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5 novembre 2008 3 05 /11 /novembre /2008 13:20

Selon les enquêtes d'opinion conduites dans un ensemble de pays, l'élection de Barack Obama à la présidence des Etats-Unis, le mardi 4 novembre 2008, était souhaitée par l'écrasante majorité des opinions publiques du reste du monde, dans l'espoir notamment de relations moins conflictuelles avec l'hyper-puissance américaine. Dans l'attente des décisions que prendra la nouvelle administration démocrate, l'Association d'amitié franco-coréenne a souhaité rappeler les enjeux diplomatiques de la présidence américaine pour la péninsule coréenne.

L'élection de Barack Obama marquera-t-elle une rupture avec la diplomatie de George W. Bush en Corée ? Pour répondre à cette question, encore faut-il pouvoir identifier une ligne diplomatique claire de Washington vis-à-vis, notamment, de la République populaire démocratique de Corée (RPDC, Corée du Nord) pendant les huit années de la présidence Bush. Or l'administration américaine sortante a opéré une volte-face en 2007.

Rappel historique : entre 2000 et 2007, 7 ans de perdus dans les négociations américano - nord-coréennes

En octobre 2000, à la fin de la présidence de William Clinton, la visite à Pyongyang de la secrétaire d'Etat américaine Madeleine Albright semblait alors ouvrir la voie à l'établissement prochain de relations diplomatiques entre les Etats-Unis d'Amérique et la RPDC, sur la base du dialogue. Mais l'élection de George W. Bush quelques semaines plus tard avait mis fin aux espoirs d'une solution négociée en Corée, qui aurait également comporté l'établissement d'un traité de paix en lieu et place de l'accord d'armistice qui perdure depuis la fin de la guerre de Corée en 1953, ainsi que des garanties économiques et de sécurité pour Pyongyang en contrepartie de son renoncement à l'arme nucléaire.

Les attentats du 11 septembre 2001 avaient en effet conduit George W. Bush à classer la RPDC parmi les pays de "l'axe du mal" et à choisir la voie de la confrontation avec Pyongyang. L'essai nucléaire nord-coréen d'octobre 2006 avait signé la faillite de cette politique d'affrontement : l'accord multilatéral sur la dénucléarisation de la RPDC, conclu à Pékin le 13 février 2007, marquait le retour à la négociation, dans un volte-face surprenant d'une administration Bush en fin de mandat, à la recherche d'un succès diplomatique qui aurait fait oublier les échecs diplomatiques en Irak et au Proche-Orient.

Compte tenu de ces éléments, l'enjeu de l'élection présidentielle américaine de novembre 2008 pour la RPDC était d'abord de savoir si Washington poursuivrait, ou non, le dialogue avec Pyongyang. S'appuyant sur les franges les plus conservatrices du Parti républicain, John McCain avait vivement critiqué le régime de la RPDC et dénoncé le changement de cap de l'administration Bush, alors qu'au contraire Barack Obama avait salué le
retrait récent de Pyongyang de la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme comme un pas nécessaire dans la résolution du contentieux nucléaire américano - nord-coréen. La nouvelle administration démocrate devrait  toutefois s'intéresser également à d'autres thèmes que les armes nucléaires, comme les droits de l'homme.

En tout état de cause, les déclarations du nouveau chef de l'Etat américain, prêt à rencontrer les dirigeants d'Etats que George W. Bush avait pour sa part qualifiés de "voyous", laisse à penser que les négociations se poursuivront entre Washington et Pyongyang, jusqu'au
probable établissement, à terme, de relations diplomatiques. Avant cette étape, il peut être envisagé l'ouverture d'une représentation diplomatique américaine à Pyongyang, dont la forme (un bureau de liaison ? une délégation générale ?) dépendra des progrès du dialogue bilatéral.

Une nouvelle administration démocrate, moins perméable aux manipulations orchestrées par les néoconservateurs

Un autre élément encourageant pour les partisans du dialogue est le parcours et l'entourage du nouveau vice-président, Joe Biden, président de la commission des affaires étrangères du Sénat. Frank Jannuzzi, ancien collaborateur de Joe Biden, devrait ainsi remplacer Christopher Hill dans les négociations avec Pyongyang.

L'arrivée de nouveaux responsables connaissant le dossier nord-coréen, et non soumis aux pressions des néoconservateurs hostiles à toute négociation avec Pyongyang, rend moins faciles de nouvelles manipulations de l'opinion publique sur la RPDC.

En février 2007, l'audition par le Congrès américain du responsable des renseignements américains en Corée du Nord, M. Joseph deTrani, avait ainsi mis en doute l'existence d'un programme clandestin d'enrichissement de l'uranium par Pyongyang, comme l'en avait accusée Washington, et qui avait été à l'origine du retrait de la RPDC de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). David Albright, président de l'Institut pour la science et la sécurité internationale (ISSI) et ancien inspecteur de l'ONU, avait alors fait la comparaison avec les informations des services de renseignements américains sur l'Irak, à la veille du conflit, selon lesquelles l'Irak détenait des armes de destruction massives. 

D'autres manipulations des médias s'agissant de la Corée du Nord et s'appuyant sur les services américains, par exemple en ce qui concerne les
accusations de fabrication de fausse monnaie,  ont également été démontées par des journalistes indépendants.

Séoul-Washington : poursuite de la politique de ratification de l'accord de libre-échange

S'agissant de la Corée du Sud, la nouvelle administration démocrate n'a jamais envisagé le retrait des quelque 30.000 soldats américains, ni une remise une cause des liens militaires privilégiés noués, dans ce cadre, entre Séoul et Washington.

En revanche, une plus grande ouverture est attendue pour la
ratification de l'accord de libre-échange entre les deux pays, en prenant en compte l'importance des manifestations en Corée contre la reprise des importations de boeuf américain, malgré les risques sanitaires liés à la crise de la "vache folle". Mais Barack Obama reste fondamentalement un partisan du libre -échange, favorable à la ratification de l'accord entre Washington et Séoul par le Congrès américain.

Conclusion : une administration américaine plus prévisible ?

C'est au pied du mur qu'on reconnaît le maçon. L'hypothèque McCain ayant été levée, il reste maintenant à Barack Obama et à son équipe de savoir s'ils veulent, ou non, accélérer le processus de réintégration de la RPDC sur la scène internationale, alors que les républicains restaient soumis à la pression des néoconservateurs hostiles à toute solution négociée. Ce sont en effet les tensions internes au camp républicain qui peuvent expliquer les
fréquents changements de cap de George W. Bush, y compris dans la phase de négociations ouverte par l'accord de Pékin du 13 février 2007. (Sources : AAFC, Korea Times)

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