dialogue Nord-Sud ; la mention sud-coréenne de ce sujet, sauf si elle visait à donner des gages aux néoconservateurs dans un but tactique de politique intérieure, est de nature à faire échouer la reprise du dialogue Nord-Sud, qui devra encore être consolidée. Le rétablissement de la confiance mutuelle, mise à mal par 9 ans de duplicité des conservateurs sud-coréens qui ont détruit les échanges Nord-Sud sous prétexte d'établir de nouveaux paradigmes, constitue bien un processus long et difficile. 

Sources : 

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5 janvier 2018 5 05 /01 /janvier /2018 21:34

Le 9 janvier 2018, après l'ouverture faite par le Président Kim Jong-un dans son discours de Nouvel An, des délégations de la République de Corée (Corée du Sud) et de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) se rencontreront à la Maison de la paix du village de la trêve, à Panmunjom, pour la première fois depuis décembre 2015, et quelques jours après le rétablissement de la ligne téléphonique d'urgence entre les deux Etats coréens. Parmi les sujets devant être discutés pour restaurer les relations Nord-Sud figurent les conditions de participation de la RPDC aux Jeux olympiques puis paralympiques qui se dérouleront à Pyeongchang (Gangneung et Jeongseon), au Sud de la péninsule, du 9 au 25 février (pour les JO) puis du 8 au 18 mars (pour les Jeux paralympiques). Les espoirs d'une diminution durable des tensions et d'un retour sur la voie du dialogue sont d'autant plus grands que les Etats-Unis ont accepté, sur la demande de la République de Corée et à la suite d'une discussion entre les Présidents Moon Jae-in et Donald Trump, le 4 janvier, de suspendre les exercices de guerre conjoints qui auraient dû avoir lieu, pendant la trêve olympique. 

Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik sont les deux athlètes nord-coréens à s'être qualifiés sportivement aux Jeux de Pyeongchang.

Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik sont les deux athlètes nord-coréens à s'être qualifiés sportivement aux Jeux de Pyeongchang.

Le 29 septembre 2017, les patineurs nord-coréens Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik se qualifiaient en Allemagne aux Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang, en patinage artistique. D'autres athlètes de la RPD de Corée pourraient bénéficier d'invitations du Comité international olympique (CIO), indépendamment de leurs résultats : si le CIO estime la Corée du Nord capable de prendre part à toutes les disciplines, c'est en patinage de vitesse, en ski de fond et en hockey sur glace féminin que les probabilités que soient délivrées des invitations sont les plus élevées. La décision du CIO concernera aussi le couple de patineurs Ryom et Kim, puisque le Comité olympique de la RPDC a omis, dans un contexte de tensions internationales, de confirmer leur participation dans les délais requis - mais dans ce cas l'accord du CIO ne devrait être qu'une formalité.

Des athlètes nord-coréens sont également attendus aux Jeux paralympiques, sur invitation, notamment les skieurs Ma Yoo-cheol et Kim Jung-hyun - ainsi que l'a annoncé Shin Young-soon, président de la Fondation américaine Kinsler qui soutient leur participation aux Jeux paralympiques. Dans un entretien à l'agence sud-coréenne Yonhap cité par The Korea Herald, Shin Young-soon a précisé que les deux athlètes s'étaient entraînés pendant 10 jours sur le mont Paektu avec un entraîneur canadien, et qu'ils poursuivraient leur entraînement près de Francfort.


Si la RPD de Corée n'est pas une nation majeure des Jeux olympiques d'hiver, elle n'en a pas moins participé à la plupart des dernières éditions des Jeux - sauf en 1994, 2002 et 2014. A Albertville en 1992, 20 athlètes nord-coréens avaient même pris part à la compétition - parmi eux, Hwang Ok-sil avait remporté une médaille de bronze en patinage de vitesse (500 m dames). Auparavant, aux Jeux d'Innsbruck en 1964, Han Pil-hwa avait décroché l'argent, également en patinage de vitesse (3 000 m dames).

Lee Hee-beom, président du comité organisateur des Jeux de Pyeongchang, a évoqué une possible venue des athlètes nord-coréens par la route, alors que les trajets entre les deux Corée doivent normalement s'effectuer via un pays tiers (généralement la Chine) - tandis que des groupes de supporteurs pourraient venir par bateau. 

