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Au lendemain de la guerre de Corée (1950-1953), le gouvernement sud-coréen a autorisé, et même encouragé, l'adoption d'enfants coréens par des couples étrangers, en très grande majorité occidentaux. S'il s'agissait d'abord de recueillir des enfants devenus orphelins suite à la mort de leurs parents, une "industrie de l'adoption" s'est ainsi mise en place, selon les termes du chercheur Tobias Hübinette, lui-même Suédois adopté d'origine coréenne. 

Le processus d'adoption a reçu le soutien des administrations sud-coréennes  : le service de placement des enfants, placé sous la tutelle du ministère de la santé et des affaires sociales, a été créé par un décret présidentiel du 20 janvier 1954. Des organisations sociales et philanthropiques, initialement occidentales, ont joué un rôle actif d'intermédiaires avec des couples occidentaux souhaitant adopter des enfants coréens. Le nom de famille du fondateur d'une de ces organisations, Harry Holt, fondamentaliste chrétien ayant ainsi souhaité accomplir les paroles de la Bible, désigne les Coréens adoptés en coréen.

Bien que la Corée du Sud soit devenu un pays hautement industrialisé, membre de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), l'adoption de nombreux enfants coréens par des couples occidentaux s'est poursuivie jusqu'à nos jours : selon les statistiques du ministère sud-coréen de la santé et de la protection sociale, 156.242 enfants coréens ont été adoptés entre 1953 et 2004. En 1989, le gouvernement sud-coréen a fixé à 1996 la date après laquelle il n'y aurait plus d'enfants coréens adoptés par des étrangers, avant de repousser cette date à 2015. Pendant plus de trente années, jusqu'au milieu des années 1990, la Corée du Sud a été le pays au monde dont étaient originaires le plus grand nombre d'enfants adoptés légalement par des couples étrangers.

En 2007, sur 2.652 enfants coréens adoptés, 1.264 l'ont été par des familles d'un autre pays que la Corée du Sud, dont 938 par des couples américains et 13 par des couples français. Les parents adoptifs doivent être âgés d'au moins 30 ans, et mariés depuis au moins 3 ans.

En l'espace de plus d'un demi-siècle, les motifs de l'adoption ont changé. Il ne s'agit aujourd'hui  que marginalement  d'orphelins : en majorité, ce sont des enfants issus de mariages extraconjuguaux dont la mère, trop jeune, ne dispose pas des ressources pour les élever, dans un pays dont la protection sociale est la moins développée de tous les Etats membres de l'OCDE.

Les deux tiers des couples étrangers ayant adopté des enfants coréens sont Américains. En Europe, la France est le pays comptant le plus grand nombre d'adoptés coréens, soit 11.090 enfants adoptés fin 2004 selon les statistiques du ministère sud-coréen de la santé et de la protection sociale. Les premières adoptions légales par des couples français ont commencé en 1968. Elles ont été les plus nombreuses dans les années 1980.

Ces enfants adoptés représentent aujourd'hui une part importante (les deux cinquièmes) de la population française coréenne ou d'origine coréenne, estimée au total à 28.000 personnes.  L'association "
Racines coréennes" regroupe les Français adoptés d'origine coréenne. 

Sources :
- Tobias Hübinette, Comforting an orphaned nation. Representations of International Adoption and Adopted Koreans in Korean Popular Culture, collection "Korean Studies" (n° 32), Jimoondang, Séoul, 2006. ISBN 89-88095-95-2.

- Association
Coeur Adoption

Lire aussi :
"Une vie toute neuve", au cinéma dijonnais L'Eldorado (film franco - sud-coréen sur une histoire d'adoption d'un enfant coréen)

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