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7 juillet 2015 2 07 /07 /juillet /2015 12:09

Le Professeur Won Tai Sohn (ou Sohn Won-tai, si l'on suit l'usage coréen de placer le prénom après le nom), devenu Coréen américain, a été un témoin oculaire privilégié des débuts de la résistance engagée par le Président Kim Il-sung en Chine du Nord-Est. Alors que la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) s'apprête à commémorer le vingt-et-unième anniversaire de la disparition de son fondateur, le 8 juillet 1994, nous reproduisons ci-après, traduit de l'anglais, l'opinion qu'a gardée du Président Kim Il-sung Won Tai Sohn, un Coréen américain marqué par le christianisme et a revu le fondateur de la RPD de Corée dans les dernières années de sa vie, et qui témoignent d'une reconnaissance du rôle historique qu'il a joué au-delà des milieux de gauche.

Comment Won Tai Sohn considérait le Président Kim Il-sung

Je pense que Kim Il Sung, au cours de sa direction de la Corée depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, a mérité et reçu une reconnaissance comme étant un dirigeant politique de grande envergure dans de nombreuses parties du monde. Il existe diverses approbations de son idéologie politique et de sa direction politique des affaires sous une forme de gouvernement socialiste-communiste. Ayant été docteur en médecine pendant la plus grande partie de ma vie, je n'ai pas l'intention de m'engager dans des débats pour savoir si telle ou telle interprétation peut évaluer de manière correcte sa contribution politique. Néanmoins, je considère devoir formuler mes idées concernant ce que j'ai vu, entendu et ressenti pendant mes visites en Corée du Nord.

J'ai trouvé une réponse à beaucoup de mes questions de mes expériences personnelles en République populaire démocratique de Corée. Le patriotisme est une vertu dont il est plus facile de se revendiquer que de la mettre en oeuvre. Mon père, le Révérend Sohn Jong Do, était un ministre méthodiste qui avait un profond amour pour la Corée et ses compatriotes. Malgré les persécutions, ce sont l'amour et le patriotisme qui ont fondé son opposition à l'occupation japonaise de la Corée et à travailler pour sa liberté, même si cet engagement devait finalement lui coûter la vie. Sa motivation était la même que celle d'Ahn Chang Ho, un des proches amis de mon père et également un combattant pour l'indépendance. M. Ahn était l'un des dirigeants du gouvernement provisoire coréen à Shanghaï, tout comme Syngman Rhee. Tous, y compris Kim Il Sung, ont fait la preuve de leur patriotisme par leurs actions, et non par grandiloquence politique.

Le Président Kim Il Sung a dédié sa vie à sa vision du communisme et il est resté immuable à ses principes tout en travaillant pour le bien du peuple. Il a maintenu l'idée que les intérêts du pays et du peuple doivent être placés au-dessus de l'idéalisme communiste et que la révolution n'était juste que si elle était menée pour l'amour du peuple. Ma vision du communisme est très simple : s'il a pour objectif d'aider les pauvres et de garantir à tous les citoyens les moyens de mener une vie égale et heureuse, il n'est pas très différent de la pure doctrine du christianisme des origines. Néanmoins, je m'oppose totalement aux doctrines extrêmes qui appellent à l'abolition de la propriété privée et à l'expropriation des riches. L'idée selon laquelle les travailleurs n'ont pas de patrie me semble tout aussi absurde.

En Corée du Nord, j'ai appris qu'était suivie une doctrine différente du communisme. Juste à la sortie de la voie rapide qui mène de Sunan à Pyongyang, près de l'aéroport international, se trouve le cimetière des Martyrs patriotes. Sont enterrés là des patriotes qui ont dédié leur vie à la libération et à l'indépendance de la Corée. J'ai trouvé là les tombes de Choe Tong Ho, que j'avais connu pendant mon enfance à Jilin, An Jae Hong, Jo So Ang, Jo Wan Gu et Om Hang Sop. Ils étaient de vrais nationalistes et des figures importantes du gouvernement coréen provisoire à Shanghaï. La Corée du Sud considère qu'ils ont tous été "enlevés" par la Corée du Nord. Kim Il Sung m'a dit qu'il aurait également voulu que les restes de mon père soient enterrés là mais qu'ils n'avaient pas été retrouvés (...)

Je ne peux qu'admirer la sensibilité du Président Kim Il Sung. C'était un homme qui aimait la nation et le peuple et plaçait le bien-être du pays au-dessus de tout autre but ou idéal. J'ai pu reconnaître son patriotisme dans chaque aspect de la construction du gouvernement socialiste de la Corée du Nord.

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Source : Won-tai SOHN, Kim Il-sung and Korea's Struggle. An unconventional firsthand story, Mc Farland and Company Inc. Publishers, Jefferson (Caroline du Nord) et Londres, 2003. ISBN 0-7864-1589-4. Extraits du chapitre 19 (titre anglais : "Genuine Patriotism"), p. 174 sq.

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4 juin 2015 4 04 /06 /juin /2015 21:30

La répression en cours contre l'Association générale des résidents coréens au Japon (Chongryon), proche de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord), soulève une vague internationale de protestations, à laquelle s'est associée l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) qui a toujours dénoncé les discriminations dont sont victimes les Coréens du Japon. Nous publions ci-après la traduction en français d'un courrier en anglais adressé au Premier ministre japonais Shinzo Abe, le 23 mai 2015, par Guy Dupré, président de l'AAFC, au nom du bureau national de l'AAFC. Une copie de cette lettre a été remise en pièce jointe à un message de félicitations de Guy Dupré à M. Ho Jong Man, Président du Comité central de la Chongryon, alors que l'organisation a fêté son 60ème anniversaire le 25 mai 2015.