Le sport en général, et les Jeux olympiques en particulier, ont été un puissant facteur de rapprochement intercoréen pendant la décennie du "rayon de soleil" (1998-2008) - avant que le retour au pouvoir des conservateurs à Séoul ne ruine les fragiles acquis du dialogue Nord-Sud, jusqu'à la victoire du démocrate Moon Jae-in, en mai 2017, qui a toujours plaidé pour un rétablissement des échanges intercoréens. Lors des Jeux d'été de Sydney en 2000 et d'Athènes en 2004, puis des Jeux d'hiver de Turin en 2006, Nord et Sud-Coréens avaient défilé sous la même bannière lors des cérémonies d'ouverture, derrière le drapeau de la Corée unifiée, représentant la carte du pays en bleu sur fond blanc. 

Délégation unifiée de la Corée lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'Athènes, en 2004.

Délégation unifiée de la Corée lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'Athènes, en 2004.

Sources : 

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1 janvier 2018 1 01 /01 /janvier /2018 11:47

Dans son traditionnel discours de Nouvel An, le Président Kim Jong-un a mis l'accent sur la nécessité de poursuivre l'édification d'une nation "puissante et prospère" en 2018. Alors que l'année 2017 a marqué la pleine accessibilité de la République populaire démocratique de Corée (RPDC) au rang de puissance nucléaire, dotée d'une force de dissuasion opérationnelle, il a souligné que cette arme avait un caractère défensif et que la RPDC était toujours ouverte à la paix et au dialogue. Si une part importante de son discours a été consacrée au développement économique et social du pays, la partie la plus commentée à l'étranger a concerné son souhait que les Jeux olympiques d'hiver qui se dérouleront à Pyeongchang, en République de Corée (Corée du Sud) du 9 au 25 février 2018, soient un succès, en réitérant son appel au dialogue intercoréen. Ce message a été salué à Séoul, alors que le Président Moon Jae-in avait exprimé la volonté que la trêve olympique ne soit pas marquée par les habituelles manœuvres militaires américano-sud-coréennes.

Discours de Nouvel An : Kim Jong-un délivre un message pour la paix, le dialogue et la prospérité

La dissuasion nucléaire : une réalité qui empêche désormais une attaque américaine

S'il ne s'agit pas de la partie la plus longue du discours du Président Kim Jong-un, elle ouvre son discours de Nouvel An : disposant désormais d'une bombe thermonucléaire (bombe H) et ayant procédé à différents lancements de missile pouvant être les vecteurs de têtes nucléaires en 2017, la RPD de Corée dispose à présent d'une force de dissuasion nucléaire "puissante et fiable", qu' "aucune force ne pourra renverser".

Dans une formule qui rappelle que les déclarations du Président américain Donald Trump (qui n'a pas été nommé) s'attaquaient à lui ad hominem, Kim Jong-un a observé que, désormais, les Etats-Unis ne pouvaient plus "mener une guerre contre moi ou mon pays", et que désormais "tout le territoire américain était à la portée de notre frappe nucléaire" :

Le bouton nucléaire est toujours sur mon bureau, et il s'agit d'une réalité, pas d'une menace.

Plus loin dans son discours, le Président Kim Jong-un, tout en rappelant la portée du principe de dissuasion nucléaire quant à la non-utilisation des armes nucléaires, a souligné que la Corée du Nord était un pays attaché à la paix et constituait une puissance nucléaire responsable, ne fermant ainsi pas la porte au dialogue avec les Etats-Unis dès lors qu'il s'agirait de garantir la paix dans la péninsule coréenne et en Asie du Nord-Est. Selon l'agence de presse nord-coréenne KCNA,

Il a déclaré que la RPDC, en tant que pays aimant la paix et puissance nucléaire responsable, n'utiliserait pas ses armes nucléaires si les forces d'agression hostiles n'empiétaient pas sur notre souveraineté et les intérêts de notre Etat, et ne posaient pas de menace nucléaire contre aucun pays ou région.

Mais il a souligné que nous agirions résolument contre n'importe quel acte menaçant la paix et la sécurité dans la péninsule coréenne.

