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7 octobre 2008 2 07 /10 /octobre /2008 13:45

La vie quotidienne en République populaire démocratique de Corée (RPD de Corée, Corée du Nord) suscite peu d'intérêt des grands médias occidentaux en elle-même : la société nord-coréenne est pourtant l'héritage de cinq mille ans d'histoire nationale coréenne, tout en ayant été façonnée par l'édification d'une société socialiste depuis 1945. Les réformes économiques ont ensuite modifié son organisation traditionnelle. Ce sont ces différents aspects auxquels s'est intéressée la délégation franco-belge de l'AAFC et de Korea-is-One lors de son voyage en Corée en septembre 2008.

L'individu et la collectivité

La société coréenne, empreinte de tradition confucéenne, est historiquement marquée par une importance particulière attachée à la collectivité, qui prime sur l'individu. Cet aspect culturel coréen, conforté par la création d'une société socialiste au nord de la péninsule depuis 1945, est notamment à l'origine d'une des manifestations les plus spectaculaires de la création artistique nord-coréenne, les mouvements d'ensemble (appelés aussi spectacles de gymnastique de masse). A cet égard, le spectacle grandiose organisé à l'occasion du soixantième anniversaire de la fondation de la RPD de Corée, le 9 septembre 2008, a été indéniablement l'un des points forts du voyage de la délégation franco-belge de l'AAFC et de Korea-is-One dans ce pays.

 



L'insertion de l'individu coréen dans un ensemble de cercles d'appartenance (la nation, l'entreprise et l'école) se manifeste déjà par l'importance des liens familiaux, réaffirmée lors des fêtes traditionnelles. A cet égard, chuseok, la fête des moissons, a lieu le quinzième jour du huitième mois lunaire. La fête des moissons est célébrée le jour même, la veille et le lendemain. A cette occasion, les Coréens se rendent sur les tombeaux de leurs ancêtres, comme la délégation franco-belge a pu l'observer au cimetière des patriotes martyrs. Jusqu'à quatre générations honorent alors leurs ancêtres, depuis les enfants jusqu'aux personnes âgées qui sont très respectées en Corée : en effet, la langue coréenne elle-même - dans sa grammaire et son vocabulaire - prévoit plusieurs façons de s'adresser aux autres, suivant un système de respect des plus anciens. La vitalité de la célébration de chuseok en RPD de Corée montre l'attention du gouvernement nord-coréen à inscrire la construction d'une société socialiste dans le respect des liens familiaux traditionnels, tout en corrigeant certains aspects - par exemple, par la promulgation dès 1946 d'une loi sur l'égalité des hommes et des femmes.

 


Les loisirs : sport et culture de masse

Dans ce contexte, les loisirs sont d'abord collectifs, en tenant compte des talents individuels de chacun, repérés dès le plus jeune âge. La délégation franco-belge a ainsi pu visiter le Palais des enfants de Pyongyang, où sont formés les élèves les plus doués dans chaque discipline artistique ou sportive. D'autres Palais des enfants existent dans l'ensemble de la RPD de Corée.

 


La réussite des sportifs nord-coréens aux Jeux olympiques de Pékin (rapportées à la puissance économique de la RPD de Corée, les performances de ses athlètes lui valent la
médaille d'or de l'efficacité !) est la traduction logique de cet attachement à développer les capacités artistiques et sportives. A cet égard, la délégation franco-belge se réjouit d'avoir pu rencontrer les deux médaillées d'or nord-coréennes aux JO de Pékin.

 

 

La culture de RPD de Corée reste toutefois largement méconnue en Occident, alors même que des manifestations comme celles organisées à l'occasion du concert donné par l'Orchestre philharmonique de New York à Pyongyang, en février 2008, ont donné la pleine mesure du talent des artistes coréens. Le cinéma offre une illustration de cette ignorance de la culture coréenne. Tandis que la délégation franco-belge quittait la Corée au moment où s'ouvrait le festival international du film de Pyongyang, l'AAFC a rencontré des responsables de la société KORFILM, en charge notamment de la commercialisation des films nord-coréens, afin d'envisager concrètement les modalités d'une coopération bilatérale autour de l'échange d'oeuvres françaises et coréennes.

Une société organisée, où l'éducation et la santé sont gratuites

Plus que dans toute autres société socialiste, la vie des Coréens est organisée pour faire face aux différents aléas de l'existence, incluant une formation scolaire, obligatoire, universelle et gratuite, pendant une durée de onze années, et un système complet de protection sociale (assurance maladie et assurance vieillesse, le chômage étant inexistant). Les impôts individuels ont été abolis, mais les salaires eux-mêmes ne couvrent qu'une partie des besoins de base, puisque le système public de distribution fournit l'essentiel de l'alimentation, des vêtements et des biens de consommation.

La délégation franco-belge de l'AAFC a toutefois pu constater
l'impact des difficultés économiques auxquelles est confrontée la RPD de Corée depuis 1990 : si la santé est gratuite, le manque de médicaments est une difficulté réelle. De nombreux biens de consommation sont importés de l'étranger, en particulier de Chine, et les pénuries d'énergie justifient la volonté de développer les sources d'énergies alternatives, aussi bien éolienne que nucléaire.

Dans ce contexte, l'AAFC a choisi de
renforcer tout particulièrement le système éducatif. Si 99% de la population est alphabétisée en RPD de Corée, le besoin de matériaux pédagogiques a justifié un don d'une valeur totale de 1.600 euros, remis en septembre 2008 à l'école secondaire n° 1 de Moranbong, avec laquelle est jumelée l'AAFC, pour l'achat notamment de matériel audio destiné à faciliter l'apprentissage des langues étrangères, ainsi que de matériel informatique. Cette action a été possible grâce à une campagne de solidarité : l'AAFC remercie toutes celles et tous ceux qui y ont participé.

Conclusion : quelle société coréenne à l'ère de la politique de songun ?

Pendant la "dure marche" des années 1990, la RPD de Corée a développé, sous l'impulsion du dirigeant Kim Jong-il, la politique de songun qui donne la priorité aux affaires militaires, dans un contexte où la disparition du bloc socialiste et la politique agressive des Etats-Unis, illustrée aujourd'hui encore par la guerre d'Irak, a justifié l'attention primordiale consacrée au maintien de la souveraineté nationale par une armée forte. L'accès de la RPD de Corée au club des puissances nucléaires, en octobre 2006, s'inscrit dans le cadre de cette politique d'autodéfense et d'une dissuasion "du faible au fort", compte tenu de la
superpuissance militaire américaine avec laquelle ne peut pas rivaliser l'armée nord-coréenne.

Quelles ont été les conséquences sur la société coréenne ? Si l'armée joue indéniablement un rôle de premier plan, en étant - à l'instar d'autres pays, comme Cuba et la Chine - à l'origine de nombreux grands travaux exercés par des travailleurs civils dans les pays occidentaux, l'émergence de marchés privés indépendants a créé un pôle économique privé. Les Nord-Coréens ont appris à compter aussi sur eux-mêmes, dans un contexte de retrait de la puissance publique, ce qui n'est pas non plus sans poser la question du nécessaire rétablissement des liens de solidarité sociale et nationale.

 

Photos :  Alain Noguès, AAFC

Voir aussi l'album du  voyage de septembre 2008

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