Paris, le 23 mai 2015

 

M. Shinzo Abe

Premier ministre

Service des relations publiques

Secrétariat du cabinet

1-6-1 Nagata-cho

Chiyoda-ku

Tokyo 100

8968 Japon

 

 

Monsieur le Premier ministre,

Les membres du bureau national de l’Association d’amitié franco-coréenne, qui défend depuis 46 ans une réunification pacifique de la Corée, sont profondément préoccupés par les discriminations en cours contre la communauté coréenne au Japon, tout particulièrement à l’encontre de l’Association générale des résidents coréens au Japon (Chongryon). Fin mars, les domiciles de plusieurs dirigeants de la Chongryon ont été fouillés par la police japonaise en méconnaissance des droits de l’homme, et tout particulièrement de leur droit de propriété. Par ailleurs, agir aussi ouvertement méconnaissait le principe de présomption d’innocence. Plus récemment, le fils du Président Ho Jong Man a également fait l’objet d’un harcèlement policier. Compte tenu du rôle joué par la Chongryon comme ambassade de fait de la République populaire démocratique de Corée au Japon, de telles actions doivent cesser immédiatement, dans la mesure où elles mettent en danger la paix et la stabilité en Asie du Nord-Est en créant de nouveaux contentieux avec la République populaire démocratique de Corée.

Votre gouvernement doit aussi s’excuser pour la colonisation japonaise de la Corée. Il a été porté atteinte à la dignité de millions de travailleurs coréens obligés de travailler pour les industries militaires pendant la Seconde guerre mondiale. De jeunes hommes coréens ont été conscrits de force dans l’armée impériale. Enfin, l’esclavage sexuel de celles qu’on appelle « les femmes de réconfort » a détruit la vie de centaines de milliers de femmes coréennes. Les membres du bureau national de l'Association d'amitié franco-coréenne sont vivement déçus que vous n’ayez mentionné aucun de ces sujets lors de votre récente visite aux Etats-Unis. Les victimes de l’impérialisme japonais attendent des excuses sincères, ce qui pourrait ouvrir la voie d’une réconciliation entre le Japon et la Corée 70 ans après la fin de la Seconde guerre mondiale.

Cette lettre sera rendue publique.

Veuillez agréer, Monsieur le Premier ministre, mes salutations les meilleures.

 

Au nom du bureau national de l'Association d'amitié franco-coréenne,

Guy Dupré

Président

 

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4 mai 2015 1 04 /05 /mai /2015 15:59

La répression en cours par les autorités japonaises contre l'Association générale des résidents coréens au Japon (nom usuel en coréen : Chongryon, en japonais : Chosohren) a soulevé une vague internationale de protestations, exprimée en France par l'AAFC. Dans ce contexte, les Coréens américains du Conseil national de coordination des Coréens américains (Korean American National Coordination Council, KANCC) ont écrit une lettre ouverte de protestation au Premier ministre japonais M. Shinzo Abe, dont la KANCC a adressé une copie à l'AAFC. Nous reproduisons ci-après cette lettre, traduite de l'anglais, dont nous partageons pleinement les objectifs.

Lettre ouverte à M. Shinzo Abe
Premier ministre
Japon

Le 8 avril 2015

Cher M. Abe,

Les nouvelles publiques récentes selon lesquelles la police japonaise était entrée dans les demeures du Président et du Vice-Président de la Chosen Sohren (Association générale des résidents coréens au Japon) et les avait fouillées de fond en comble sans notification préalable a soulevé un choc et suscité la colère de la communauté coréenne américaine. Cette violation du droit de propriété légitime comme des droits humains fondamentaux à l'encontre des plus haut responsables de l'organisation Chosen Sohren attriste plus particulièrement les membres de la communauté progressiste américaine coréenne, représentée par le Conseil national de coordination des Coréens américains (KANCC), dont les objectifs affichés sont la paix et la réunification de la péninsule coréenne, ainsi que la protection des droits des Coréens d'outre-mer.

Cher M. Abe,

Comme vous le savez la Chosohren joue souvent un rôle d'intermédiaire entre le Japon et la Corée du Nord en l'absence de relations diplomatiques officielles entre les deux pays. Par conséquent, l'action illégale incompréhensible conduite par votre gouvernement a inutilement tendu les relations internationales, tout particulièrement dans les circonstances actuelles où les tensions dans la péninsule coréenne sont à leur plus haut. En outre, vous devez savoir que la Sohren est la seule organisation significative qui représente et protège les résidents coréens au Japon, majoritairement constituée des Coréens déplacés de force au Japon par les autorités impériales pendant la Seconde guerre mondiale, ainsi que de leurs descendants. C'est pourquoi l'action conduite par votre gouvernement reflète leur vie au Japon et leur histoire, marquée par leur lutte pour la survie et la justice face aux lourdes discriminations dont ils sont l'objet dans la société japonaise. En d'autres termes, elle a encore aggravé les discriminations contre les résidents coréens au Japon, qui est une violation à peine voilée des droits de l'homme !