Poursuivre le développement économique et social du pays

Comme les années précédentes, la plus grande partie du discours a été consacrée à la construction d'un "pays socialiste puissant" par la poursuite et l'accélération de l'effort de développement économique et d'élévation du niveau de vie de la population, en cohérence avec la stratégie économique quinquennale de développement national (définie en 2016 pour la période 2016-2020, dans la foulée du 7e congrès du Parti du travail de Corée de mai 2016) - et sans faire référence aux sanctions internationales sans précédent qui frappent désormais le pays qui doit donc, plus que jamais, compter sur ses propres forces :

- la première référence dans le domaine économique a porté sur la production d'électricité, rappelant ainsi que la production d'énergie étant l'un des prérequis pour accélérer la croissance économique ;
- l'accent a été mis sur les "innovations" nécessaires dans les secteurs de base que sont la production de charbon et de fer et le transport ferroviaire ;
- de grands projets d'aménagement et/ou de construction ont été désignés comme prioritaires pour l'année 2018 (la zone touristique côtière de Kalma à Wonsan, la rénovation de Samjiyon, la centrale de Tanchon et la seconde phase du projet de voie navigable dans la province de Hwanghae du Sud) ;
- dans le domaine environnemental, une mention particulière a été faite de la reforestation, qui permet notamment d'endiguer les effets des inondations sur les récoltes, alors que la RPD de Corée lutte toujours pour atteindre à nouveau l'autosuffisance alimentaire bien que les terres arables ne couvrent qu'un sixième de son territoire.

Deux événements majeurs en 2018 : la célébration du 70e anniversaire de la fondation de la République populaire démocratique de Corée et les Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang

Parmi les événements majeurs qui doivent marquer l'année 2018 ont été mentionnés la commémoration du soixante-dixième anniversaire de la fondation de la RPD de Corée, le 9 septembre 1948, ainsi que les Jeux olympiques d'hiver, au Sud de la péninsule.

Cette dernière mention s'inscrit dans le cadre plus général de l'appel à faire "fondre" la glace qui s'est instaurée dans les relations Nord-Sud. De fait, tous les projets intercoréens mis en place pendant la décennie du "rayon de soleil" ont été gelés ou abandonnés depuis le retour au pouvoir des conservateurs à Séoul en 2008, avant que la destitution de la Présidente Park Geun-hye et l'élection du démocrate Moon Jae-in, en mai 2017, n'ouvre de nouvelles perspectives de reprise du dialogue et des échanges Nord-Sud.

Si le résumé de l'intervention du dirigeant nord-coréen sur les sites du pays ne détaillait pas la participation attendue des Nord-Coréens aux Jeux olympiques et paralympiques de Pyeongchang (auxquels se sont qualifiés les patineurs nord-coréens Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik), les autorités et les médias de la République de Corée, ayant suivi son intervention télévisée, en ont précisé les modalités :

Les JO d'hiver qui auront lieu en Corée du Sud seront une bonne occasion pour la nation. Nous souhaitons sincèrement que les JO d'hiver connaissent un succès (...) Nous sommes prêts à prendre diverses mesures, notamment envoyer la délégation. A cette fin, les deux Corées peuvent se rencontrer immédiatement.

Le porte-parole de la présidence sud-coréenne (Cheong Wa Dae), Park Soo-hyun, a immédiatement accueilli favorablement cette ouverture :

(Cheong Wa Dae) accueille chaleureusement la proposition de rencontre intercoréenne concernant la participation du Nord aux JO de PyeongChang, soulevant la nécessité d'améliorer les relations des deux Corées (...) Si les Jeux olympiques de PyeongChang sont organisés avec succès, ils contribueront à la paix non seulement sur la péninsule coréenne mais aussi en Asie du Nord-Est et dans le monde.

Yonhap

Tout en saluant le message de paix, d'ouverture et de dialogue contenu dans le discours de Nouvel An du Président Kim Jong-un, et en réaffirmant sa volonté de continuer à contribuer au développement des échanges économiques, culturels et scientifiques avec les hommes et les femmes coréens - de toute la Corée, l'Association d'amitié franco-coréenne présente ses meilleurs vœux pour 2018, en espérant qu'ils soient placés sous le sceau de la paix et de la réconciliation dans la péninsule coréenne. Il importe à présent que la rencontre intercoréenne envisagée à l'occasion des Jeux de Pyeonchang puisse avoir lieu, et qu'un coup d'arrêt soit mis au cycle sans fin des tensions et des sanctions - la suspension des manœuvres militaires américano-sud-coréennes prévues pendant les Jeux de Pyeongchang constituant une première étape sur cette voie.

Source principale : KCNA (les citations ont été traduites par nos soins de l'anglais depuis cette source, sauf en cas de reprise directe de citations en français d'autres sites Internet).

Lire l'intégralité du discours, dans sa traduction française officielle, sur le site Naenara.

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4 octobre 2017 3 04 /10 /octobre /2017 21:46

"Chuseok", ou la fête des récoltes, est l'une des principales fêtes traditionnelles coréennes, célébrée chaque année, dans l'ensemble de la péninsule, le quinzième jour du huitième mois lunaire. A cette occasion, les Coréens retournent sur le lieu de leur origine pour rendre hommage à leurs ancêtres. Le 4 octobre 2017, la fête de Chuseok a coïncidé avec le dixième anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 octobre 2007. A cette occasion, l'Association d'amitié franco-coréenne a organisé un dîner dans un restaurant coréen à Paris. 

Réunion de l'AAFC à l'occasion du 10e anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 octobre 2007

Il est des anniversaires tristes : 10 ans après le second sommet historique entre le Nord et le Sud de la Corée en octobre 2007, qui aurait dit que l'ensemble des acquis du dialogue et des échanges intercoréens auraient été réduits à néant - ou presque ? 

Mais l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) est persévérante : se remémorant la longue période de gel des relations intercoréennes après la percée qu'avait constitué le communiqué conjoint Nord-Sud le 4 juillet 1972, ses adhérents réunis le 4 octobre 2017 ont exprimé leur conviction que les principes ayant fondé la déclaration du 4 octobre 2007 continueront d'inspirer des générations de Coréens et de militants progressistes pour créer les conditions et l'espoir d'une réunification future. Ils avaient d'ailleurs choisi un restaurant tenu par les Coréens de Chine vivant en France pour symboliser que la réunification de la Corée doit être l'oeuvre de tous les Coréens, du Nord, du Sud et de la diaspora.

A cet égard, l'AAFC a montré, lors des débats ouverts lors de ce dîner, qu'elle entend poursuivre ses actions pour favoriser et encourager la coopération franco-coréenne (Nord et Sud) dans les domaines culturel, scientifique et universitaire, pour lesquels la poursuite d'idéaux communs de paix et de solidarité implique de dépasser les différences de systèmes politiques et sociaux.

L'AAFC souhaite d'excellentes fêtes de Chuseok à tous les Coréens.

Réunion de l'AAFC à l'occasion du 10e anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 octobre 2007
Réunion de l'AAFC à l'occasion du 10e anniversaire de la déclaration conjointe Nord-Sud du 4 octobre 2007
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3 octobre 2017 2 03 /10 /octobre /2017 19:39

 Réuni le 2 octobre 2017 à Paris pour évoquer la situation de la Corée, le Comité national de l'Association d'amitié franco-coréenne a adopté la déclaration suivante :

Le 19 septembre 2017, s'exprimant devant la 72ème Assemblée générale des Nations unies, le Président des États-Unis d'Amérique a menacé de « destruction totale » un pays de 25 millions d'habitants, la République populaire démocratique de Corée (Corée du Nord). Quelques jours auparavant, le 11 septembre, le Conseil de sécurité des Nations unies adoptait une nouvelle série de sanctions (la neuvième depuis 2006) contre la Corée du Nord coupable de vouloir se doter des mêmes outils destructeurs que ceux qui la menacent.

Les troupes des Nations unies sous commandement des États-Unis ont déjà procédé à ce qui était considéré comme la destruction presque totale de la Corée du Nord : entre 1950 et 1953, pendant ce qu'il est convenu d'appeler la Guerre de Corée. Ce conflit s'est achevé par l'accord d'armistice du 27 juillet 1953 et aucun traité de paix n'a été signé. Depuis 64 ans, la péninsule coréenne reste en état de belligérance, les États-Unis stationnant toujours des forces militaires massives en République de Corée (Corée du Sud), au Japon et dans la zone Asie-Pacifique.