Cher M. Abe,

Etant donné que vous appartenez à la génération d'après-guerre, vous devez être conscient que les actions menées par votre gouvernement assombrissent durablement les relations internationales en Asie du Nord-Est ; il n'y a jamais eu de véritable réconciliation avec les peuples des pays de la péninsule coréenne, de la Chine et d'autres Etats dont les mémoires restent marquées par l'impitoyable colonisation japonaise. Les peuples de la région se souviendront de votre action regrettable contre la Chosohren, comme de votre visite inappropriée au sanctuaire  Yasukuni, votre refus d'admettre la responsabilité de l'Etat sur la question des "femmes de réconfort" et la déclaration de votre grand-père  M. Abe Nobuyuki, dernier dirigeant colonial japonais, lors de son départ forcé de Corée à la fin de la guerre, où il a plaidé, sans aucun repentir, pour le retour du Japon et de lui-même en Corée comme un maître colonial !

Cher M. Abe,

La KANCC, représentant les Coréens américains progressistes préoccupés par ces questions, vous incite à prendre les mesures nécessaires pour prévenir que de faits de cette nature se reproduisent à l'avenir, et à vous excuser auprès de la Chosen Sohren pour l'épisode qu'elle a vécu.

En attendant, cette action illégale de votre gouvernement sera diffusée largement parmi la communauté coréenne américaine et dans la société américaine, notamment dans les médias, le pouvoir législatif, exécutif et judiciaire et auprès de l'opinion publique.

Nous vous remercions pour votre attention.


Korean American National Coordinating Council (KANCC)
475 Riverside Drive,
#1368 New York,
NY 10115, USA

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24 juin 2014 2 24 /06 /juin /2014 23:31

A la différence de la Corée, la Chine est un État pluriethnique qui mélange plus d’une cinquantaine de « nationalités » (selon le lexique chinois), dont notamment l’ethnie ultramajoritaire Han qui compose 92% de la population de la République Populaire de Chine. Parmi les autres nationalités, on compte notamment les Ouïghours, les Tibétains, les Zhuang (un groupe vietnamien de Chine), les Hui et… les Coréens. Alors que les premiers, beaucoup plus importants en termes démographiques, disposent tous de régions autonomes de niveau national (respectivement le Xinjiang, le Tibet, le Guangxi, le Ningxia), les Coréens de Chine habitent d’abord la Préfecture Autonome Coréenne de Yanbian, située dans la province chinoise du Jilin et frontalière de la République Populaire et Démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord). A l’occasion d’un séjour en RPDC courant mai, un adhérent de l’Association d’amitié franco-coréenne (AAFC) a eu l’opportunité de séjourner dans la capitale de la préfecture autonome coréenne de Chine, Yanji, à la rencontre des Chaoxianju (Coréens de Chine).

 

Selon diverses estimations, il existe actuellement entre deux et trois millions de Chinois d’ethnie coréenne. Si l’immense majorité d’entre eux réside dans le nord-est chinois (le fameux Dongbei, composé du Liaoning, Jilin, Heilongjiang), ils sont particulièrement concentrés à Yanbian, puisque la préfecture en héberge plus de 800 000. La structuration de la minorité coréenne de Chine est particulièrement complexe puisque les Coréens de Chine sont à la fois issus de vagues d’immigration plus ou moins récentes, mais aussi de la mobilité extrême de la frontière Chine/Corée/Russie au fil des siècles. Rappelons-le, il y a de cela plusieurs siècles, l’actuel territoire coréen a été occupé au moins en partie par plusieurs dynasties « chinoises » (au sens politique plus qu’ethnique, certains empereurs chinois ayant occupé une partie de la péninsule coréenne étant issus de diverses ethnies mongoles – les dynasties Liao et Yuan notamment), d’où un métissage ethnique déjà relativement ancien et des liens culturels très forts : avant l’invention de l’alphabet syllabaire coréen en 1443 (appelé hangeul en Corée du Sud et chosongeul en Corée du Nord), la langue coréenne s’écrivait par exemple à l’aide des sinogrammes. Par ailleurs, comme les lecteurs réguliers du blog de l’AAFC le savent peut-être, parmi les Coréens ayant vécu une partie de leur vie dans le nord-est chinois et l’actuelle Yanbian, on trouve notamment Kim Il-sung (ayant animé en exil la guérilla antijaponaise) et son fils Kim Jong-il, respectivement président de la RPDC et Secrétaire Général du Parti du Travail de Corée.

 

Plus récemment, la frontière sino-(nord)-coréenne a été tracée à la fois à l’occasion des « traités inégaux » opposant la dynastie russe des Romanov à celle, sur le déclin, des Qing chinois (d’ethnie mandchoue), ce qui a eu pour principal effet la perte de la façade maritime chinoise (la ville de Vladivostok redevenant ainsi russe en 1860). Un siècle plus tard, avec l’avènement de la République Populaire de Chine (1949), et l’alliance sino-coréenne forgée dans le feu de la Guerre de Corée (1950-1953), naissait la « zone autonome » puis la « préfecture autonome » de Yanbian. Si la décentralisation importante de pouvoirs politiques à une ethnie n’était pas chose rare en Chine au début des années 1950 (c’est l’époque du fameux accord en 17 points sur la libération pacifique du Tibet), Yanbian revêt très vite un statut tout à fait particulier de par sa localisation stratégique : sas de communication et couloir économique de première importance entre Chine et Corée populaire, l’état-major militaire américain envisagera, au plus fort de la Guerre de Corée, de procéder à des frappes nucléaires sur la zone pour isoler la péninsule du continent (créer une « ceinture de cobalt radioactif » selon le vocable américain). Par ailleurs, l’histoire personnelle du dirigeant chinois Mao Zedong témoigne de l’importance prise par la préfecture de Yanbian : alors qu’est souvent évoqué le destin tragique de Mao Anying, fils de Mao disparu pendant la Guerre de Corée, il est moins connu que son propre neveu fut un temps (en pleine révolution culturelle) à la tête de Yanbian.