Le Conseil de sécurité a été conduit par certains de ses membres à adopter des résolutions qui donnent l’impression que les tensions dans la péninsule coréenne ne sont imputables qu’à une seule partie. Les résolutions du Conseil imposent au peuple de Corée du Nord des sanctions qui aggravent encore les tensions, et encouragent d’autres pays à adopter unilatéralement leurs propres sanctions. En outre, les sanctions prises par le Conseil de sécurité enfreignent l'esprit, sinon la lettre, de la Charte des Nations unies.

Aux termes de l’article 39 de la Charte des Nations unies et dans le cadre de ses attributions exclusives en matière de sécurité collective, « le Conseil de sécurité constate l'existence d'une menace contre la paix, d'une rupture de la paix ou d'un acte d'agression et fait des recommandations ou décide quelles mesures seront prises conformément aux Articles 41 et 42 pour maintenir ou rétablir la paix et la sécurité internationales ».

Or, au regard des qualifications employées par le Conseil de sécurité par le passé, il est patent que la notion de « menace contre la paix » dans la péninsule coréenne est susceptible de concerner un grand nombre de situations et de démarches entreprises, pas seulement du fait de la Corée du Nord. À ce titre, la récurrence des exercices militaires menés conjointement par les États-Unis et la Corée du Sud sont clairement constitutifs d'une « menace contre la paix » en simulant un affrontement armé avec la Corée du Nord et une invasion de cette dernière.

Il est inacceptable que les exercices militaires conjoints américano-sud-coréens n’aient jamais été inscrits à l’ordre du jour du Conseil de sécurité, ni traités afin que des mesures soient adoptées par les Nations unies. En omettant de traiter cette situation, le Conseil de sécurité donne une impression de partialité, ce qui ne peut que compromettre les buts qu’il est supposé poursuivre au titre du chapitre VII de la Charte des Nations unies. La sécurité collective suppose une approche globale et honnête de la situation, non une position n’obéissant qu’à un seul point de vue, en l'occurrence celui des États-Unis d'Amérique.

Il est de la responsabilité de chaque membre du Conseil de sécurité, dont la France, de soulever tout ce qui pourrait menacer la paix dans la péninsule coréenne, et non de se focaliser sur les actions d’un seul protagoniste. La cause de la paix dans le monde suppose que les provocations récurrentes et réitérées ne soient pas tues et passées sous silence au motif que certains pays ne sont pas d'accord.

Enfin, au dixième anniversaire de la déclaration inter-coréenne du 4 octobre 2007 pour le développement des rapports Nord-Sud, la paix et la prospérité, les Nations unies doivent s’engager dans une démarche associant tous les Coréens pour que, pacifiquement, ils soient les seuls à prendre leur destin en mains, conformément aux principes du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de non-ingérence exprimés par la Charte des Nations unies.

L'Association d'amitié franco-coréenne est déterminée à prendre toute sa part dans ces combats. 

Texte de la déclaration à télécharger

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30 septembre 2017 6 30 /09 /septembre /2017 20:05

Le 29 septembre 2017, les deux premiers athlètes nord-coréens se sont qualifiés aux Jeux olympiques d'hiver qui se dérouleront en 2018 à Pyeongchang, en République de Corée (Corée du Sud). Cette nouvelle a été saluée en Corée du Sud.

Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik lors des Jeux asiatiques d'hiver à Sapporo, le 24 février 2017.

C'est sur l'air de "Je ne suis qu'une chanson" de la Québécoise Ginette Reno que Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik ont gagné leur qualification aux Jeux de Pyeongchang, en terminant à la sixième place du tournoi Nebelhorn, disputé à Oberstdorf, en Allemagne, le 29 septembre 2017, à l'issue d'une compétition remportée par les Russes Evgenia Tarasova et Vladimir Morozov.

Leur chorégraphe Julie Marcotte raconte comment elle a été touchée par Ryom Tae-ok, née le 2 février 1999, et Kim Ju-sik, né le 25 septembre 1992, médaillés de bronze aux Jeux asiatiques d'hiver 2017 : 
 

Lorsqu’ils ont participé à une compétition locale à Pierrefonds, à la fin de l’été, ils ont patiné de façon extraordinaire (...) Le duo a compris à cet instant qu’une performance du genre pourrait leur permettre d’accéder aux Jeux olympiques (...) C’était très touchant.

Si la RPD de Corée n'a obtenu qu'une poignée de médailles aux Jeux olympiques d'hiver depuis leur création, elle a mis l'accent sur le patinage artistique - Yun Jin-il ayant par exemple été l'un des dix sportifs de l'année 2011. Deux Nord-Coréens ont participé aux Jeux olympiques de Vancouver en 2010, dominés par la figure de la Sud-Coréenne Kim Yu-na : Ri Song-chol et Ko Hyon-suk. En revanche, aucun athlète de la RPD de Corée n'avait participé aux Jeux de Sotchi en 2014.

Comme pour tout pays, les Jeux olympiques revêtent aussi une importante dimension politique pour la RPD de Corée - ainsi, Kim Yong-nam, Président du Praesidium de la RPD de Corée, avait été présent à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Sotchi. Dans ce contexte, les organisateurs des Jeux de Pyeongchang espèrent beaucoup d'une participation nord-coréenne pour améliorer les relations Nord-Sud. Dans un communiqué publié après la qualification de Ryom Tae-ok et Kim Ju-sik, les organisateurs ont déclaré être
 "vraiment ravis que des athlètes nord-coréens se soient qualifiés pour concourir aux Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang", qu'ils ont qualifiés de "Jeux de la paix".

Sources : 

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17 septembre 2017 7 17 /09 /septembre /2017 21:47

Si la montée des tensions dans la péninsule coréenne a conduit l'administration Moon Jae-in à réaffirmer son alliance militaire avec les Etats-Unis, des responsables démocrates s'interrogent ouvertement sur la nécessité d'une sortie de crise impliquant que Washington accepte de reprendre le dialogue avec Pyongyang. Dans ce cadre, nous publions ci-après, traduit de l'anglais par BA, une tribune de Lee Jong-seok, chercheur à l'Institut Sejong et ancien ministre de la Réunification du Président de la République de Corée Roh Moon-hyun, publiée le 11 septembre 2017 dans le quotidien progressiste sud-coréen Hankyoreh et intitulée "Les Etats-Unis doivent établir des relations diplomatiques avec la Corée du Nord pour sortir de la crise. Le soutien sud-coréen aux sanctions ne fera qu'accroître la crise". La proposition de Lee Jong-seok de combiner reconnaissance diplomatique, dénucléarisation de la RPD de Corée et garanties de sécurité pour la Corée du Nord reprend un plan défendu de longue date par l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC). Les liens intertexte ont été ajoutés par nous.

Lee Jong-seok

Lee Jong-seok

Il peut sembler étrange de parler de négociations au moment où la communauté internationale est furieuse en réaction au sixième essai nucléaire nord-coréen. L’histoire nous a cependant montré que le temps passant, après avoir regagné notre calme, nous serons face à la situation qui veut que notre approche « pas de réflexion, que des sanctions » ne fera qu’exacerber un cercle vicieux, et nous serons encore davantage conscients qu’il n’y a pas d’alternative à la négociation.

Certains avancent que l’on peut nuire aux intérêts vitaux de la Corée du Nord en coupant son ravitaillement en pétrole. Cependant, ainsi que de nombreux experts du pays l’ont montré, cette stratégie ne fera qu’endommager l’économie nord-coréenne sans parvenir à soumettre Pyongyang. Au lieu de cela, l’accroissement des souffrances subies par le peuple se traduiront uniquement par une augmentation des tensions, attisant une mentalité du « tout pour le tout » qui pourrait mener à des provocations militaires le long de la ligne d’armistice ou de la Zone de Limite Nord (NLL). Ce risque ne peut qu'aller grandissant quand c’est Séoul qui se place en tête de ceux qui demandent des sanctions. C’est pour cette raison que le gouvernement sud-coréen se doit d’adopter une approche équilibrée même dans le contexte des sanctions, et qu’il lui faut adopter une réponse prudente et stratégique.