 

Un temps « minorité modèle », les Coréens de Yanbian ont subi coup sur coup un certain nombre de revers économiques majeurs, notamment la perte d’attractivité du Dongbei (aujourd’hui cœur industriel en net déclin) après la disparition de l’Union Soviétique, et la concurrence des provinces côtières exportatrices du sud de la Chine (Guangdong, Fujian) après « l’ouverture » menée par Deng Xiaoping dans les années 1980. Frontalière à la fois de la Corée du Nord et de la Russie, Yanbian a connu à la fois un sévère ralentissement économique consécutif à l’implosion soviétique et la « dure marche » en RPDC dans les années 1990. Aujourd’hui, les choses semblent lentement évoluer positivement, grâce notamment à l’investissement sud-coréen (en témoignent les nombreux édifices chrétiens de Yanji) et aux perspectives offertes par la Zone Économique Spéciale nord-coréenne de Rajin-Sonbong située à moins de 50km au sud. Cette dernière offre à Yanbian un débouché sur la mer de l’Est qui permet de désenclaver l’ensemble du nord-est chinois et offre une alternative au port russe de Vladivostok, qui gèle durant l’hiver. La mise en valeur relativement nouvelle de cette situation de carrefour (la ZES de Rason a été ouverte en 1991, mais le projet n’a véritablement pris forme qu’avec l’inspection du dirigeant Kim Jong-il en 2009) n’est pas sans soulever beaucoup d’espoir pour l’ensemble de l’Asie du nord-est, dont l’économie stagne depuis plusieurs années. Certains programmes soutenus par l’ONU (notamment le Greater Tumen Initiative) ont d’ailleurs pour objet de développer les infrastructures nord-coréennes et les liaisons entre Yanbian et la RPDC (ainsi que, dans une moindre mesure, la Russie). En effet, une part importante des investisseurs chinois en RPDC sont d’ethnie coréenne, issus de Yanbian, ce qui explique notamment la présence d’une délégation commerciale de la ZES de Rason dans la capitale de la préfecture, Yanji. Nous avons eu l’occasion de rencontrer des investisseurs chinois (et coréens américains) actifs dans la zone, qui ont pu nous exposer les difficultés mais aussi les perspectives offertes par le commerce transnational.

 

Si les grandes villes de la zone comme Yanji ou Tumen évoquent surtout la tristesse granitique de beaucoup de villes chinoises de cette importance, il ne faut pas s’y tromper : il existe encore de nombreuses traces d’architecture coréenne traditionnelle à découvrir, ainsi que de vibrants quartiers coréens, qui mélangent des Coréens du Nord, du Sud, de Chine ainsi que quelques Coréens américains. Située à trois heures de route de la ZES de Rason, deux heures du mont Paektu (Changbai en chinois) et une demi-heure de la frontière sino-nord-coréenne, il est plus que conseillé aux lecteurs intéressés par l’amitié sino-coréenne de s’attarder dans cette troisième Corée.

Yanbian : bienvenue dans la Corée chinoise
Yanbian : bienvenue dans la Corée chinoise
Yanbian : bienvenue dans la Corée chinoise
Yanbian : bienvenue dans la Corée chinoise

Sources :

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25 mai 2014 7 25 /05 /mai /2014 23:08

Les 24 et 25 mai 2014, 2 000 délégués de l'Association générale des résidents coréens au Japon (Chongryon) se sont réunis à l'occasion du 23e Congrès de l'organisation, en présence notamment de représentants des partis Komeito, démocrate et social-démocrate. Les orientations adoptées pour les quatre prochaines années - qui verront notamment la commémoration du 60e anniversaire de la Chongryon, le 25 mai 2015. Le rapport adopté a mis l'accent sur la défense des droits des Coréens du Japon, l'organisation de la communauté coréenne (et en particulier des écoles coréennes) et les activités à conduire pour la réunification indépendante et pacifique de la Corée, l'accent était porté sur le soutien aux efforts conduits en République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pour l'édification d' "un pays puissant et prospère". Une lettre a été adressée au Maréchal Kim Jong-un, Président de la commission de la défense nationale de la RPD de Corée.

Dans un courrier - en anglais - adressé à l'AAFC le 1er mai 2014, Ho Jong-man, Président du Comité exécutif central de la Chongryon, réélu lors du 23e Congrès, a rappelé que l'organisation comptait 47 sièges locaux et 241 branches régionales, et qu'elle gérait 135 écoles coréennes dans l'archipel nippon, de la maternelle à l'université. Dans un contexte de répression des autorités japonaises, André Aubry, président de l'Association d'amitié franco-coréenne, a adressé en réponse, le 7 mai 2014, un message de soutien et de félicitations, en anglais et en français, que nous reproduisons ci-après.

(mise à jour le 31 mai 2014) Le 31 mai 2014, le Président Ho Jong-man a remercié l'AAFC pour son message de félicitations et s'est félicité de nos efforts pour renforcer l'amitié et la solidarité franco-coréennes.