La question suivante est de savoir s’il existe maintenant une possibilité de parvenir à ce que la Corée du Nord abandonne ses armes atomiques. Cela pourrait uniquement être possible avec un changement de stratégie de la part de Washington, mais il reste une dernière carte à jouer : l’établissement de relations diplomatiques entre les Etats-Unis et la Corée du Nord. Il s’agirait d’un troc entre les deux parties, chacun donnant à l’autre ce qu’il souhaite selon le principe d’actions simultanées – Washington proposant à Pyongyang l’établissement de relations diplomatiques et la signature d’un traité de non-agression en contrepartie de l’abandon par le Nord de son programme nucléaire et balistique intercontinental.

La Corée du Nord proclame peut-être qu’elle n’a aucune intention de renoncer à sa force nucléaire, mais elle a laissé un indice quant à cette possibilité. Le dirigeant Kim Jong Un a affirmé qu’il ne s’assiérait pas à la table des négociations pour la dénucléarisation « tant que la politique hostile américaine et les menaces nucléaires ne seront pas fondamentalement résolues ». Cela signifie que le pays pourrait abandonner son armement atomique si la relation antagoniste qu’il entretient avec les Etats-Unis s’améliore et que sa non-agression est garantie. Exposée ainsi de façon grossière, cette condition de la part de Pyongyang est quelque chose que la Corée du Nord a en permanence mis en avant durant les deux dernières décennies, depuis que la question nucléaire a émergé.

Une conclusion similaire peut être tirée si l’on considère les raisons pratiques derrière la volonté de Kim de posséder un armement nucléaire et des missiles intercontinentaux. On peut les diviser en trois grandes catégories : répondre à la politique hostile des Etats-Unis, affermir son pouvoir au sein du pays et empêcher la possible intervention physique de forces extérieures en Corée du Nord.

Pour faire court, l’objectif principal de Kim est d’assurer la stabilité de son régime. La dernière de ces préoccupations est devenue cruciale au regard du sort du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, qui a renoncé à son programme nucléaire et aux armes de destructions massives en échange de l’amélioration des relations avec les Etats-Unis, pour se faire destituer et tuer (en octobre 2011) durant la révolution démocratique avec l’aide des forces de l’OTAN menées par les Etats-Unis. Le second objectif – affermir le pouvoir de Kim à l’intérieur du pays par l’intermédiaire du développement nucléaire – semble avoir été déjà plus ou moins atteint.

En ce sens, l’établissement de relations diplomatiques entre la Corée du Nord et les Etats-Unis ainsi qu’une garantie de non-agression entraînera sans doute une avancée majeure vers l’abandon par Pyongyang de son programme nucléaire. Si les deux parties parviennent à atteindre un tel accord, le Nord devra geler son programme nucléaire et mettre un terme à ses provocations balistiques, tandis que l’ONU travaillera à la levée des sanctions économiques, créant un environnement favorable pour étoffer et mettre en oeuvre les termes d’un accord. Avec les Pourparlers à Six, nous pourrons obtenir des garanties internationales protégeant ce traité incluant l’abandon définitif de l’arme atomique par la Corée du Nord ainsi que la transition d’un système d’armistice vers une situation de paix dans la péninsule.

Il apparaît peu probable que les Etats-Unis prêtent la moindre attention à cette proposition – arguant comme ils le font actuellement qu’il ne peut y avoir de dialogue tant que la Corée du Nord ne met pas un terme à ses provocations et n’émet pas un signal montrant son intention de se dénucléariser. Mais s’ils perçoivent réellement la situation actuelle de la Corée du Nord et son armement atomique comme une menace sérieuse, ils n’ont aucune raison de ne pas s’y intéresser. Cela ne coûtera rien d’un point de vue américain. Bien qu’elles aient été considérées comme la « dernière solution » si la crise devenait incontrôlable, l’établissement de relations diplomatiques entre la Corée du Nord et les Etats-Unis a toujours été une solution, étant donné que l’origine de la question nucléaire nord-coréenne repose sur la méfiance mutuelle entre les deux parties.

Avec sa préférence affichée pour exercer une pression extrême sur le Nord, l’administration Moon Jae-in pourrait envisager cette suggestion avec suspicion. En vérité, cependant, cette idée représentait le cœur de l’approche de l’administration de Kim Dae-jung et de celle de Roh Moo-hyun, et cette dernière est partagée parmi un grand nombre d’experts qui ont soutenu la candidature de Moon à la présidence. Il ne sera sans doute pas aisé de passer par-dessus les Etats-Unis, mais il est cependant nécessaire de commencer dès à présent en prévision du rôle que Séoul sera amené à jouer, de la gravité de la situation du nucléaire nord-coréen et afin d’être le meneur d’une situation compliquée à l’aide d’une diplomatie créative plutôt que d’aligner les wagons de sanctions les uns derrière les autres.