Message de l'AAFC à la Chongryon à l'occasion de son 23e Congrès

Dear Friends,

Founded in 1969, the France-Korea Friendship Association (in French : Association d'amitié franco- coréenne, AAFC) fully supports the goals of the General Association of Korean Residents in Japan : helping the Koreans in Japan from both material and cultural point of view, considering your huge successes in promoting Korean culture and language in Japan. We appreciate your efforts for a peaceful, democratic and independent reunification of the Korean peninsula, as well as your long- standing contribution to promote economic and cultural exchanges with the Democratic People's Republic of Korea on the road to socialism. What you have done is a model for us, French people, to promote more actively ties between France and the DPRK in all fields.

For decades, AAFC has supported your efforts to fight against discriminations towards Koreans living in Japan. We also know that the Japanese authorities are currently trying to crack down on your activities. Please be assured that we fully support your stuggle not to be deprieved of your national seat. Several times, we published articles supporting Chongryon and calling for the recognition by the Japanese Government of the crimes committed during the Second World War, especially against "comfort women".


We are confident that you will continue to be successful in your activities and we are ready to cooperate with you more extensively, including welcoming the members of your association who would stay in France or visit France in the future.

We send you our congratulations on the occasion of your 23rd General Meeting, and hope that your work will be even more successful in the future.

Best regards

André Aubry
Former French Senator
Former Mayor of Antony
President of France-Korea Friendship Association

Chers Amis,

Fondée en 1969, l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) soutient pleinement les buts de l'Association générale des résidents coréens au Japon : soutenir les Coréens du Japon sur le plan tant matériel que culturel, en prenant en compte les grands succès que vous avez remportés dans la promotion de la culture et de la langue coréennes au Japon. Nous apprécions vos efforts pour une réunification pacifique, indépendante et démocratique de la Corée, ainsi que vos contributions de longue date pour promouvoir les échanges économiques et culturels avec la République populaire démocratique de Corée sur la voie du socialisme. Ce que vous avez fait est un modèle pour nous, Français, pour développer encore plus fortement les liens entre la France et la RPDC dans tous les domaines.

Depuis des décennies, l'AAFC a soutenu vos efforts pour lutter contre les discriminations qui touchent les Coréens du Japon. Nous savons également que les autorités japonaises s'efforcent aujourd'hui de réprimer vos activités. Soyez assurés que nous soutenons pleinement votre combat pour ne pas être privés de votre siège national. A plusieurs reprises, nous avons publié des articles soutenant la Chongryon et appelant à la reconnaissance par le Gouvernement japonais des crimes qu'il a commis pendant la Seconde Guerre mondiale, tout particulièrement à l'encontre des « femmes de réconfort ».

Nous sommes certains que vous remporterez de nouveaux succès dans vos activités et nous sommes prêts à coopérer encore plus étroitement avec vous, y compris en accueillant les membres de votre association qui séjourneraient en France ou visiteraient la France à l'avenir.

Nous vous adressons nos félicitations à l'occasion de votre 23ème Assemblée générale, en souhaitant que vos travaux soient pleinement couronnés de succès.

Bien à vous,
André Aubry ancien Sénateur
Ancien Maire d'Antony
Président de l'Association d'amitié franco-coréenne

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11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 23:12

Le 25 mars 2014, le Comité central de l'Association générale des Coréens résidant au Japon (nom abrégé coréen : Chongryon) a tenu une conférence de presse pour dénoncer une décision de la cour de justice de Tokyo relative à la vente de son siège dans la capitale nippone, qu'elle juge discriminatoire, et qui constitue le dernier épisode en date d'une pression continue sur la Chongryon et la communauté nord-coréenne au Japon.

nam-sung-u_chongryon_conference-de-presse_25-03-2014.jpgLors de la conférence de presse tenue le 25 mars 2014, Nam Sung-u, vice-président du Comité central de la Chongryon, a dénoncé la décision rendue la veille par la cour de justice de Tokyo, ayant écarté une entreprise mongole - qui avait pourtant formulé l'offre la plus élevée - pour la vente du terrain et du bâtiment du siège de la Chongryon. Le tribunal nippon a  ainsi placé en position d'acquéreur l'entreprise immobilière japonaise Marunaka Holdings Co. Ltd. Pour Nam Sung-u, cette décision - dont les motivations sont politiques - est discriminatoire et méconnaît la législation japonaise. La Chongryon a décidé de faire appel, mais reste sous la menace d'une expulsion de ses locaux.

Depuis le premier essai nucléaire auquel a procédé la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) en octobre 2006, les Nord-Coréens affiliés à la Chongryon ont été victimes de discriminations croissantes, et les autorités nippones ont utilisé le levier fiscal pour exercer une pression croissante sur la Chongryon : en particulier, la remise en cause du régime d'exonération fiscale des bâtiments de la Chongryon a fragilisé considérablement la situation financière de l'organisation, la contraignant à vendre son siège. L'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) est solidaire du combat de la Chongryon pour pouvoir continuer à exercer ses activités, notamment éducatives, au sein de la communauté coréenne au Japon, et elle plaide pour le respect des droits des Coréens vivant au Japon.

Ce nouveau coup dur pour la Chongryon intervient dans le contexte d'une reprise, au plus haut niveau depuis 2012, des contacts entre le Japon et la RPD de Corée. Selon les médias japonais, la délégation nord-coréenne a vivement dénoncé la décision de justice du 24 mars 2014, et plus généralement la situation des Coréens du Japon, comme un obstacle à l'amélioration des relations bilatérales. Sans se référer directement au contenu des discussions en cours entre Tokyo et Pyongyang, qui se tiennent dans des pays tiers, les médias nord-coréens ont effectivement donné une large publicité aux conditions de vente du siège de la Chongryon, ce qui indique implicitement qu'il s'agit d'un des sujets actuels de négociation. Alors que les Nord-Coréens du Japon ont été les premières victimes de la dégradation des relations nippo - nord-coréennes, il y a lieu d'espérer qu'ils puissent bénéficier d'une amélioration des relations bilatérales.