Ce plan n’a pas besoin d’être respecté à la lettre, mais l’administration Moon a besoin d’une stratégie et d’actions indépendantes pour parvenir à des avancées pacifiques par la négociation.

Lee Jong-seok, Chercheur à l’Institut Sejong et ancien Ministre de la Réunification de l’administration Roh Moo-hyun

Article original en anglais :

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11 septembre 2017 1 11 /09 /septembre /2017 20:24

La date de la fête coréenne de Chuseok dépend du calendrier lunaire : elle tombera en 2017 le 4 octobre, coïncidant en outre avec le 10e anniversaire de la déclaration intercoréenne du 4 octobre 2007. Cette fête traditionnelle a été à plusieurs reprises l'occasion d'émouvantes réunions de familles séparées (ou à tout le moins d'en fixer les modalités) de part et d'autre du trente-huitième parallèle (la dernière fois en 2015). Mais les perspectives de telles retrouvailles se sont évanouies cette année, dans le contexte de montée des tensions autour de la péninsule coréenne. L'AAFC propose une analyse de cette mesure emblématique des échanges Nord-Sud qui ont lourdement pâti de la situation internationale. 

Le 26 octobre 2015, des Nord et des Sud-Coréens se disent une dernière fois au revoir après s'être trop brièvement retrouvés.

Le 26 octobre 2015, des Nord et des Sud-Coréens se disent une dernière fois au revoir après s'être trop brièvement retrouvés.

La réunion des familles coréennes séparées par la division de leur pays est un des rares sujets de relatif consensus entre progressistes et conservateurs en Corée du Sud concernant la politique vis-à-vis du Nord. C'est donc sans surprise que le libéral Moon Jae-in, après son élection le 9 mai 2017, a relancé le processus de réunion des familles divisées. Depuis la première rencontre en 1985, ce sont 19 800 Sud et Nord-Coréens qui se sont ainsi retrouvés, lors de rencontres organisées à 20 reprises. Les démarches ont été entreprises par les autorités sud-coréennes pour permettre aux 60 500 de leurs compatriotes figurant sur une liste d'attente d'espérer faire partie des heureux élus qui reverraient leurs proches cet automne. Malheureusement cet espoir a aujourd'hui tout lieu de devoir être déçu.

Le gouvernement sud-coréen a dénoncé l'absence de réponse du Nord, une fois passé la date limite qu'il avait fixée (le 1er août) pour des réunions préparatoires entre les Croix-Rouges des deux parties. La réalité est plus complexe : les autorités nord-coréennes ont souligné le double jeu selon elles du Sud, qui d'un côté parle d'améliorer les relations intercoréennes et de l'autre adopte une position de plus en plus intransigeante sur les questions de sécurité qui - pour Pyongyang - relèvent de l'autodéfense et de ses rapports avec les Etats-Unis, et non des échanges Nord-Sud. Par ailleurs, la République populaire démocratique de Corée n'avait pas fermé la porte au dialogue : elle souhaitait que soit mise sur la table la question des 12 employées d'un restaurant nord-coréen qui, selon Pyongyang, ont été emmenées de force au Sud par les services secrets, dans des conditions extrêmement troubles. Le refus de la République de Corée d'aborder ce sujet a achevé de ruiner les espoirs de dialogue.

Car aucune des deux parties n'envisageait initialement un échec des discussions. Lors de ses voeux de nouvel an, le Maréchal Kim Jong-un avait mis l'accent sur le fait que l'année 2017 comportait plusieurs dates anniversaires du dialogue intercoréen - dans une main tendue au Sud, alors que se profilait une alternance politique. Quant aux autorités sud-coréennes, elles prévoient encore une forte hausse des dotations budgétaires pour les échanges Nord-Sud en 2018 - en particulier, pour l'organisation de réunions de familles séparées à trois reprises. Il reste à espérer que la volonté se joigne aux moyens, en vue de renouer des échanges qui restent aujourd'hui au point mort, dans tous les domaines. 

Sources : 

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