Sources : Asahi ShimbunKCNA. Photo : Kyodo News.


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5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 23:01

La perspective d'exclure les seules écoles coréennes d'un programme gratuit d'enseignement dans les lycées japonais avait soulevé un tollé dans l'archipel nippon. La mobilisation nationale et internationale a porté ses fruits : une source proche du ministère de l'Education a fait savoir, mercredi 4 août, que la dizaine d'établissements secondaires au Japon dispensant un enseignement en coréen seraient bien inclus dans le dispositif d'aides publiques.

 

korean schools yoyogi park march 2010C'est manifestement l'heureux dénouement de plus de quatre mois de luttes, marquées notamment, le 27 mars 2010, par un rassemblement au parc Yoyogi, au centre de Tokyo (photo à gauche, source Labornet), pour protester contre l'exclusion des seules écoles coréennes du Japon d'un programme de gratuité de l'enseignement dans les lycées de l'archipel nippon. En effet, le 4 août 2010, une source proche du ministère japonais de l'Education a indiqué, selon Kyodo News, l'éligibilité des établissements d'enseignement en coréen dans ce dispositif.

 

Alors que l'enseignement des écoles coréennes suit celui des programmes japonais, l'exclusive qui aurait frappé ces seuls établissements aurait été contraire au principe d'égalité en droit national et international. Elle se serait inscrite dans une politique continue de discrimination au Japon à l'encontre de la minorité coréenne, forte de 700.000 membres, bouc émissaire du gouvernement nippon suite à la dégradation des relations entre le Japon et la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord).

 

Si l'AAFC se félicite du succès de la mobilisation internationale, elle n'en continue pas moins de marquer sa préoccupation pour la situation de la minorité coréenne qui réside en permanence dans l'archipel nippon, héritage de trente-cinq ans d'une colonisation brutale de la péninsule coréenne, entre 1910 et 1945, par l'empire japonais.

 

Sources : AAFC, Kyodo News

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29 juillet 2010 4 29 /07 /juillet /2010 19:02

Le 11 juillet 2010, une manifestation a eu lieu à Kyoto contre l'exclusion des seules écoles coréennes d'un programme gratuit d'enseignement dans les lycées japonais. Une mesure discriminatoire que condamne d'autant plus vivement l'Association d'amitié franco-coréenne (AAFC) que les écoles coréennes ont fait l'objet, dès leur création, de mesures vivant à empêcher un enseignement dans sa langue natale pour la minorité coréenne du Japon, forte de 700 000 membres ayant choisi de demeurer dans l'archipel après la fin de la colonisation japonaise de la Corée (1910-1945).

 

korean_schools_yoyogi_park_march_2010.jpgLes Coréens du Japon sont en colère. Le 27 mars 2010, un rassemblement a eu lieu au parc Yoyogi, au centre de Tokyo (photo à gauche, source Labornet), pour protester contre l'exclusion des seules écoles coréennes du Japon d'un programme de gratuité de l'enseignement dans les lycées de l'archipel nippon. A l'initiative d'un collectif d'organisations civiques et d'étudiants (dont la Société Keiji pour soutenir les écoles coréennes et la Société des étudiants de Kyoto pour l'amitié nippo-coréenne), une nouvelle manifestation a eu lieu à Kyoto, le 11 juillet 2010. Les organisateurs ont appuyé une campagne de collecte de 500.000 signatures contre une telle mesure discriminatoire, qui s'inscrirait dans la continuité des décisions prises par les autorités japonaises après la libération de la Corée de la colonisation nippone : non seulement les écoles coréennes s'étaient vu refuser toute reconnaissance officielle, mais il avait été procédé à des milliers d'arrestations et à des fermetures de classes. Un manifestant coréen avait également trouvé la mort.

 

Yukio Hatoyama, qui avait conduit le Parti démocrate du Japon à une victoire historique sur le Parti libéral-démocrate lors des élections législatives d'août 2009, semblait pourtant prêt à la fois à revenir sur les mesures discriminatoires qui frappent la minorité coréenne au Japon, et à étendre un système de protection sociale parmi les plus déficients des pays industrialisés. Le programme d'éducation gratuit s'inscrit dans cette perspective, en visant tous les établissements d'enseignement, quel que soit leur statut, devenant récipiendaires de subventions publiques. Après avoir renvoyé à la Diète le soin de trancher la question de l'application ou non du dispositif aux écoles coréennes, Yukio Hatoyama a ensuite dû démissionner de ses fonctions de Premier ministre, suite notamment au reniement de ses engagements sur le départ de la base américaine d'Okinawa.

 

hiroshi_nakai.jpgMizuho Fukushima, qui dirige le Parti social-démocrate du Japon (membre de la coalition au pouvoir à Tokyo), a proposé d'inclure les écoles coréennes dans le programme gouvernemental. Manifestement, le gouvernement japonais a été plus sensible aux arguments d'un ses membres, Hiroshi Nakai, actuel président de la commission de la sécurité publique nationale (photo à droite), qui considère qu'il s'agit d'une mesure de sanction supplémentaire contre la République populaire démocratique de Corée - quitte à oublier que, dans le contentieux historique coréano-japonais, le Japon a une responsabilité écrasante, un siècle après avoir soumis les Coréens à l'une des colonisations les plus brutales de l'histoire.

 

Les motifs allégués par les autorités japonaises pour justifier l'exclusion des écoles coréennes ne résistent à l'analyse. Ils produisent de surcroît des effets contraires aux conventions internationales des droits de l'homme, auxquelles le Japon est partie, en niant le droit à l'éducation. Tout d'abord, l'argument avancé par Yukio Hatoyama selon lequel le Japon n'a pas établi de relations diplomatiques complètes avec la République populaire démocratique (RPD) de Corée, qui subventionne par ailleurs en partie les établissements d'enseignement coréen au Japon, est de pure opportunité, et limité à la seule RPD de Corée : en effet, les écoles relevant de la République de Chine à Taïwan, Etat qui n'est pas davantage reconnu par Tokyo, sont, elles, incluses dans le nouveau dispositif. L'argument du contenu de l'enseignement est spécieux : non seulement celui-ci suit les programmes japonais (il est vrai sans les serments d'allégeance à l'empereur du Japon...), mais il est en plus publiquement connu. Quant à voir dans les écoles coréennes de simples relais de Pyongyang, il s'agit d'une vision passéiste, dépassée par la réalité : près de la moitié des élèves inscrits dans les écoles coréennes au Japon font aujourd'hui partie de la minorité coréenne ayant opté pour la nationalité de la République de Corée (du Sud).

 

La discrimination des écoles coréennes s'inscrit dans une politique plus large visant la communauté coréenne au Japon. En décembre 2009, un groupe d'extrême-droite japonais avait saccagé une école primaire coréenne à Kyoto en proférant des chants racistes. Bien qu'une vidéo ayant circulé sur Internet ait apporté des preuves irréfutables, il n'y a pas eu d'arrestations par la police japonaise.

 

Sources :

- KCNA, "Solution to Issue of Korean Schools in Japan Demanded", 25 juillet 2010.

- "Tuition-free schooling", éditorial du Asahi Shimbun, 9 mars 2010.

- Yujiro Tsuneno, "Korean Schools to Be Excluded from a Policy for All", 26 mars 2010, sur le site Dissident Voice.

- Kyodo News, "SDP chief urges tuition-free program to cover pro-Pyongyang schools", 14 mars 2010.

Kyodo News, "Minister proposes Korean schools be exempt from free-tuition system", 21 février 2010.

 

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18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 00:33
Lors de la Libération de la Corée à l'issue de la Deuxième Guerre Mondiale quelque 2 millions de Coréens vivaient dans l'archipel nippon, dont 600.000 restèrent au Japon. A l'issue d'une campagne internationale, 100.000 Coréens purent être rapatriés en République populaire démocratique de Corée à compter du 14 décembre 1959, malgré les obstacles posés par les autorités japonaises et le gouvernement de Séoul.

L'une des conséquences de la colonisation japonaise de la Corée (1910-1945)  a été le maintien, dans l'archipel nippon, d'une communauté coréenne issue de migrations volontaires ou forcées. Après la Libération, 600 000 Coréens restèrent au Japon où, de nos jours encore, ils continuent à subir différentes formes de discrimination, au quotidien, notamment dans l'accès à l'éducation, à l'emploi et au crédit. Dans le contexte de la division de leur patrie, les Coréens qui résident au Japon se sont organisés en deux associations, la Chongryon et la Mindan, favorables respectivement à la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) et à la République de Corée (du Sud).

A la fin des années 1950, dans un contexte d'industrialisation rapide de la Corée du Nord au lendemain de la guerre de la Corée, de nombreux Coréens du Japon expriment leur souhait d'être rapatriés en République populaire démocratique de Corée. Le 11 août 1958, au sein de la Chongryon, les membres de la branche de Nagatome du chapitre de Kawasaki dans la préfecture de Kanagawa, ont exprimé leur souhait de revenir en Corée, en adressant une lettre en ce sens au Président Kim Il-sung. Comme l'a observé le président fondateur de la Chongryon, M. Han Duk-su (à droite, avec le Président Kim Il-sung, en 1988, source), "la question du rapatriement des Coréens du Japon n'était pas seulement la question des citoyens d'outre-mer d'un pays qui reviendraient simplement dans leur patrie, mais celle de l'élimination de l'humiliation et du malheur dans lequel les militaristes japonais avaient jeté le peuple coréen, et c'était une question importante, pour les Coréens du Japon, de pouvoir exercer leurs droits légitimes comme citoyens d'outre-mer d'un Etat souverain" (source : Han Duk-su, Juche Thought and Practice in the Expatriate Movement, Institute of Social Science, Korea University, Tokyo, Japan, 1991, pp. 173-174).

Dans un discours prononcé le 8 septembre 1958, à l'occasion du dixième anniversaire de la fondation de la RPD de Corée, le président Kim Il-sung a accueilli favorablement la demande des Coréens du Japon, formalisée lors du 16ème plénum élargi du comité central  de la Chongryon qui s'est réuni du 8 au 10 octobre 1958, en la considérant comme un "devoir national" pour la RPD de Corée qui fournirait les moyens matériels du retour et de l'installation en Corée. Il restait toutefois à lever les obstacles juridiques, notamment l'obtention d'un accord des autorités japonaises, alors que le Japon et la RPD de Corée n'ont pas de relations diplomatiques officielles, et que les autorités sud-coréennes mènèrent une violente campagne contre le rapatriement, relayée au Japon par la Mindan, jusqu'à tenter de s'opposer physiquement aux opérations de retour.

La Chongryon a alors initié une campagne nationale et internationale en faveur du retour en Corée : le 30 octobre 1958, appelé "jour pour exiger la rapatriation", plus de 73.000 Coréens du Japon se réunirent dans 586 lieux sur l'ensemble du territoire japonais, remettant leurs revendications aux autorités japonaises. La campagne fut relayée au Japon par des organisations non-coréennes, dans les médias et à l'étranger, notamment par la Croix-Rouge et l'Association internationale des juristes. Un accord de principe du gouvernement japonais fut donné le 13 février 1959. Mais face aux atermoiements, et à la campagne d'opposition des autorités sud-coréennes qui organisèrent une manifestation à Séoul, des rassemblements se tinrent à nouveau au Japon le 3 mars 1959. Les actions en faveur du rapatriement ont constitué, pendant plus d'un an, une des activités principales de la Chongryon. A elles seules, les manifestations menées du 18 septembre au 2 octobre 1959 ont réuni 250.000 personnes.

Les négociations concernant les modalités pratiques du rapatriement étant d'ordre humanitaires, elles incombèrent aux Croix-Rouges du Japon et de la RPD de Corée, qui signèrent un accord à Calcutta le 13 août 1959 puis éditèrent, le 3 septembre 1959, un guide pratique. Le 14 décembre 1959, le premier navire pour la RPD de Corée quitta le port japonais de Niigata, avec à son bord 975 rapatriés qui  arrivèrent dans le port de Chongjin le 16 décembre, avant d'être reçus par le Président Kim Il-sung le 8 janvier 1959. Depuis un demi-siècle, quelque 100.000 Coréens du Japon, parfois accompagnés d'un conjoint japonais, sont revenus en RPD de Corée, principalement entre 1959 et 1962. Conformément à la promesse du Président Kim Il-sung, ils ont bénéficié de conditions favorables d'accueil, dans l'exercice notamment de leurs droits au logement et à l'emploi.

Source : Han Duk-su, Juche Thought and Practice in the Expatriate Movement, Institute of Social Science, Korea University, Tokyo, Japan, 1991.





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6 février 2009 5 06 /02 /février /2009 18:28

Le 5 février 2009, l'Assemblée nationale sud-coréenne a reconnu le droit de vote aux 2,4 millions de citoyens de la République de Corée vivant à l'étranger à compter de 2012.  Une mise en conformité avec la Constitution, qui met fin à une atteinte aux droits civiques datant de l'époque du général Park Chung-hee.

Les 2,4 millions de Sud-Coréens expatriés pourront voter aux élections législatives et présidentielles de 2012 : telle est la conséquence d'un projet de loi adopté par le Gukhoe, l'Assemblée nationale sud-coréenne, le 5 février 2009, largement attendu après une décision en ce sens de la Cour constitutionnelle en juin 2007 (cf. photo ci-joint ; des citoyens coréens au Japon fêtant, le 29 juin 2007, la décision de la Cour constitutionnelle, source Hankyoreh Ilbo), puis un avis officiel adressé, en octobre 2008, par la Commission électorale nationale sud-coréenne à l'Assemblée nationale.


L'AAFC se félicite que soit ainsi mis fin à une atteinte aux droits civils qui datait du régime militaire autoritaire du général Park Chung-hee (1961-1979), lequel avait privé les Coréens d'outre-mer de leur droit de vote dans la crainte que leur poids politique ne lui fasse perdre l'élection présidentielle, même si d'autres arguments avaient évidemment été avancés - comme le fait que les Sud-Coréens à l'étranger ne paient pas d'impôts et ne soient pas soumis au service militaire obligatoire. Mais c'est oublier qu'ils contribuent au rayonnement économique, social et culturel de leur pays à l'étranger, dont ils sont les meilleurs ambassadeurs. La diaspora sud-coréenne - au moins 5 millions de personnes, dont 13.000 en France - est la cinquième plus nombreuse au monde.

L'enjeu politique est de taille : une première estimation basse, selon laquelle 2,4 millions de Sud-Coréens pourraient participer aux prochains scrutins nationaux (à l'exclusion des élections locales et des élections partielles), porterait la part de ces derniers dans le corps électoral (37,8 millions d'inscrits) à 6,3 %. De fait, tant le Grand parti national (au pouvoir) que l'opposition du Parti démocratique ont complété leurs réseaux à l'étranger pour s'attirer les suffrages de ces nouveaux électeurs. Des questions restent à trancher : le mode de représentation (par des sièges réservés aux Coréens d'outre-mer, comme c'est déjà le cas en République populaire démocratique de Corée, et qui pourraient être répartis au scrutin proportionnel), les modalités de vote et de campagne : si celui-ci sera effectué notamment dans les représentations diplomatiques à l'étranger, d'autres bureaux de vote seront-ils ouverts ? Enfin, dans quelles conditions se dérouleront la campagne électorale et l'envoi du matériel de vote ? Le vote électronique et le vote pas correspondance seront-ils autorisés ?

Sur toutes ces questions, l'AAFC invite les Sud-Coréens à s'inspirer des réponses apportées par notre pays aux quelque 2,3 millions de Français de l'étranger : s'ils seront représentés à partir de 2012 par des députés, ils disposent déjà, depuis 1946, d'une représentation au Sénat français. Contrairement aux Sud-Coréens à partir de 2012, les Français de l'étranger peuvent participer à tous les scrutins, y compris locaux, sous condition d'être inscrits sur les listes d'une commune. (Sources : AAFC, The Korea Times)

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